Ah ! Persona 5, messie du J-RPG, GOTY 2017 pour beaucoup...
Alors que dire de ce jeu ? Si ce n’est qu’il a phagocyté le peu de mon temps libre pendant plus de la moitié de 2017 ?
Pour les curieux j’ai joué sur la version US, et oui la traduction m’a fait grincer les dents à certains moments. Mais heureusement le jeu offre le doublage en japonais (absolument nécessaire) et la majorité des textes sont doublés.
“Bon mon gars, si t’as passé presque 100h c’est que c’est trop bien, non ?”
Eh bien… Il faut raison garder cher interlocuteur imaginaire. Déjà je partais avec un à priori, mon expérience désastreuse avec Persona 3 PSP. 15h de jeu insoutenables, de personnages rigides et inintéressants, d’un jeu droit comme une flèche et chiant comme la mort et surtout son donjon avec UN SEUL niveau répété à l’infini, un système de jeu imperméable au possible pour qui n’a pas joué à Shin Megami Tensei dans sa vie, et 14h/15 de sbires en respawn infini tués en un coup, et de boss qui te tuent en un coup. FUN.
Dommage, ratage (comme dirait l’autre)
Eh bien Persona 5 m’a fait plus ou moins la même chose.
Je m’explique.
J’ai détesté “jouer" à Persona 5.
Si là maintenant, on me proposais de faire le jeu ou regarder son adaptation anime, j’hésiterais beaucoup.
Car au final qu’est-ce qui fait qu’on tient ces 90h+ de jeu : la direction artistique.
Oui Persona 5 pue la classe de tous les pores. Tellement que j’en suis totalement amoureux depuis que j’ai lancé le disque. Fanboyisme illogique poussé à l’extrême.
Cette palette de rouge et noir omniprésente est absolument hypnotique. La musique, sorte de jazz lounge avec des accents parfois rock, parfois electro est tellement reprise sur YouTube que je n’ai pas besoin d’un rajouter, elle est parfaite. Tout élément visuel dans le jeu est soigné au millimètre près, les menus respirent tellement la classe qu’ils en sont devenus un même.
Les personnages sont pour une fois bien plus travaillés que les horripilants tropes d’anime qu’on retrouve dans beaucoup de production japonaises (Danganronpa si tu m’écoutes). Leur personnalité reste crédible, surtout pour des lycéens. Et on prend énormément de plaisir à en découvrir plus sur chacun, même si évidemment ils ne sont pas tous égaux dans leur qualité d’écriture
(Haru, franchement tu sers à quoi ?).
L’histoire est même fort sympathique, l’univers unique mâtiné de vie lycéenne est toujours aux limites de la suspension d’incrédulité, mais ça passe.
Et c’est tout ce qu’il me fallait pour pousser jusqu’au bout. Déjà parce que jusqu’au-boutiste naturel que je suis, je ne laisse pas un jeu sans le terminer (dans 90% des cas, cf. Persona 3 plus haut), et puis surtout parce que je voulais absolument en savoir plus, passer plus de temps avec ces gens.
Voilà passons maintenant à la guillotine.
Persona est un horrible RPG. Les premières heures de “jeu” (j’entends au delà de lire des lignes de texte et mater des cinématiques) sont agréables, avec des nouvelles notions de gameplay qui apparaissent au fur et à mesure, plus cette interface au swag incroyable, qui ridiculise le reste du monde vidéoludique.
Mais sortons déjà l’éléphant de la salle : dans ce jeu tout le monde peut “mourir” (le KO classique du RPG) sauf le héros, sinon c’est Game Over direct. Donc vous allez amasser des objets de soin comme un monomaniaque, pour ne jamais les utiliser, ou très peu. Et après 30 min à 1h d’exploration dans un donjon, tomber sur un ennemi avec un sort basique d’insta-kill, qui tombe sur votre avatar, lancer de dé, boum mort, vous n’auriez rien pu faire, recommencez.
Moments de rage intense.
Rien que ça, j’ai eu envie de brise ce maudit jeu en deux et envoyer les morceaux en orbite. Cher développeur, dis-moi quelle était ton intention par ce système moisi ? Et vas-y parce que les Dark Souls, les Hollow Knight et autres jeux “difficiles” je les brise sans broncher. Mais ça, c’est juste de la punition au hasard, sans fondement et sans réel gain de difficulté pour le jeu. Je pense que ces gens doivent se nourrir de mes larmes de rage.
Et évidemment vous devez vous douter que des moments comme ça, j’en ai eu quelques uns. Que ce soit les insta-kills ou les “weak points” puisque chaque attaque sur point faible donne la possibilité de rejouer, pour vous comme pour les ennemis. Donc la possibilité d’infiniser ou se faire infiniser.
Bref, ensuite le système inchangé de Pokém… Persona est “nul à iech’ " comme dirait l’autre.
Vos potes ont une persona fixe, avec un “élément” fixe (feu, glace etc…) et simplement des skills qui se débloquent avec les level up. Un nombre de skills limités donc faut choisir au bout d’un moment. Niveau customisation on repassera.
Et la blague, vous ne débloquez la possibilité de swapper de membre pendant les combats que trèèèèès loin dans le jeu, et seulement si vous vous adonnez à une side-quest. Sinon c’est seulement dans les lieux de sauvegarde.
Le héros, lui peut avoir de multiples Persona, avec des capacités variées (et théoriquement chaque élément par ex). Ce qui a l’air cool sur le papier.
Sauf que deux problèmes : les Persona montent en niveau, mais cent fois moins vite que vous. Il faut donc passer par un système de sacrifice, 2 Persona (ou plus) à lourder pour en obtenir une meilleure. Sauf que, évidemment, les nouvelles Persona créées ne sont pas des évolutions logiques des anciennes. Ce n’est pas “tiens je vais sacrifier ce Roucool Lvl 9 pour mon Salamèche Lvl 7 et j’obtiendrai un Reptincel lvl10.”
Non non, c’est le random total, et vas-y pour comprendre ce que tu obtiens au début du jeu.
Sans compter que vous perdez les capacités et affinités des vos anciennes Persona.
D’où le dilemme de “est-ce que je garde ce sbire tout nul mais qui absorbe le feu dans ce donjon avec plein d’ennemis de feu, ou est-ce que j’en fais un nouveau monstre qui tape plus fort mais au risque de perdre ma protection ?”. On peut rappeler ses anciennes Persona, contre de la thune, alors que bon c’est le nerf de la guerre dans ce jeu… En clair, des heures de gestion de menu mal foutues, sans compter les noms des skills à coucher dehors (test Megami Tensei, la différence entre Marakukaja et Masukukaja, alors ?)
Second point, l’obtention des Persona, qui passe par la tchache. Ca a l’air cool sur le papier hein, il faut mettre au sol un ennemi (attaquer son point faible) et ensuite lancer une pokéba… tailler la bavette pardon. Et je crois que c’est là, que la mauvaise qualité de traduction se fait le plus sentir. La majorité des dialogues en questions-réponses sont à la limite du compréhensible, et l’effet de vos réponses est totalement imprévisible. De toute façon, tout est inutile car le duel se joue sur la 2e question et c’est tout. Vous pouvez répondre en random sur les autres, ça n’a aucune foutre incidence. Et comme ces dialogues sont générés aléatoirement, vous pourrez bien recommencer 10 fois, ce ne sera jamais le même foutu dialogue.
Une gestion terriblement pénible donc, pour un RPG c’est quand même le comble. Oubliez les possibilités de “build” puisque dans 30 min, les ennemis seront plus fort et votre roster inutile : tous à la guillotine !
Puis, la blague du jeu : les MPs ("SP" dans le jeu). Dans un jeu où il faut toujours chercher à toucher les points faibles des ennemis, on bourrine les sorts appropriés pour mettre les ennemis à terre et les finir avec une attaque groupée. Sauf que les items qui vous redonnent des MPs sont rares et/ou chers. Donc le jeu vous oblige à rentrer à la maison, quitter le donjon en cours pour vous “soigner”. Jusqu’à ce que vous trouviez qu’une side-quest d’un perso secondaire vous donne accès à des items qui remontent automatiquement vos MPs, et de garder les-dits items pendant les 2/3 restants du jeu.
Là aussi, les attaques groupées, les animations de fin de combat, si elles sont un plaisir des yeux au début. Après la 50ème en 5 minutes, il y a de quoi devenir dingue.
Bref j’ai détesté la partie jeu/RPG de Persona 5 parce qu’à chaque couloir, chaque donjon, j’ai eu l’impression qu’il me fallait un guide sur les genoux si je ne voulais pas y passer le reste de ma vie. Parce que les ennemis comme dans P3 étaient fadasses comme jamais à crever au premier tour, et les Boss peuvent vous tuer en un coup. Parce que si vous voulez extorquer de l’argent pour espérer peut-être acheter de l’équipement, alors vous ne gagnerez que la moitié d’XP. Et enfin parce que les-dits donjons sont passablement fades, allongés artificiellement, et que les commandes pour se la jouer Solid Snake répondent très mal, vous lockent dans un coin et souvent vous trahissent au pire moment.
Clairement quand le gameplay est la partie la plus faible, la plus horripilante du jeu, faites un anime le gars (et d’ailleurs c’est prévu).
Persona 5 façon visual novel m’emballerait encore plus que ce que j’ai eu dans les mains.
Dans ma liste des doléances, j’ai aussi pèle-mèle : le dernier tiers du scénario et le final totalement moisi, avec les méchants les plus clichés de l’univers (“hé, et si on se ré-expliquait l’un l’autre notre plan machiavélique et tout ce qu’on a fait dans les moindres détails avec des “bwa ha ha ha” dans une scène d’exposition destinée au joueur uniquement”), le fameux “mais en fait le grand méchant c’est pas qui tu pensais”
(spoiler c’est une putain de coupe, oui oui genre un trophée)
, la gestion du temps totalement random : je peux faire 10 fois l’aller retour Shibuya - Asakusa, c’est pas grave, mais si je fais une partie de Time Crisis à la salle d’arcade, l’aprem est déjà fini ! Et enfin une propension au bavardage inutile très inhérente aux jeux japonais, ce besoin constant de répéter la même chose encore et encore (tes potes qui t’envoient des texto tous les soirs à la même heure pour te rappeler la même chose jusqu’à la fin du chapitre).
Alors au final, que penser de Persona 5 ? Dois-je acheter Persona 5 ?
(Mer il et fou ! )
Persona 5 est un jeu exceptionnel. L’histoire se permet d’attaquer de front des thèmes crasseux, et pour du jeu japonais c’est cojones au maximum. Violence scolaire, violence policière, ségrégation, racisme, élitisme, corruption, prostitution, manipulation de la presse, élections truquées…
Mon passage préféré : le jeu parle d’un premier ministre qui gagne des élections à l’immense majorité mais qui se plaint de problèmes de santé qui “l’empêchent” d’exercer sa fonction, et les gens dans la rue compatissent. Wink Wink WINK (tu l’as vu mon clin d’oeil, hein hein ?)
Malgré son apparence pop, le jeu met les mains dans le cambouis de la société japonaise, souvent très intelligemment (Ann, Makoto, Mishima de très bon personnages), parfois un peu maladroit (certains moments WTF comme mettre un mineur en garde à vue, le violenter et même le droguer, qui ne font que peu réagir les personnages, bienvenue dans le système judiciaire japonais).
On n’est pas au niveau de Witcher pour la profondeur des personnages, leur crédibilité et l’impression de choix, mais on s’y approche souvent tant ils semblent véritablement humains.
Est-ce que je le conseillerais ? Évidemment.
Il FAUT jouer à Persona 5. Ne serait-ce que pour vous faire une idée sur ce que je viens de raconter.
C’est un jeu magnifique, à l’ambiance de folie. C’est aussi une des rares productions japonaises qui essaye de s’ancrer dans la réalité sans tomber dans l’abus de stéréotypes (coucou Danganronpa encore), qui construit des personnages crédibles aux réaction probables (j’insiste mais, vous avez joué à FFXIII/XV par ex ?), vous immerge sans sourciller dans un lycée japonais, et que bordel, le changement JR - Ginza line à Shibuya je l’ai fait tellement de fois, c’est tout pareil dans le jeu ! C’est vraiment Tokyo les gars !
Au final malgré tant de choses dont je me suis plaint, est-ce que j’en voudrais plus ? Evidemment, et P4 Golden me regarde d’un oeil attendri.
Et ça les enfants, on appelle ça le masochisme (va falloir me faire soigner).