Un Phoenix assez peu révolutionnaire, mais toujours aussi efficace !
Avec un premier épisode réussi, Phoenix Wright a su imposer sa vision du métier d'avocat au sein du monde vidéoludique, en proposant une série d'affaires où vous devez prouver l’innocence de votre client. Mais en plus d'avoir réussi cette prouesse, le jeu peut se targuer d'avoir proposé avec succès le format du visual novel en Occident, pourtant peu répandu sous nos latitudes. Ainsi, Capcom tente évidemment de rééditer ce succès avec ce deuxième opus de la saga.
Est-ce que le studio va une nouvelle fois prouver qu'il propose le meilleur jeu de « simulation » d'avocat, ou bien passer par la case Prison après avoir fait une suite sans ambition ?
La Cour va de nouveau rendre son verdict !
Un nouveau départ ?
Une fois la première affaire lancée, le jeu commence par une petite cinématique d'introduction nous montrant Phoenix Wright faisant une petite sieste avant un procès et réveillé par un terrible cauchemar. Mais ses ennuis ne s'arrêtent pas là, puisque l'un des témoins de l'affaire va assommer notre avocat de la défense par un bon coup d'extincteur derrière le crâne, ce qui va lui causer une amnésie pile avant le procès. Nous retrouvons donc un Phoenix Wright amnésique qui va tenter de se sortir de ce pétrin, alors même qu'il a oublié les tenants et aboutissants de son affaire, et même les rouages du métier d'avocat.
Ainsi, cette première affaire sera une sorte de tutoriel où les nouveaux venus pourront apprendre comment se passe un procès et expliquer les mécanismes nécessaires pour déceler le vrai coupable.
Si l'initiative est appréciable, force est de constater que Capcom ne va pas au bout de son intention visant à aider les non-habitués à la saga. Il s'avère en effet que pour les autres affaires, les références scénaristiques sont légion et risquent de perdre facilement celui qui voulait s'initier à Phoenix Wright par cet opus. Il est donc davantage conseillé au nouveau venu de commencer par le premier épisode de la saga, afin d'avoir une compréhension optimale du récit de ce deuxième opus.
Par conséquent, le joueur ayant joué au premier Phoenix Wright va apprécier les nombreuses références faites à ce dernier jeu, même si parfois elles peuvent se révéler un peu lourdes. De plus, l'histoire se montre un peu moins prenante que celle narrée par le premier épisode qui proposait de nombreuses situations dramatiques, là où celle du second épisode ne plonge pas les principaux protagonistes dans les mêmes tourments. Ou du moins, elle le fait par moments, car elle sait tout de même se montrer efficace, notamment concernant le mystère qu'entoure l'un des personnages clés de la saga qui sera révélé dans une quatrième affaire riche en rebondissements et pleine de tension. Par contre, il est dommage de constater pas mal d'erreurs de traduction ou de petites fautes d'orthographes au sein de quelques dialogues, ce qui peut parfois nuire à l'immersion.
Enfin comme d'habitude, on retrouve également une galerie de personnages déjà connus ou nouveaux aux traits de caractère bien différents les uns des autres, ce qui n'est pas sans créer quelques scènes comiques toujours appréciables dans cette série.
Toujours une belle ambiance, votre Honneur !
Du point de vue des graphismes, peu de changements notables sont à signaler, si ce n'est quelques améliorations concernant les cinématiques qui se montrent un peu plus animées que dans le précédent épisode. A part ça, on retrouve toujours des décors fixes avec un personnage à l'écran (ou alors plusieurs qui se succèdent par fondus enchaînés), comme dans la grande tradition des visual novels japonais, s'animant par diverses expressions faciales ou par différentes gestuelles via une animation bien réussie. Ainsi, les décors sont toujours agréables à regarder et ont le mérite d'être assez variés. On retrouve par ailleurs le même jeu d'effets visuels pendant les procès qui rendent ces derniers réellement dynamiques. L'ensemble graphique est donc toujours aussi agréable à regarder.
Et que dire de cette bande-son toujours aussi marquante ! Comme dans le premier épisode, celle-ci est d'une grande qualité et vient ponctuer les différents moments de l'intrigue, afin de combler le silence quasi total des personnages, ces derniers étant toujours dénués de voix, sauf pour quelques phrases des différents avocats de la défense ou de l'accusation. C'est donc avec un plaisir non dissimulé que l'on écoute des musiques toujours aussi réussies et variant selon les situations rencontrées. A l'instar du second épisode, on a donc le droit à des musiques tantôt entraînantes, tantôt pesantes, tantôt enjouées, etc... Ces compositions musicales sont même parfois des versions différentes de musiques déjà entendues dans le premier épisode de Phoenix Wright, voire les mêmes versions réutilisées dans cet épisode, comme si elles étaient là pour faire un clin d’œil au joueur aguerri. Mais ce n'est pas pour autant que les musiques sont identiques d'un épisode à l'autre, au contraire celles du deuxième opus ont une identité propre et forment un tout réellement différent, même si quelques musiques sont reprises du premier Phoenix Wright.
L'avocat/enquêteur est de retour, mais avec quelques nouveautés !
Pour ce qui est du gameplay, le joueur rodé avec le premier épisode retrouvera rapidement ses marques, puisque le déroulement des affaires est quasiment le même. Pour ceux qui ne connaissent pas encore les mécanismes du gameplay de Phoenix Wright (et qui n'ont pas envie de lire le test du premier Phoenix Wright rédigé par le même auteur !), revenons brièvement sur ce gameplay.
Le jeu se divise en deux phases, la première étant celle d'enquête (sauf pour la première affaire qui vous plonge directement dans le procès) qui sera là pour vous permettre de trouver les pièces à conviction nécessaires pour établir l'innocence de votre client et de rétablir la vérité sur les faits de l'affaire. Pour cela, vous pouvez examiner les différents lieux que vous serez amenés à visiter, vous déplacer d'un lieu à l'autre, et dans le cas où une personne se trouve en face de vous, il sera possible de discuter avec elle de sujets plus ou moins liés à l'affaire ou de lui montrer des pièces à conviction ou bien un profil d'une personne concernée par l'affaire, ce qui constitue une nouveauté car il était uniquement possible de montrer des pièces à conviction dans le premier opus. Mais une autre nouveauté vient s'ajouter à cette phase d'enquête et vous sera proposé au cours de la seconde affaire. Celle-ci passe par l'utilisation du Magatama, un artefact qui vous permettra de déduire que votre interlocuteur vous ment ou cache quelque chose à propos d'un sujet bien précis par la révélation de verrous-psychés. Et pour révéler au grand jour ce mystère, il vous faudra briser ces verrous en présentant des pièces à convictions ou des profils qui s'avèreront décisifs pour découvrir la vérité. Mais il vous faudra faire attention, car la moindre erreur dans la présentation de ces éléments vous enlèvera une partie de ce que l'on pourrait appeler votre barre de vie. Mieux vaut être sûr d'avoir tous les éléments en main pour découvrir ce que cache un personnage, sous peine d'être grandement pénalisé par la suite, puisque cette même barre de vie se videra encore si vous commettez des erreurs pendant le procès. Pour autant, la réussite dans l'ouverture des verrous-psychés vous permettra de remplir votre jauge de vie.
Une fois que vous aurez appris le maximum de choses possibles sur les lieux et les protagonistes de l'affaire, le procès va pouvoir débuter. Ici, pas de nouveautés pour l'habitué de la saga, si ce n'est qu'il pourra présenter les profils des personnages, comme durant l'enquête. Mis à part cela, le déroulement du procès est le même : un témoin va raconter sa version des faits ou d'un événement relatif à l'affaire, et il vous faudra déjouer les failles dans son témoignage via le contre-interrogatoire. Pour cela, vous pouvez « attaquer » une partie du témoignage pour espérer en apprendre plus, ou bien présenter une pièce à conviction ou un profil pour pointer du doigt une incohérence en lancer un vigoureux « Objection ! » au sein du tribunal. Là encore, mieux vaut être sûr de ce que l'on avance si on ne veut pas perdre une partie de la barre de vie qui remplace les points d'exclamations du premier épisode, car si celle-ci se vide votre client sera reconnu coupable. De même, il vous sera proposé des choix qui pourront vous être fatals si vous ne choisissez pas la bonne réponse. A vous donc d'être prudent, d'autant plus que vous pouvez faire défiler les différentes parties du témoignage pour espérer obtenir un indice plus ou moins direct de la part de Phoenix et Maya.
Ce deuxième épisode ne propose donc pas une révolution notable dans le gameplay, mais se permet quand même d'ajouter quelques nouveautés intéressantes qui viennent quelque peu l'enrichir. On a donc le droit au même gameplay efficace et simple d'accès qu'à l'accoutumée, quoique relativement répétitif, hormis quelques situations venant changer les habitudes prises par le joueur. Mais le point noir dans ce gameplay, c'est qu'il n'exploite pas les capacités de la DS, en effet aucune affaire dans cet épisode ne vous permet de découvrir d'autres options de jouabilités rendues possibles grâce à la console de Nintendo, ce qui est dommage car la dernière affaire du premier épisode avait été créée spécialement dans cette optique. On aurait pu s'attendre à ce que les développeurs intègrent les possibilités de gameplay révélées auparavant, mais il n'en est rien. Ce sera peut-être pour la prochaine fois !
Une aventure plus courte, mais plus corsée
D'ailleurs, il n'est pas étonnant que l'on ne croise pas d'épisode mettant à profit les capacités de la DS dans cet opus, comme cela a été fait précédemment. En effet, Justice For All propose la bagatelle de quatre affaires, soit une de moins qu'auparavant. On peut donc se dire que la durée de vie s'en trouve assez réduite. Même si d'une part cela est vrai, d'autre part le jeu compense par des affaires un peu plus corsées, en effet il vous faudra faire bien plus d'efforts dans cet opus pour résoudre les quatre affaires qui vous sont proposées, tant la difficulté de celle-ci est montée d'un cran par rapport aux autres péripéties de Phoenix. Bien évidemment, la difficulté va en grandissant, par conséquent vous n'aurez (normalement!) aucun mal à résoudre la première affaire, mais les suivantes vont voir leur difficulté augmenter sensiblement, d'autant plus que vous serez parfois confronté à des dilemmes lors des procès qui nécessiteront une grande réflexion de votre part. Il est également conseillé d'effectuer une affaire entière presque d'une traite, car malgré les différents découpages qu'elle propose pour faire des pauses, il vous faudra souvent revenir sur certains points de l'affaire en cours pour trouver la solution. Cela suppose de ne pas trop faire de coupure entre les différentes parties d'une même affaire pour l'avoir bien en tête, et la résoudre sans être perdu dans la multitude d'évènements qu'elle révèle !
De ce fait, même si le jeu propose moins d'affaires à boucler, celles-ci se montrent plus ardues, voire parfois même un peu tirées par les cheveux concernant la résolution de certains points de l'affaire, ce qui influe nécessairement sur la durée de vie, malgré que ce côté ahurissant dans la résolution de quelques affaires puisse rendre cela artificiel. Pour autant, une fois toutes les affaires conclues, l'intérêt d'une rejouabilité se montre encore une fois limité, car vous n'apprendrez rien de plus sur le scénario de cet opus. Il vous faudra donc jouer au troisième épisode de la saga pour en apprendre plus sur l'univers de Phoenix Wright et de son entourage, ce que fera sûrement le fan de la saga avec cette suite efficace, mais peut-être pas le nouveau venu qui aura fait l'erreur de commencer par cet opus !
Conclusion : A défaut d'être révolutionnaire, Phoenix Wright : Ace Attorney : Justice for all est une bonne suite qui apporte tout de même quelques nouveautés appréciables dans le gameplay, même si ces dernières n'exploite pas au mieux les capacités de la console portable de Nintendo. D'autre part, cet épisode est à conseiller pour ceux qui auraient suivi les premières aventures de l'avocat à la coiffure en hérisson, tant les références scénaristiques au précédent épisode sont légion. Pour ceux qui aimerait découvrir la saga, il sera bien plus conseillé de jouer au premier opus avant d'entamer Justice for all ,et peut-être les autres Phoenix Wright.