Dans l'univers des jeux vidéo, il y a trois titres qui ont posé les fondations du RPG japonais sur console, influençant grandement les jeux ultérieurs du même genre : Dragon Quest d'abord, puis Final Fantasy et Phantasy Star sortis à peu près simultanément. Les trois titres ont développés leurs séries respectives, on connaît le phénoménal succès de la deuxième et la première reste encore assez populaire de nos jours, quant à la troisième... dire qu'elle est tombée dans l'oubli serait peut-être exagéré, mais elle n'a clairement pas connu le destin de ses deux homologues.
Pourtant, au départ, le premier Phantasy Star n'avait clairement pas à rougir face à ses concurrents : le RPG de Sega est bien plus beau et plus vaste que les autres RPG de l'époque. Et c'est là probablement l'un des grands points forts du jeu : son immensité. Pour un RPG sorti sur Master System en 1988, j'ai été plutôt étonné de voir à quel point le monde explorable est vaste. Non seulement, il est vaste, mais c'est tout un univers original, au croisement de la fantaisie et de la science fiction (avec des références à la mythologie antique), que l'on découvre. Un univers où l'on contrôle des héros singuliers, charismatiques et bien distincts les uns des autres.
Cet univers est d'autant mieux rendu que les graphismes étaient particulièrement bons pour l'époque et pour une console 8 bits. À certains égards, le jeu pourrait presque être comparable à un jeu 16 bits. Il est coloré, chaque ennemi a été soigneusement designé et animé et le bestiaire est très varié. Chaque combat se déroule sur un arrière plan qui lui aussi a été soigneusement designé (et parfois même animé) en fonction du lieu où l'affrontement survient. Par exemple, si vous vous promenez prêt de la mer, vous verrez le combat en bord de mer avec les vagues. Le design de certains ennemis et de certains arrière-plans est vraiment réussi, et je pourrais en donner maintes illustrations, comme affronter un horseman bleu dans une forêt enneigée par exemple. Le revers de cette médaille, c'est que même si vous affrontez plusieurs ennemis, seul un apparaîtra toujours à l'écran, ce qui est un peu dommage, bien que cela ne soit pas le plus gros défaut du jeu.
En dehors des phases d'explorations sur la carte et des quelques "cinématiques", le jeu entier se déroule à la première personne. Que ce soit les combats, les dialogues avec les personnages, les boutiques, les maisons, et bien sûr les donjons, qui sont au cœur du jeu. Visuellement, Phantasy Star avait impressionné à l'époque par ses donjons qui donnaient une sorte d'impression de 3D. Le rendu a plutôt bien vieilli, et est en tout cas bien supérieur à beaucoup de jeux de rôle ultérieurs, y compris sur des consoles 16 bits, qui utilisaient également ce point de vue. Par contre, comme on peut s'y attendre, le rendu visuel de tous les donjons est strictement identique, mis à part la couleur. Non seulement de tous les donjons, mais de tous les lieux où vous pouvez vous trouver dans le donjon, lequel est généralement un labyrinthe très complexe sur plusieurs étages. Ainsi, il est impossible, à moins d'être pourvu d'un cerveau exceptionnel, de réussir les donjons sans un plan de ceux-ci. Voici donc mon conseil : à moins que vous jouiez à un remake moderne où une carte a été intégrée, ou à moins que vous jouiez avec une soluce, munissez-vous d'un cahier à petit carreau pour jouer à Phantasy Star, car vous ne pourrez pas vous y retrouver sans cartes. Et ne croyez pas que seules quelques pages suffiront. Ce cahier pourra en outre vous servir à noter les précieux indices de certains personnages qui se trouvent dans les villages, et il pourra même vous servir si vous décider de jouer à Phantasy Star 2. Le fait de devoir se munir de papier et de crayon est-il un défaut ? Oui et non. C'est à la fois contraignant et satisfaisant à la fin, il faut le savoir à l'avance, et comme il s'agit d'un vieux titre, on sait que l'approche de ce type de jeu était sensiblement différente à l'époque. De la même manière, le manuel d'instruction vous sera extrêmement utile : je me suis aperçu en jouant que j'avais extrêmement bien fait d'acheter une version complète avec la notice, car cette dernière me fut d'une grande aide.
Sinon, Phantasy Star est un RPG japonais classique dans son système de jeu, dans sa structure et son déroulement, et pour cause puisque comme je le disais au début, c'est un des titres qui posé les bases du genre. Mais par voie de conséquence, inévitablement, il est assez archaïque à cet égard et a vieilli dans son gameplay. Les combats sont hélas assez répétitifs et limités dans leur possibilités stratégiques. Par exemple, et c'est l'un des gros défaut du jeu, lorsque vous affrontez plusieurs ennemis, il est impossible de choisir lequel vous souhaitez attaquer, cela se fait aléatoirement. De façon générale, le caractère rudimentaire du système de combat est probablement le plus gros défaut du jeu, car il y aura énormément de combats (ne serait-ce que pour augmenter les capacités de nos personnage). C'est là, ce me semble, que l'âge du jeu se fait sentir.
En revanche, le jeu a l'avantage de ne pas être trop linéaire : beaucoup de choses peuvent se faire dans un ordre optionnel. Et la durée de vie est très bonne pour l'époque. C'est un jeu difficile, comme beaucoup de titres de l'époque, mais il est, pour l'essentiel, faisable sans soluce, si vous comprenez bien qu'il faut explorer partout et parler à tous les personnages. Je dis bien "pour l'essentiel", car il y a deux petites mécaniques de jeu que je n'avais pas compris et qui m'ont longuement bloqué vers la fin, jusqu'à ce que je me résigne à consulter Internet pour me décoincer. (Et en effet, je pense que je n'aurais probablement jamais trouvé par moi-même.)
Voici les deux choses que je n'avais pas compris : 1° Je ne savais pas que la magie "Trap" de Myau permettait de boucher les trous ; 2° Je n'aurais peut-être jamais trouvé les portes cachées qui apparaissent lorsqu'on se tourne vers un mur. (Pour le reste, j'ai juste été bloqué pour n'avoir pas assez bien exploré un donjon de fond en comble).
Les musiques (je parle des musiques de la version occidentale, car les musiques de la version japonaise sont un peu différentes) sont un bon point du jeu. Une fois encore, nous sommes sur une console 8 bits avec les limites que cela implique, mais certaines pistes m'ont vraiment marqué, comme par exemple la deuxième musique des donjons. Quant aux bruitages, je les ai trouvé vraiment réussis dans l'ensemble, il y a certes quelques bizarreries, mais on ressent bien l'impact lorsqu'on frappe.
Pour son époque, Phantasy Star est un jeu assez riche. Bien que certains aspects du gameplay souffrent des années et qu'il soit assez répétitif, ce jeu est assez captivant et vous marquera certainement. Lorsqu'on commence à progresser et que l'on est vraiment entré dans le jeu, on a envie de continuer à découvrir et d'aller jusqu'au bout, on est immergé dans cet univers et dans cette intrigue. Et peut-être aurez-vous envie de jouer à Phantasy Star 2 ? Pour ma part en tout cas, j'avais vraiment hâte de voir ce que la suite me réservait. Mais ça, c'est une autre histoire.