Un opus qui a du chien

Si Mario, Zelda et Donkey Kong sont les enfants de Shigeru Miyamoto, Pikmin est son bébé qui n’a jamais vraiment su trouver sa place. Cette série a su persister à travers les âges alors qu’elle n’a jamais vraiment connu le moindre succès. C’est donc avec surprise que l’on découvre l’arrivée de Pikmin 4, le dernier épisode des petits protégés de Miyamoto. Bien que méconnue, la série Pikmin a toujours rimé avec qualité (si on oublie le spin-off Hey! Pikmin). Les bases ont été posées, on fonce maintenant dans notre vaisseau spatial et on fait un nouveau voyage vers l’hostilité de la planète terre, pour la 4ème fois !

On pourrait penser que le Capitaine Olimar est désormais rodé avec ses expéditions terrestres, et pourtant, voilà qu’il a encore crashé. Cette fois-ci il n’est plus question de crash dans une forêt mystérieuse ou un étang habité de créatures sauvages. Olimar est perdu dans les vestiges d’une habitation humaine ! On prend en main la manette et nous voilà partis pour découvrir les nouveaux contrôles de ce Pikmin. Cette fois-ci, nous sommes accompagné d’une monture : un chien de l’espace qui va nous aider à progresser à travers les différentes zones du jeu. Après un tutoriel rapide mais efficace, le scénario prend son envol et nous voilà dans un écran de création de personnage. Pour la première fois dans la série, le scénario se déroulera selon le point de vue d’un personnage original créé par vos soins.

Vous êtes assigné d’une mission : retrouver le capitaine Olimar ainsi que les autres naufragés perdus sur la planète terre. Avec l’aide d’Otchin, votre chien de l’espace, vous allez pouvoir progresser dans chacune des maps et trouver des Pikmin. Pour rappel, la série Pikmin est une série de jeu de stratégie où votre but sera de déterrer des Pikmin de couleurs différentes qui auront chacun leurs propres capacités en fonction de leur type. Les Pikmin bleu pourront aller sous l’eau, alors qu’un Pikmin rouge par exemple sera fort en combat. Envoyer un Pikmin rouge dans de l’eau signera son décès immédiat, d’où la nécessité de comprendre les différences de chaque Pikmin et de planifier chaque trajet avec minutie.

Il est possible d’avoir jusqu’à 100 Pikmin en une fois avec vous, l’éventail de solutions est ainsi très large. Dans chaque map, vous devrez vous mettre à la recherche de trésors (très souvent des objets du quotidien des êtres humains : cela peut être un dentifrice comme un fruit, plus de 200 trésors dans le jeu !). Chaque trésor vous donnera de l’énergie nécessaire à la reconstruction de votre vaisseau. Plus celui-ci sera renforcé par des lumium (l’énergie), plus le vaisseau pourra se déplacer loin et découvrir de nouveaux territoires.

Premier constat, Pikmin 4 est très propre et joli. L’univers est cohérent et le bestiaire très varié, on se prend à admirer les décors sous un point de vue microscopique. Les créatures les plus inoffensives dans la vraie vie seront des adversaires de taille dans Pikmin. D’autant plus que les cartes traversées sont bien plus larges que tous les précédents épisodes. Certains trésors cachés dans des endroits retords vous demanderont de faire marcher vos méninges pour trouver une solution afin de pouvoir les atteindre, et ce n’est souvent pas si simple que ça ! Les créatures que peuplent la planète terre sont souvent mignonnes comme tout, mais certaines vous provoqueront des screamers dont vous ne serez jamais prêt (oui, j’ai sursauté à de multiples reprises). 

Nouvelle mécanique de ce Pikmin : les épreuves de Dandori, aka l’art de savoir manier plusieurs tâches de manière efficace. Du micro-management, en soit. L’essence même d’un jeu Pikmin. Ces épreuves se distinguent par plusieurs types de Dandori : l’épreuve Dandori classique où vous devrez tuer un nombre défini de créatures ainsi que ramener des trésors dans un temps limité. Ce genre d’épreuve va mettre vos nerfs à rude épreuve car elles sont loin d’être simples. Deuxième épreuve Dandori : les duels. Face à un adversaire feuillu (des naufragés corrompus par un feuillage à la place du visage), vous devrez ramener un maximum de ressources à votre base dans un temps limité. Le joueur ayant le plus de ressources remporte l’épreuve. Enfin, le troisième type d’épreuve: l’expédition de nuit. Il s’agit ni plus ni moins qu’un mode de tower defense.

Ces différentes épreuves de difficulté croissante à travers le scénario ajoutent constamment de nouvelles mécaniques de jeu et s’avèrent très funs et addictives. Chaque mode a sa propre force et il sera possible de tous les rejouer afin d’améliorer son score et débloquer toutes les médailles de platine, le Saint Graal du Dandori. Il y a un très grand nombre d’épreuves différentes et c’est selon moi une grande réussite. Si ça ne sonne pas incroyable sur le papier, je ne peux que vous conseiller d’avoir la manette en main pour comprendre toute la tension de ces épreuves. Le mode de duels Dandori est d’ailleurs disponible en multijoueur local et je regrette qu’il n’y ait pas de mode en ligne pour ça. Nintendo, on veut un mode PvP sur Pikmin ! Premier degré, ça pourrait vraiment marcher.

Si le Dandori ajoute de la diversité à la boucle de gameplay de Pikmin, déjà parfaite en soit, il y a le retour des grottes de Pikmin 2. Avec un nombre d’étages défini en fonction de chaque grotte, il faudra parcourir chaque étage avec le groupe de Pikmin avec lequel vous êtes entré et survivre jusqu’au bout en y dénichant tous les trésors et en battant les boss qui s’y cachent. Là encore, les équipes de Nintendo ont réussi à créer de superbes réussites de level design et c’est un résultat une fois de plus qui ajoute de la variété au gameplay et qui teste vos réflexes et votre stratégie de jeu. Rassurez-vous cependant, Pikmin 4 n’est pas punitif contrairement aux deux premiers épisodes et perdre vos Pikmin d’un coup de patte d’un monstre que vous n’avez pas vu venir sera sans conséquence si vous utilisez la fonction de retour en arrière (un « restart » jusqu’au début de l’étage, en soit). De plus, nouveauté de ce quatrième épisode : un système d’upgrade pensé tel un RPG qui vous permettra d’améliorer les compétences de Otchin mais aussi de votre personnage principal.

Vouloir toucher un plus grand public avec ce Pikmin 4 semble être l’objectif de Nintendo et bien que beaucoup d’aspects aient été simplifiés, notamment par l’ajout de notre compagnon Otchin, le jeu cache bien des secrets dans ses modes de jeu additionnels qui viendront pointer le bout de leur nez en endgame. Tout d’abord, l’aventure de Olimar. Celle-ci pourra être vécue telle qu’elle a été vécue dans Pikmin 1, l’épisode fondateur de la série, à la différence près que cela se passera sur les maps de Pikmin 4. Vous aurez 15 jours pour ramasser les 30 parties du vaisseau d’Olimar. Ce mode est bien plus difficile qu’il ne laisse paraître et l’absence de Otchin se fera vite sentir. Vous ne pourrez plus compter que sur votre talent de Pikmin tel que le jeu a été pensé il y a maintenant plus de 20 ans. Un autre mode, le défi du sage, sera aussi disponible en endgame. Je ne spoilerai rien et je vous laisserai la surprise de découvrir ce dont il s’agit. Préparez vous à des funérailles, car vous allez galérer un max.

Enfin, lorsque vous pensez avoir fini le jeu, vous verrez qu’un axe optionnel de l’aventure principale se débloque pour toujours plus de contenu, de grottes, de nouveaux Pikmin à débloquer, de trésors, et le fameux épilogue dont vous rêvez. Il y a rien à dire, Pikmin 4 regorge de contenu additionnel comme aucun autre jeu de la série ne l’a fait avant. Et c’est sans parler des quêtes annexes, du sauvetage des naufragés, des grottes et boss optionnels…

Mais alors, quels sont les défauts de ce Pikmin 4 ? Et bien que peu nombreux, il y en a quelques uns. D’abord, les musiques sont hélas un peu en deçà de ce dont nous a habitué la série. Ce n’est pas le défaut le plus gênant puisqu’on a affaire ici plus à des musiques d’ambiance qu’à de vrais thèmes mélodiques, mais c’est bon de le souligner. Aussi, l’absence online des duels Dandori que j’ai évoqué plus tôt. C’est un peu incompréhensible de ne pas avoir proposé cette option. Il y a globalement un certain manque de challenge sur l’aventure principale dû à l’objectif de Nintendo d’introduire la série chez un nouveau public. Le mode coop est sans grand intérêt contrairement à celui de Pikmin 3, et les personnages du jeu peuvent être agaçants notamment lors du long tutoriel du jeu. Je vous avertis, vous allez beaucoup être interrompus sur vos deux premières heures.

Ces défauts font pâle figure face à la qualité de l’expérience qui nous est proposée. Il s’agit là selon moi d’une véritable réussite et d’un grand pas en avant pour la série Pikmin qui pourrait peut être enfin s’imposer comme une série phare de Nintendo. Il aura fallu 10 ans d’attente pour son grand retour, et à l’image des adorables Pikmin, déterrer cette série des abysses de la Wii U aura été un des meilleurs choix de Nintendo qui livre ici un des meilleurs jeux de l’année.