Tartare à la carte

Persona 3 Reload est le remake d'un RPG auquel je n'avais pas initialement joué, tiré d'une saga dont je ne connaissais que le nom. Voilà, c'est dit, je défausse mon Excuse : ne vous attendez pas à un comparatif entre l'ancienne et la nouvelle version car ce sont en effet mes tous premiers pas dans cet univers. Et le jeu avait tout pour me plaire, au vu de son mélange entre combats au tour par tour, son aspect narratif et sa partie de gestion façon dating sim. Avec tous ces atouts en main, cette fusion est-elle alors réussie ?

❤ Il y a bien une chose à laquelle j'étais déjà familière avec l'univers de Persona, c'est son identité visuelle très reconnaissable. Les modèles 3D retravaillés pour ce remaster sont vraiment propres et offrent des animations de combat fluides et dynamiques. Le mouvement des sprites rend également les dialogues plus vivants . Aussi, le design du bestiaire et des différentes Persona est varié et s'inspire beaucoup de figures mythologiques et médiatiques connues, ce qui les rend d'autant plus marquants. Les décors ne sont pas en reste ; les différents endroits à visiter sont plutôt fournis dans l'ensemble et évoluent au fil de la progression de l'histoire, reflétant les changements progressifs de ce monde.

❤ L'histoire peut sembler un peu clichée avec ses airs de shonen, transpirant la force de l'amitié et l'héroïsme naissant de son personnage principal, mais elle promet malgré tout de nombreux moments épiques et même assez émouvants. En effet, malgré son aspect tout coloré, le jeu aborde des thématiques assez sombres et ne cherche pas à nous épargner. A vraie dire, avec sa mécanique de vivre littéralement au jour le jour pendant 4 saisons, il s'installe une sorte de routine relaxante où la violence peut nous éclater à la figure d'un coup sec. Et après avoir vécu une année entière plongés dans ce monde, le jeu nous offre un final à la fois satisfaisant et riche en émotion.

❤ En parlant de cliché, les personnages principaux sont tous des stéréotypes sur pattes (le héros cool mystérieux, le meilleur ami sidekick, la fille populaire au caractère trempé, la mascotte etc...) et pourtant, ils en deviennent extrêmement attachants et mémorables car tous, sans exception, évoluent aux côtés du MC et chacun apportent une énergie particulière à ce petit groupe soudé pour le meilleur et pour le pire. Mais cette dimension sociale ne se limite pas qu'aux membres du SEES. Le lycée et la ville regorge de personnages secondaires avec leurs propres arcs, mais également d'habitants qui auront une progression narrative si on prend le temps d'explorer et de bavarder avec notre environnement (et offrant des histoires très funs à suivre comme le couple qui se stalke mutuellement ou l'enfant et le chat).

❤ Une autre grosse réussite de ce volet est son excellente bande-son avec ses musiques énergiques et jazzy qui vous suivent tout le long du jeu et ne lassent jamais, même après 100 heures de boucle ! Les "Baby baby baby" hanteront vos nuits à coup sûr. Je tiens également à mettre en avant le casting japonais incroyable avec que des grosses pointures du doublage (Akira Ishida, Maaya Sakamoto, Megumi Ogata etc...) et qui incarnent leurs personnages à la perfection.

❤ Le système de combat est terriblement efficace ; chaque personnage a ses propres spécificités apportant un brin de tactique lors de la composition du groupe. De plus, au lieu de proposer un tour par tour banal, on va pouvoir jongler entre nos personnages dès lors que l'on affaiblit l'ennemi avec une attaque, histoire de dynamiser encore plus la synergie du groupe. Ajoutez à cela des attaques spéciales grâce à la Théurgie, et vous obtiendrez des confrontations toutes épiques. Aussi, la gestion de vos Personas auront une importance certaine pour les conditions de victoire avec une option de fusion qui va devenir franchement addictive, en poussant le joueur à expérimenter sans cesse de nouvelles combinaisons pour créer de nouvelles Personas et maximiser leur potentiel. Comme l'a dit une fameuse franchise : "Attrapez les tous !"

+/- Bien que ces affrontements de monstres soient jouissifs, les phases de donjon dans le Tartarus ne sont pas toujours les moments les plus passionnants du jeu. Alors oui, il y a beaucoup à looter et les décors et les mécanismes évoluent légèrement au fur et à mesure, mais après plusieurs heures, on ressent vite une certaine lassitude à explorer ces étages car au final, la structure reste basiquement la même.

+/- Afin de renforcer le pouvoir de nos cartes, notre MC va interagir avec divers personnages, tous associés à un symbole du tarot. La gestion de notre temps chaque jour va donc prendre une place importante, puisque nous devons aussi augmenter nos propres stats personnelles (charme, intelligence, courage) afin de débloquer de nouvelles interactions cachées. Le hic, c'est que toutes ces histoires ne sont pas très intéressantes ; certaines seront vraiment touchantes ou drôles quand au contraire, quelques unes n'auront aucun intérêt et seront jouées seulement par obligation pour débloquer certaines Personas spéciales.

✖ Si l'histoire est bien menée dans l'ensemble, les twists étaient quand même très prévisibles. J'aurais aimé être un peu plus surprise, même si j'ai apprécié l'expérience dans sa globalité.

✖ Les cinématiques en 2D ne sont pas au même niveau que celles en 3D avec un chara-design un peu moins bien travaillé à mon goût.

✖ J'ai aimé être confrontée à du challenge face à certains boss ou même la faucheuse qui m'aura pris plusieurs essais pour y arriver (mode "normal" pour moi).... mais le boss ultime du passage de Monad est extrêmement frustrant car cela demande une combinaison de conditions spécifiques, qu'il est en fait impossible de deviner par soi-même car aucune indication n'est donnée (une recherche internet s'est imposée à moi).

✖ Appelez moi rabat joie si vous le voulez, mais le choix des costumes optionnels à récolter sont très discutables étant donné que les filles auront le droit à des bikinis, sous-vêtements et autres vêtements très sexualisés.... on aurait pu franchement s'en passer, surtout que les personnages masculins ne sont pas soumis au même traitement.

Cette nouvelle édition de Persona aura été pour moi une excellente porte d'entrée pour cette franchise avec un tirage presque parfait, puisque ses différents mélanges de gameplay m'auront happée sans difficultés pendant plusieurs heures, malgré ses phases redondantes inévitables. Mais ce train-train quotidien est également porteur du message principal du jeu ; le temps est une main de cartes, précieuse et éphémère. Profitez de chaque moment, tissez des liens, testez de nouvelles expériences, car avant même que vous vous en rendez compte, les mois passent...et la partie prend fin.