Je pense qu'il est important de poser les bases dès le début de cette critique pour bien cerner toutes les forces de Persona 5 :
Quels que soient vos goûts en matière de jeux vidéo, Persona 5 est un jeu exceptionnel.
Pour les vieux fans de Megaten, aigris par la direction qu'a pris la série en général, Persona 5 remet les idées en ordre et n'oublie pas ses origines. Techniquement dans un premier temps, P5 est à la génération actuelle de consoles ce que SMT3 fut à l'époque : le début d'une nouvelle ère, avec des démons entièrement modélisés et remis au goût du jour, où les designs de Kaneko (toujours emprisonné dans le sous-sol des bureaux d'Atlus apparemment) peuvent être appréciés à leur entière valeur, et où chaque petit détail de chaque démon apparait, renforçant ainsi toutes les inspirations mythologies et occultes du bestiaire que l'on connaît maintenant bien.
Dans un second temps vient la direction artistique du jeu, parfaitement maîtrisée, mature et sans aucune faute de goût dans le traitement des thèmes abordés. Persona 5 traite de la condition humaine d'aujourd'hui à travers les yeux de jeunes adolescents désabusés ayant soif de vengeance et d'aventures, cernant ainsi plutôt bien la jeunesse actuelle. Ce qui est un peu la raison initiale de la création de Persona : aborder des thèmes un peu plus contemporains et plus réalistes (toutes proportions gardées) que la série mère ou les autres spin-offs.
Enfin, le mode Hard présente un réel challenge et impose une gestion des ressources extrêmement stricte au début, où chaque action est millimétrée et le moindre faux pas peut mener à la mort. Le jeu s'adoucit au fur et à mesure, mais c'est plus grâce aux options plus larges qui s'offrent à nous que par réel relâchement. Une difficulté parfaite en somme.
Pour les fans ayant découvert la série avec Persona ou ceux qui ne jurent que par Persona 4, le jeu propose tout ce qu'ils avaient aimé en plus raffiné. Les relations entre les personnages sont présentés avec plus de recul et plus de maturité, et en deviennent ainsi particulièrement plus attachants. Les Phantom Thieves s'unissent non pas parce qu'ils se retrouvent par hasard dans la même situation, mais parce qu'ils ressentent tous un besoin commun et viscéral d'agir et de faire face à une pression invisible, un ennemi sans visage qui nous emprisonne tous.
Les S.Links (ou Commu) font également leur retour et sont maintenant dénommés Coops, un changement de nom qui s'explique dans un premier temps par l'utilité accrue des relations qu'entretient le héro avec les divers personnages composant l'univers du jeu. Outre le bonus d'expérience lors des fusions déjà connu, chaque Coop débloque des options différentes permettant d'aider les Phantom Thieves, et ce à tous les niveaux du jeu : combats, exploration des donjons ou dans la vie de tous les jours.
Pour le reste, fans de JRPG ou pas, Persona 5 représente pour moi le nouveau standard du genre à atteindre et détrôner. Le système de combat est incroyablement intuitif en plus d'être de loin le plus dynamique du genre, et montre au monde que le tour par tour n'est pas mort et qu'il peut très bien évoluer et rester compétitif dans l'écosystème vidéoludique actuel. Dans une ère où le ton est bien plus mis sur l'action (ce qui n'est pas du tout une mauvaise chose), il est rafraîchissant de voir qu'Atlus arrive à briser les idées conçues et apporter un jeu qui marrie le meilleur des deux partis.
A cela j'ajouterai simplement la performance de l'ami Meguro, qui après un repos nécessaire et bien mérité arrive à se détacher de sa zone de confort, et nous offrir une OST aux sonorités acid jazz qui s'inscrit parfaitement dans l'univers. Aucune fausse note et des tracks parfois réellement surprenantes qui ne peuvent que faire plaisir à l'oreille. Il y a cependant un petit regret, et c'est le manque de diversité de la bande-son à certains moments pour un jeu de cette ampleur, mais honnêtement il vaut mieux une OST parfaite manquant un peu de variété qu'une bande-son fleuve sans saveur.
Bref Persona 5 nous fait passer par une multitude d'émotions et offre une expérience grisante dont on ne ressort pas indemne. En un mot : exceptionnel.