On reproche souvent à la série Pokémon de se calquer d'épisode en épisode et de répéter toujours les mêmes notions de gameplay, les mêmes décors et scénarios... c'est sans compter les dernières générations, mais resituons nous dans le contexte de l'époque : en 2004, presque un an après la sortie des versions Rubis/Saphir, un spin-off assez spécial débarque sur la GameCube.
Le moins que l'on puise dire à son sujet, c'est qu'il n'y en a pas deux comme Colosseum dans toute la franchise, si ce n'est sa suite (sous-titré "Le Souffle des Ténèbres"). Avant de me pencher sur ce qui m'a plu dans le jeu, je vais commencer par les points négatifs qui sont flagrants, mais qui ne gênent pas tant que ça l'expérience qu'on peut en tirer. Les graphismes sont extrêmement moyens, que ce soit à la sortie du jeu et encore plus maintenant, quelques à-côtés sont dégueulasses, c'est loin d'exploiter les ressources de la console de Nintendo. Il est aussi possible de rechigner par rapport à l'absence de captures sur les pokémon sauvages, ce qui représente quand même une grande part essentielle de la saga initiale. Mais justement, c'est là que je profite de faire ma transition.
La capture qui nous est proposé n'est pas celle à laquelle s'étaient habitué les fans de la première heure, j'y vois un bon moyen de les bousculer. Contrairement aux versions portables dans lesquelles il est impossible d'attraper une bestiole qui appartient à un dresseur, dans Colosseum il est possible de le faire quand il y a une aura obscure qui l'entoure. Ca équilibre la balance avec l'absence des pokemon sauvages. Autrement, cela est justifié par le fait que ça sert l'histoire et les altercations entre les personnages. D'ailleurs parlons de ces deux dernières caractéristiques qui ont rarement été les zones culminantes d'un jeu Pokémon. Dans Colosseum, il y a tout un panel d'intervenants réussis (principaux ou secondaires), notamment les antagonistes de la Team Ombre et ceux de la Team Snatch, car oui, deux teams officient durant notre aventure. La Team Snatch a eu Michael dans ses rangs, le personnage que le joueur contrôle tout le long, il leur a fait un mauvais coup en s'enfuyant avec le snatcheur qui donne l'accès exclusif aux pokemon des autres dresseurs. Michael est une sorte d'anti-héros, assez adulte et qui possède déjà beaucoup d'expérience, puisqu'on débute l'aventure avec deux pokémon (Noctali & Mentali) qui ont un niveau élevé... ça contraste énormément avec l'enfant qui part de rien dans les pokémon portables. Il sera très vite rejoint par Emilie, qui pour beaucoup de fans rappelle Ondine, elle est la seule à voir si un pokemon est du côté obscur de la force, et elle nous prévient si c'est le cas.
La direction artistique est très appréciable, Colosseum ne manque pas de jolis coins, colorés et paradisiaques. Cependant la plupart du temps, on est amené à nous rendre dans des endroits sales, lugubres... ça accentue davantage l'atmosphère plus mature qu'à l'accoutumée. A ce propos, n'oublions pas les colisées, d'où le titre "Colosseum". Ces arènes s'apparentent à des combats illégaux dans lesquels les dresseurs ont quasiment tous des pokemon obscures. Dans un sens, ça tend à prouver la domination des deux organisations précédemment citées, qui ont une base bien installée. Dans Colosseum, il faut les destituer. Ils contrôlent déjà des lieux, et c'est d'autant plus vrai puisque notre personnage en faisait partie. C'est une autre différence notable avec les méchants des versions portables. Le mal est partout, et on ne peut faire confiance à personne (ceux qui ont fini le jeu comprendront vis-à-vis d'une des révélations finales).
Les mécanismes de gameplay sont conservés dans cet opus alternatif. C'est très efficace, et très épuré grâce au rendu 3D qui propose des duels plus colossaux et ouverts, et les modélisations sont à l'image de ce qu'on pouvait avoir dans les épisodes Stadium sur Nintendo 64, mais ici les teintes sont plus vives et nettes. Quant à la musique, je ne vais pas tourner autour du pot, les thèmes lors des duels sont géniaux, et également les mélodies qui servent diverses situations, comme quand on introduit secrètement le camp de l'ennemi ou pendant des instants plus reposés. Une OST variée et rafraîchissante, et l'une des plus personnelles de toute la série.
Il est aisé de critiquer Pokemon Colosseum pour sa technique assez pauvre, son manque de finition et de détails, son manque de liberté et les éléments jugés importants pour la série qu'il laisse sur le coin de la route. A fortiori, il met à disposition une façon originale de s'amuser à Pokémon, plus conviviale. Il prend des prises de risque dans de nombreux compartiments, il offre une vision un peu plus noire de ce qu'on peut imaginer de nos petites bestioles adorées, et il est difficile de lâcher la manette une fois qu'on s'est pris au jeu.
La durée de vie est quelque peu limitée, mais vous pouvez la grossir grâce au mode combat qui garanti des heures en plus devant sa télé, puis sans oublier l'interconnectivité NGC ─ GBA, sauf si vous avez égaré le matériel adéquat.
Entre le mode RPG et le mode Combat, c'est deux jeux en un qui s'offrent à nous. Pokémon Colosseum regorge de bonnes idées, souvent audacieuses, parfois casse-gueule. Il a ouvert une voie, mais celle-ci n'a pas été superbement exploitée par la suite. L'espoir de voir un jeu dans la même veine sur Wii U se fait ressentir, la nouvelle console de Big N pourrait bien s'y prêter à travers les gamepads et ça ne pourrait qu'améliorer ce concept de matchs à la maison. Allez, on croise les doigts.