Phantom of Inferno
7.9
Phantom of Inferno

Jeu de Nitroplus (2000PC)

A mon humble avis, Phantom of Inferno est un titre qui gagnerait à être plus souvent mentionné – ne serait-ce déjà que parce qu’il s’agit du premier VN produit par Nitroplus (pour lesquels j’ai une certaine affection), mais surtout car il s’agit de la toute première œuvre de Gen Urobuchi, scénariste que l’on ne présente plus aux amateurs de japanim.
Et je ne parlerais même pas des deux (!) adaptations en anime auxquelles il a eu droit (parce que je ne les ai pas vue).
Pourtant, il m’aura fallu plusieurs mois de lectures laborieuses avant de finir le récit. Pas que ce soit mauvais, que du contraire - je vais y revenir plus en détail par la suite, mais j’ai trouvé le jeu globalement excellent. Non, ce qui m’aura retenu tant de temps, c’est la myriade de défauts techniques qui ont rendu l’expérience bien plus lourde qu’elle n'aurait du être.

Mais je reviendrais sur tout ça plus tard. Pour l’heure, parlons un peu du scénario.

Phantom est le nom caractérisant l'assassin le plus performant d'Inferno, une organisation mafieuse de l'ouest des États-Unis. Le Phantom est considéré comme le meilleur sniper au monde, et son nom possède une réputation internationale.
Un jeune garçon se réveille totalement amnésique dans un ancien bâtiment industriel en compagnie d'une jeune fille, Ein, le Phantom, qui tente d'abord de le tuer pour tester ses capacités de combat, avant de l'entraîner comme assassin sous le nom de Zwei.

Sous ses abords basiques, l’intrigue de Phantom se révèle assez bien construite. Composée de 3 arcs successifs, elle se révèle surprenamment modulable, au point que deux good end peuvent être atteintes dés le deuxième arcs, sans qu’il y ait besoin de voir le dernier.
A ce titre, je tiens également à signaler la qualité des bad end (oui vous m’avez bien lu). Loin d’être les simples conséquences d‘un mauvais choix amenant le lecteur à une conclusion expédiée, elles sont écrites comme une alternative valable aux autres fins et bénéficient de l’attention nécessaire pour en avoir le poids.
(Et là je me rend compte que je prends tout le jeu à l’envers. Excusez).
Chaque arc présente une dynamique différente. Le premier a ainsi principalement un rôle d’exposition et d’établissement de l'ambiance général. Inutile je pense de vous le dire, mais la trame de Phantom est sombre. Le récit est initialement nappé dans un déterminisme absolu, les personnages principaux étant sans cesse présentés comme les jouets de forces absolue les emprisonnant dans ce milieux de la pègre qu’ils exercent. Pourtant le message poussé par l’œuvre est bien un de persévérance et de rébellion contre cette fatalité pour se construire véritablement en tant qu’individu.
Je parlais d'ambiance juste avant, mais Phantom évite fort heureusement un écueil commun à beaucoup de récits similaires, à savoir une uniformité de ton qui tend à rendre la lecture de plus en plus irritante. Je suis donc content de rapporter que le VN sait se doter de quelques scènes un peu plus légères, sans pour autant être dissonantes avec le reste.

Mais malgré tout, je trouve à l'écriture un défaut majeur. Avec le temps j'y suis habitué de la part de Urobuchi, mais le world building est maladroit pour ne pas dire médiocre, ce qui a tendance à sortir du récit quand on le remarque. Difficile en effet de croire en la toute puissance de Inferno lorsque la seule image qu'on en a est celle de trois clowns et une poignée de gardes du corps.

Pour ce qui est des embranchements, j’ai terminé trois des quatre routes et obtenu cinq des neuf fins disponibles.
Chaque route est affiliée à une héroïne : Ein, le premier Phantom et mentor du protagoniste ; Cal, une jeune orpheline recueille par Zwei après la mort de sa tutrice dans un accident lié à Inferno ; Mio, la fille d’un boss Yakuza qui a grandi en ignorant tout de la pègre ; et enfin Claudia, l’un des plus hauts membres de Inferno, qui prendra Zwei comme garde du corps.
La route de Claudia est la seule que je n’ai pas faite, la raison pour cela étant qu’elle s’arrête au deuxième arc alors que toutes les autres nécessitent de procéder jusqu'au troisième. Je reviendrais également sur les problèmes techniques qui rendent les replay frustrants.
Pour ce qui est des trois autres routes, ma préférence va pour celle de Ein - la mieux balancée des trois à mon avis - qui contient notamment un épilogue particulièrement bien écrit (avec même un peu d’animation pour bien faire !). Celle de Cal contient quelques scènes m’ayant déçues de part le traitement trop léger, et je ne suis pas fan de l’épilogue. Quant à Mio, je trouve le perso chiant - nuff’ said.

Alors depuis le début du post, je vous tease avec la partie technique, que je semble décrire comme le frein majeur à l’appréciation du VN.
Je ne vais pas repousser l’échéance plus longtemps. Ouai Phantom est presque ruiné par sa partie technique accumulant les gros WTF!!! des familles.
Bon déjà s’il fallait ne pointer le doigt que sur le défaut le plus emmerdant, se serait sans aucun doute le format utilisé qui remporterait la palme. Car oui, le visual novel a été officiellement traduit en 2003 par Hirameki International - un éditeur (disparut en 2008) qui se consacrait aux visual novel et dont il s’agissait du premier titre, ET MON DIEU QUE ÇA SE VOIT !

Au lieu de proposer la version PC du titre, ces zigotos sont allés chercher la version DVD VIDEO ! Si vous ne saisissez pas de suite l’horreur de cette information, cela signifie qu’il est nécessaire de sauvegarder en utilisant un système de mot de passe antédiluvien, qu’il est impossible de passer le texte (l’avance rapide fait planter le lecteur), et qu’il m’a fallu pas mal de recherche ne serait-ce que pour le faire fonctionner correctement car il n’arrêtait pas de frezze sous VLC.

Petite parenthèse : pour faire fonctionner le DVD, montez l’image avec Deamon Tool, puis lisez-la avec Power DVD.

Mais ce n’est pas tout - sinon j’aurais pu passer outre - mais il se trouve que la traduction est également l’une des plus bâclée qu’il m’est été donnée de voir. C’est bien simple, je refuse de croire qu’une seule âme ait tenté une relecture avant édition ! La quantité invraisemblable de fautes toutes plus créatives les unes que les autres est à ce point sidérante. Encore heureux que ça reste lisible, mais franchement même une fansub n’a pas autant de fautes (peut-être parce que même la pire team a au moins un mec au QC).
Mais tout n’est pas entièrement la faute de Hirameki, et je dois aussi dire que la qualité des arrières plans oscille entre médiocre et MES-YEUX!!!-JE-SUIS-AVEUGLE!!!. En cause, l’utilisation systématique de décors en 3D low-poly et de photographies mal retouchées.
Les sprites des persos sont par contre globalement de bonne qualité, de même que les CG présents en grand nombre.
Et pour terminer sur une note positive, le titre est entièrement doublé (même le narrateur!), avec un excellent travail de la part de tous les acteurs.

Petite anecdote : le jeu d’origine contenait des scènes H qui ont été retirées pour l’édition DVD. J’ai fait un petit tour sur le net pour voir ce qu’elles proposaient, et franchement on ne perd rien sans.

Franchement c’est un crime qu’une œuvre aussi intéressante et singulière que Phantom of Inferno ait eu droit à un tel traitement pour son arrivée en occident. Surtout lorsqu’on sait qu’un remake est sortit sur PC en 2013 et règle la quasi-totalité des problèmes que j’ai soulevé. Enfin tous, à l’exception de la traduction bien entendue puisqu’il n’y en a pas !
C'est à cause d'injustices comme ça que toutes les bonnes choses foutent le camp...
Dominus41
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le 28 janv. 2015

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Dominus41

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