Phoenix Wright: Trials and Tribulations fut le premier épisode de la série auquel j'ai eu l'occasion de jouer. Considéré comme étant un "visual novel", c'est-à-dire un jeu-vidéo qui ne s'articule que par des images, ce jeu n'en reste pas moins un genre totalement à part, de part l'expérience unique et originale qu'il nous confère. Et le moins qu'on puisse dire c'est que ce jeu regorge de qualités, sur tous les plans possibles.

Il tire tout d'abord son originalité de ce fameux style "visual novel", très peu répandu en Occident, qui dépaysera un bon nombre d'Européens notamment. Son animation sous forme d'images accompagnés de bruitages et mouvement de caméras donne un effet tout à fait crédible à l'univers et réussira même à surprendre grâce à son réalisme. Lorsque par exemple, un personnage fait une apparition brutale, le dialogue sera écrit en lettre majuscules, la caméra tremblera un peu, et un bruitage surprenant se fera entendre ; c'est de ça que je veux parler quand je dis que l'univers est crédible : on imagine très facilement ce que cela donnerait si le tout était animé, alors qu'au final ce ne sont que des images, qui ne se succéderont que lorsque vous appuierez sur la touche action.

Cette ambiance si particulière est très bien desservie grâce aux musiques. A chaque situation sa musique, et à chaque personnage son thème. Rien qu'en écoutant les thèmes des personnages, on peut deviner à quelle personne on a affaire, un thème enjoué pour la petite fille, ou bien un thème assez brusque pour un costaud. On peut également observer une accélération du rythme lorsque des phases importantes, par exemple, qui nous renseignera en général sur notre avancement de l'enquête en cours, est-ce qu'on approche du but ou pas.

A savoir que le jeu possède une durée de vie assez conséquente (une vingtaine d'heures) et se décompose en 5 enquêtes, dont 2 enquêtes plus ou moins annexes, et 3 principales enquêtes, où l'on voit évoluer le personnage éponyme de la série : Phoenix Wright. Pour en venir aux personnages d'ailleurs, ils constituent, avec le scénario, clairement le point fort du jeu. Ils sont pour la plupart très travaillés, profonds et attachants, avec leurs faiblesses, leurs forces mais également leur passé pour certains. Et c'est là où le jeu fait fort : réussir à nous proposer toute une flopée de personnages qui ne sont pas laissés au hasard. Tous auront un rôle important à jouer dans l'enquête donnée, et aucun ne sera oublié, tant son caractère aura été marquant. Je pense que Godot peut facilement être cité comme étant un personnage phare du jeu, tant il est charismatique, tant il défend ses opinions et son avis malgré les difficultés qu'il rencontre et ses handicaps. Mon personnage préféré restera Tektiv, l'inspecteur "zéro-neurone" tellement il m'a fait rire dans la dernière enquête notamment, avec ses anecdotes à la con et ses déductions minables. Même la nonne qui travaille dans un temple religieux et qui n'a à priori par un si grand rôle, ne vous laissera pas indifférent.

L'autre vrai point fort c'est le scénario. On monte vraiment crescendo dans l'intérêt des 5 différentes enquêtes. Les affaires se décomposent elles-mêmes en 2 phases : les phases d'enquête et les phases de tribunal. Pendant les phases d'enquête, vous allez vous déplacer de lieux en lieux à la recherche de témoignages et de pièces à conviction nécessaires pour les séances au tribunal, à la manière d'un Point & Click. Et durant les phases de tribunal, vous allez étudier et écouter les témoignages pour mener des contre-interrogatoires dans le but de démêler la vérité et de défendre l'accusé. Et malgré les quelques évidences, le jeu reste quand même relativement dur. Il y a vraiment une tonne d'informations à retenir et assimiler, tout en retenant qui a fait quoi, à telle heure, etc.. et même si Wright possède un dossier rassemblant les pièces à conviction en guise de preuve de vos dires, il faudra en général se souvenir des différents éléments dévoilés par les personnages tierces lors des phases d'enquête. Un nombre impressionnant de paramètres est à prendre en compte mais de ce fait, lorsque la preuve de vos propos est tangible, ça n'en est que plus jouissif. La difficulté est ici indéniablement un point positif.


Pour ce qui est des 5 enquêtes, la première pose les bases d'une affaire passée qui ne va pas tarder à s'élargir dans le futur, la seconde constitue la première grosse enquête menée par notre cher Wright (avocat de la défense), la 3ème n'en est que meilleure etc.. jusqu'à la toute dernière enquête qui est juste SU-BLIME ! C'est la plus longue de tous (entre 5 et 6h pour la mener à bien), et rassemble les problématiques, témoignages et dossiers de diverses autres affaires traitées 10 ans et 5 ans en arrière. On a le droit à une succession impressionnante de bouleversements, de retournements de situations en tout genre. Le scénario est juste imprévisible, à quelques exceptions près, et réussira à vous surprendre là où vous vous y attendez le moins. Et là où les scénaristes ont fait fort, c'est que Phoenix Wright, le personnage principal que l'on incarne la majeure partie du jeu, est censé refléter notre démarche au sein de l'enquête, puisque c'est nous qui répondons aux énigmes et donnons les preuves nécessaires. Et bien, il arrive quand même à nous surprendre grâce à des raisonnements dignes des plus grands détectives, alors que nous sommes bel et bien censés être imprégnés du personnage et comprendre sa démarche. Il arrive alors souvent de se perdre soi-même dans son raisonnement, de rester quelques instants dans le doute, en attendant que Wright révèle ce qu'il avait vraiment en tête, et là, sort de votre bouche ce fameux "aaaah" caractéristique de l'enfin-compréhension.

Petit bémol obligatoire pour ne pas élever ce jeu au rang de dieu : le découpage des affaires. J'entends par là que, de rares fois dans le jeu, une sauvegarde vous est proposée, à des endroits "stratégiques", lors d'une interruption obligatoire d'un procès au tribunal par exemple, vous permettant de souffler et de faire une pause dans l'enquête. Et bien c'est justement ce mot "rare" qui me gêne, car il y a trop peu de passages où l'on peut réellement faire une pause car une fois que l'immersion au beau milieu de l'enquête commence à opérer, on est totalement impliqué dans l'affaire et il arrive souvent de devoir mettre fin à la session de jeu en cours par une sauvegarde rapide (on peut sauvegarder quand on veut) qui aura pour effet de "briser" cette immersion, en interrompant la partie en plein milieu d'un témoignagne par exemple, et aura pour conséquence de devoir se replonger dans le contexte lors de la reprise en jeu.

Néanmoins, le jeu Phoenix Wright: Trials and Tribulations qui semble se manifester comme étant le meilleur opus de la série à ce jour par bon nombre de joueurs se révélera d'une cohérence étonnante dans son scénario, porté par des personnages tous plus mémorables les uns que les autres et desservi par une ambiance tout à fait originale. Le 10/10 que je lui octroie ne reflète en vérité par un jeu parfait, mais plutôt une incroyable expérience vidéoludique, riche, unique en son genre et terriblement captivante. N'empêche, réussir à faire un jeu exceptionnel qui traite d'avocats et d'affaires judiciaires au tribunal, chapeau quand même !
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le 27 févr. 2014

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