Ace Attorney c’est un peu l’archétype du jeu très japonais : on est dans l’exagération émotionnelle permanente, les femmes sont des clichés sexistes ultra lourdingues, mais c’est très rigolo et franchement plus intelligent que ne le laisse supposer cet enrobage grossier.
Vraiment, dès le début, le jeu distribue des punchlines débiles un peu partout, tout en commençant à déployer son gameplay assez prenant qui mêle phases d’enquêtes et phases de tribunal. On rentre dans le vif de l’histoire assez vite, ce qui participe à rendre le jeu prenant immédiatement, malgré ses lourdeurs.
Les phases d’enquête sont conçues comme des point’n’click : on va chercher des indices sur les lieux du crime, on tire les vers du nez des témoins et autres protagonistes de l’affaire, bref c’est assez posé.
A l’opposé de ça, le tribunal est un visual novel bien excité, dans lequel le juge a un énorme biais contre vous, et où il va vous falloir du coup ferrailler sévère pour sauver les innocents qui vous sont confiés. Par contre ce biais, s’il sert le gameplay, peut être assez frustrant à vivre par moments : voir ce sale chauve boire les mots de l’accusation alors que moi il, me fallait une preuve en béton armé pour chacune de mes affirmations m’a donné envie de l’étrangler plus d’une fois !
Mais ces séances de tribunal ont un côté épique très réussi, renforcé par un chouette travail sur les sprites des personnages : les visages peuvent être tour-à-tour hautains, énervés, charmeurs, mais c’est surtout de voir le visage des vrais coupables se décomposer lorsque vous les mettrez à jour qui sera le plus plaisant. Bon par contre c’est un visual novel sans embranchements : l’histoire est sur des rails, et il vous faut « juste » trouver le moyen de la faire avancer dans la bonne direction.
Et le jeu alterne ainsi moments emportés et moments plus posés, et tisse le long de ses différents chapitres une histoire globale qui vous amènera de rebondissement en rebondissement, et qui trouvera son point d’orgue dans le dernier chapitre, concentré de tout ce que le jeu fait de mieux.
Alors pour être tout à fait franc, les phases d’enquêtes m’ont quand même régulièrement parues longuettes, à devoir fouiller le moindre recoin de plusieurs écrans fixes, mais il faut avouer que je n’ai jamais été très patient avec les point’n’click.
Mais dans l’ensemble ce Ace Attorney m’a beaucoup séduit et je l’ai trouvé très efficace malgré des ficelles très grosses et des rails parfois un peu trop visibles.
15/20
PS : Par contre la localisation est hyper bizarre, avec ses jeux de mots pourris et ses protagonistes à l’accent marseillais (!).