Pikmin fait sa photosynthèse

Bon, c'est un petit jeu que j'ai espéré pendant 10 ans. Donc, il y avait ce qu'on pourrait appeler des attentes, surtout après Pikmin 3 qui a été une semi-déception. Pikmin 4 avait tout à prouver : après un Pikmin 1 qui était un genre de jeu capsule, où il fallait gérer l'urgence d'une vie suspendue à 30 jours d’exploration. Après un Pikmin 2 qui avait remplacé le sentiment d'urgence par un contenu gargantuesque. Et après un Pikmin 3, pensé un peu comme un jeu pour la famille (RIP encore petite Wii U et ses concepts partis trop vite) et qui a reçu un accueil globalement plus tiède, malgré ses défis en coopératif. Quelle voie Pikmin 4 allait choisir ? Ou quelle voie Pikmin 4 allait créer ? Avec réussite ou échec ? Pourquoi tant de questions s'enchaînent ? Où ai-je mis le câble d'alimentation de ma tablette ? Ces quelques questions vont recevoir des réponses ci-dessous.

Alors, selon moi Pikmin 4 s'est souvenu qu'il était finalement un STR. Donc, un jeu de micro-gestion, qui se devait par essence de parfois être nerveux. Mais il se souvient de ce qui a plu aux fans, et va le garder. J'y arrive. (Oh. Et le câble d'alim était dans le sac à dos).

Bon, on débarque sur la planète mystérieuse avec un flashback où on voit Olimar, encore paumé avec son vaisseau fracassé comme une voiture de fin de vidéo de Vilebrequin. L'occasion d'un tuto sur la nouvelle feature principale : LE TOUTOU ! Y'A UN TOUTOU ! IL EST TOUTOU MIGNON ! Bref, ça, et l'occasion d'enseigner l'essentiel. Après Olimar, le long tuto continue avec votre personnage principal : vous. Mission : sauver Olimar, l'équipe de secours qui devait le sauver, et tout ce qui bouge sans essayer de te mordre ! Pour ça, on redécouvrira petit à petit des pikmins, anciens, et une nouvelle espèce : les Pikmin glace. L'occasion de paralyser des ennemis ou figer l'eau, permettant de nouvelles petites audaces de level design !

On sent le retour à Pikmin 2 : on redécouvre des grottes, et un nombre gargantuesque de trucs à ramasser ci et là, avec des descriptions sur les objets fantaisistes, mignonnes et farfelues. Et rapidement, clin d'oeil à Pikmin 3 avec... les épreuves Dandori. Le Dandori est surligné, en gras police 8000. C'était le mot autour duquel le jeu était construit. Le Dandori est à interpréter comme l'art d'organiser ses tâches pour optimiser ses performances (coucou Japon, je vois que le capitalisme se porte bien ? Et ta courbe de natalité, elle va comment ? Ah ? Pourquoi tu pars Japon ? Reviens Japon ! JAPOOOOOON !!!). Alors, les épreuves Dandori ne prennent pas en compte vos Pikmins ou votre inventaire, il évalue votre compétence pure : elles vous donnent une map, des pikmins, et un objectif. Soit ramasser le plus d'objets dans un temps défini, soit faire mieux qu'un adversaire dans le ramassage d'objets sur une même carte, quitte à se mettre des bâtons dans les roues. Au final, c'est simplement un prolongement de ce que proposait Pikmin 3 de façon purement optionnel, mais intégré intelligemment au jeu.

Bon, alors, à part des pikmins bleu clair, rien de nouveau ? Si ! Déjà, on ne récupère pas que des objets, mais des personnages. Ils vont se joindre à un camp de base, et soit rajouter des features de gameplay, soit des missions. Aussi, certains de ses personnages seront infectés par l'écologie qui leur fait pousser une feuille sur la tête. Pour les guérir, il faudra jouer à des phases de nuit, avec des Pikmins luisants exclusifs, et un autre type de gameplay purement STR : pas de planification au long terme, pensez phase de 5 minutes où il faut produire et défendre un objectif. Donc, Pikmin 4 offre une grosse variété d'objectifs et beaucoup de nouvelles features.

Bon. Normalement, vous devriez poser la question "Mais, tu as oublié Pikmin 1 ?". Non. Mais il y a un rappel au jeu dans le post-end game.

"Le post-end game ? Tiens tiens tiens." Oui. Il est conséquent. Je dirais à peu près la moitié du jeu en termes de quantité de contenu ? Il est plus difficile, corsé dans son dernier donjon, dans ses défis Dandori qui vont vous demander de planifier comme l'URSS à la bonne époque (lol. Non, y'a pas de bonne époque, mais vous voyez l'idée).

"Mais du coup, le jeu est parfait, et tu mets 9/10 ? Tu te crois testeur à JVC là avec ta note parfaite inexistante ?" Alors, non, je n'ai pas cette audace. J'ai ressenti un petit... vide, un petit manque à la fin du jeu. Il est magnifique, complet, révolutionnaire... Mais il perd un peu de l'aura des jeux d'avant. Ce que j'entends par là, c'est la disparition de l'appropriation de l'espace de jeu. Dans les anciens Pikmin, dans les cartes ouvertes, on était parfois bloqué. On se dit "il me manque quelque chose, je vais explorer". Ou alors, on se dit qu'on n'est pas encore assez talentueux, et on reviendra plus tard. Et... la question se pose vaguement une fois, entre les deux premiers mondes et c'est tout. Le jeu peut se faire en ligne droite. On ne s'interroge pas. Et les épreuves dandori... font de nous des explorateurs presque trop compétents. On se pose moins de questions, on est un poil trop efficaces, et au final, le jeu, par aspects, nous assiste plus qu'il ne nous résiste (même si, oui, la fin est plutôt corsée).

En conclusion : Pikmin 4 est une excellente synthèse de ses prédécesseurs, et il saupoudre cet héritage de quelques nouveauté qui le rendent plus vivant, avec des récompenses plus régulières. Mais s'il est globalement bien réalisé, il se fait un peu plus linéaire, un peu moins baroque, et cela retire une toute petite partie du charme de la licence. Mais oui, j'attends Pikmin 5 avec impatience.