Neuvième itération de monstres

Alors que je n'avais pas vraiment prévu d'y jouer, je reconnais avoir été influencé par les bonnes notes presse récoltées par cette nouvelle itération. Est-ce que le jeu est vraiment trop bien noté, ou bien est-ce moi qui ne suis définitivement plus la cible ? Je n'ai pas de réponse définitive, mais j'ai quand même envie de parler de deux ou trois trucs.

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Alors on ne va pas plus tirer sur l'ambulance, mais il faut quand même le dire : le jeu est hideux. Techniquement, c'est vraiment de la merde, même pour de la switch. Les environnements sont moches, les textures des pokemon sont moches (ou pas finies du moins), et j'ai l'impression qu'on a régressé dans les animations par rapport au précédent opus. Mais encore, je pourrais pardonner tout ça si le jeu n'était pas constellé de bugs. Les vidéos du moment sur Youtube parlent d'elles-mêmes, il y a tout ce que vous pouvez imaginer : aliasing, chute de framerate, disparitions de textures, crashs, bugs d'affichage... C'est une honte de sortir un jeu dans cet état. D'autant qu'on aurait très bien pu patienter un an de plus. Et le pire, c'est que le studio et la Pokemon Company n'en ont très certainement rien à foutre, puisque le jeu se vend par palettes.

Attention aux herbes hautes

La technique mise de côté, quid du reste ? Le fameux monde ouvert. Le fameux monde ouvert qui pue la fainéantise et l'incompétence. C'est simple, Pokemon Rouge a un meilleur monde ouvert que Pokemon Ecarlate. Après le classique choix du starter et un long moment de tuto, vous êtes lâché dans un énorme environnement avec trois objectifs : faire les 8 arènes, battre les 5 boss de la nouvelle team de méchants, et battre les 5 pokemon dominant. On connaît tous le premier, c'est la même sauce depuis neuf générations, et il y a toujours la même ligue à la fin (spoiler : le dernier membre du Conseil des 4 a des pokemon dragon !). Le deuxième, c'est cinq fois la même phase pourrie utilisant la nouvelle mécanique moisie de cet épisode consistant à envoyer son pokemon en se baladant, et plus ou moins cinq fois le même combat de boss. Le troisième, c'est de défoncer des pokemon un peu plus gros que les autres afin d'améliorer Koraidon ou Miraidon, le légendaire de cette génération qui s'est fait reléguer au rang de monture. Vous aurez compris que si vous êtes un habitué de la licence, on est au degré zéro de l'originalité. Mais le vrai problème (car les néophytes eux trouveront leur compte), c'est que l'aventure est tout sauf libre. Vous ne pouvez déjà pas aller où vous voulez, puisqu'il faudra forcément améliorer votre monture pour se rendre à certains endroits. De plus, les niveaux des pokemon sauvages, des dresseurs rencontrés et des arènes sont fixes quel que soit votre progression. Impossible ou presque donc d'aller taper l'arène de trucmuche niveau 55 dès le départ. Impossible non plus de capturer des pokemon niveau 55 si vous n'avez pas au préalable au moins 7 badges. Conclusion : le jeu va vous demander d'avoir un trajet au final assez précis. On est très loin de la liberté promise.

Et ce n'est pas tout. Car entre deux grands espaces ouverts, vous trouverez des villes complètement vides de vie et d'interactions, avec des boutiques de vêtements hors de prix, des boutiques d'objets inutiles, et des vendeurs de bouffe qui ne servent absolument à rien (au passage, ceux-ci sont copiés-collés et parfois posés les uns à côtés des autres). Sur toute la carte, il doit y avoir peut-être trois ou quatre PNJ qui proposent des choses comme des échanges ou du troc d'objets spéciaux. Mais c'est tout. Finis les bâtiments spéciaux comme la pension ou abritant des quêtes annexes optionnels. On passe aussi son temps à ramasser par terre des objets qui semblent placés aléatoirement, et qui peuvent même détruire toute notion de progression (vous trouverez par exemple des hyper ball devant votre maison de départ). Bref, ce monde ouvert est tellement vide et mal calibré qu'il aurait pu être à mon sens remplacé par un menu déroulant.

Force orange

J'ai encore quelques gros points noirs qui me tiennent à cœur. Déjà, l'aspect "on fait partie d'une académie" n'est jamais exploité. Il est bien possible de "suivre des cours" qui se concluent par un QCM ridicule et un gain d'objets relativement inutiles selon votre progression, mais ça ne va pas plus loin. Il y a bien une tentative de traiter le thème du harcèlement scolaire dans l'objectif de la Team Star, mais c'est assez convenu et jamais poussé à fond. Concernant la région en elle-même, à part pour le design du dernier stade d'évolution des trois starters (et encore, on penche plus du côté du folklore brésilien et mexicain en vérité), et pour la reprise de quelques gimmick de l'architecture de Gaudi, il y a très peu d'éléments repris de la culture espagnole, ce qui est bien dommage.

Ensuite, jusqu'au niveau 30 environ, les combats sont justes... interminables. La faute à un système qui devient maintenant archaïque dans son rythme, et surtout aux horribles capacités type "abri" ou "combo-griffe" qui font durer le déplaisir encore plus longtemps. Peut-être que Game Freak manque définitivement de savoir-faire à ce niveau-là, mais il y aurait tellement à faire pour rendre les combats plus modernes et dynamiques.

Enfin, j'ai été vraiment gêné par certains propos dans le jeu du genre "on est vraiment heureux d'intégrer une académie qui prône les combats Pokemon et l'affrontement entre individus". Plus que jamais, je pense qu'il serait grand temps de changer le message véhiculé par cette licence.

Je veux devenir le roi des dresseurs pokemon

Bon. Qu'est-ce que l'on retient quand même de positif :p ?

Globalement, le jeu est sauvé par le feeling général inhérent à la licence procuré par le remplissage du Pokedex. Oui, c'est toujours aussi cool de découvrir de nouveaux pokemon et d'essayer de former l'équipe la plus imbattable possible. D'ailleurs, le jeu propose une manière très intéressante de créer des CT à partir d'éléments récupérés sur les pokemon sauvages, l'une des seules mécaniques exploitant vraiment le monde ouvert. Le fait de faire les combats "sur place" sans transition est aussi assez cool (même si ça provoque une pléthore de bugs plus ou moins rigolos).

Je trouve ensuite les chara-design pour la plupart plutôt cools, et les différents protagonistes rencontrés sont assez attachants. La toute fin de l'histoire, qui se débloque après avoir rempli les trois objectifs, est également vraiment bien, avec une jolie séquence émotion et un propos bien plus intéressant que tout le reste du jeu.

Il y a bien eu un moment dans ma partie où j'ai pris du plaisir à jouer, à savoir en gros à partir du niveau 40 et jusqu'à la fin, quand les combats étaient plus rapides, que j'avais formé mon équipe définitive et que je pouvais enfin aller où je voulais. Mais 8h de satisfaction pour environ 24h de frustration, le bilan final reste assez négatif.

Conclusion

Cet opus est pour moi une énorme déception. Et tous les habitués qui aimeraient voir du changement dans les fondamentaux de la licence risquent de tomber de haut. Les néophytes y trouveront forcément leur compte, n'étant pas encore ou moins lassés, mais je ne peux pas non plus faire l'impasse sur ce monde ouvert exécrable qui a détruit tout une partie du charme de la licence, ainsi que sur la technique aux fraises comme jamais. La licence tourne en rond et une refonte ne semble définitivement pas à l'ordre du jour. Pas très hâte de savoir quelle sera la prochaine région du monde à être souillée.