Et bien Pokémon Let's go, ça fait du bien de te voir exister. Dans une série qui s'enlise dans des habitudes tellement ancrées qu'elles ne surprennent plus, tu viens te poser en réformateur mal aimé, en qui personne ne semble réellement croire, mais qui pourtant possède de nombreuses idées.
« Je fais ce que je peux, pour apporter ma pierre à l’édifice colossale qu’est mon héritage. »
Oui, ton héritage. Je le ressens en toi, cet héritage transpire par tous les pores de ton être, et tu y fais honneur, sans tomber dans la redite de l’ancien que tu représentes. Plus qu’un remake, je te considère comme une réécriture de gameplay de ton ancêtre d’origine, celui par qui tout à commencé. Tu aurais même pu devenir un nouveau début, mais il semble que l’avenir donne tort à ce fait.
« Peut-être n’ai-je pas été assez bon pour amorcer la véritable révolution, mais j’ai posé quelques bases qui seront utilisées par mes cadets. Je n’ai jamais eu l’ambition d’être celui qui changerait la face de ma licence. Après tout, ne suis-je pas décrit que comme un moyen d’introduction d’un nouveau public, à ce qui a fait le succès de ma licence ? Il serait ridicule d’avoir une ambition supérieure à celle là. »
J’en conviens, mais tu as pourtant réussi, au moins pour moi, à apporter quelque chose d’étrange, une fascination pour ce que tu aurais pu apporter. Toi, le spin-off en qui personne ne croyait, a décidé d’apporter la possibilité de voir les Pokémon directement sur l’écran. Tu as amené une façon nouvelle de capturer, brisant la monotonie des captures dont nous sommes tous habitués. Tu ne t’es même pas contenté de t’appuyer sur le contenu de ton ancêtre à qui tu rends hommage, mais a ajouté des combats intéressants, un petit défi lorsque nous sommes arrivés à ta fin.
Évidemment, tu ne t’intéresse pas à l’histoire que tu proposes, tu n’es qu’un voyage initiatique banal en quête des huit badges, possédés par les huit champions d’arènes d’origine. Tes personnages n’ont que peu d’intérêt, bien que tu te permette le luxe de les avoir redesigné avec un certain talent. À nos yeux, tu offres une redécouverte de la région de Kanto sous un jour meilleur que nous ne l’avons jamais eu, et à nos oreilles, une réorchestration des mélodies qui ont bercé nos oreilles de chérubins.
« J’ai fait tout ce qu’on m’a demandé, en ayant conscience que je ne pouvais rien être de plus. Pourtant, je sens que j’ai été le commencement d’un changement. Mon premier cadet, Épée et Bouclier, n’a hélas pas suivi mon héritage, bien qu’il ait tenté à sa manière d’amener une ouverture plus grande, échoué certes, mais un essai que je vais honorer. Mais celui en qui nous devons porter nos espoirs, est Légendes Arceus. Moi, je ne suis qu’une parenthèse dans l’histoire de la licence, un héritier fidèle qui sera rapidement oublié. Mais lui, a tout ce qu’il faut pour démarrer une véritable révolution. Il n’est qu’un début, mais j’espère qu’il inspirera des héritiers d’une ambition encore nouvelle. Il n’est pas facile de se mettre sous les feux des projecteurs d’une licence si installée, adorée, voire idéalisée, qu’on ne pointe constamment que nos défauts, sans s’attarder sur nos qualités. Mais je me tiens là, debout. »
Et je te félicites, d’avoir eu l’audace d’essayer. Je t’estime, sans t’adorer. Tu m’as amusé, bien que je regrette certains de tes défauts, qui ne te sont pas réellement imputables.
« De quoi parles-tu ? »
Du support qui t’as vu naître, cette console qu’est la Nintendo Switch, que je peux adorer comme détester. Mais de la mauvaise idée que tu as eu, de reposer ta jouabilité sur des contrôleurs, ces Joycon, majoritairement défectueux. Vois-tu, j’aimerais passer encore du temps avec toi, mais aucun de ces petits gadgets, camelote insensée à un prix indécent pour la qualité de production, ne fonctionne chez moi. Je n’ai plus que des contrôleurs non officiels, ne possédant pas la reconnaissance de mouvement nécessaire pour profiter de toi. Lorsque je me retrouve sur ton écran d’accueil, je n’ai simplement pas le droit de jouer, car je ne peux pas, et je refuse de toute façon, de repayer pour ces jouets défectueux qui me coûteront encore un bras.
« Je m’excuse, et j’espère que nous ne referons plus l’erreur. »
Je l’espère aussi. Bien que nôtre séparation soit amère, je n’oublie pas les bons souvenirs nostalgiques dans lesquels tu m’as replongé. Je goûte peu à la nostalgie, mais ta licence, ton héritage, est un des rares qui me rappelle mon enfance, où l’innocence était encore de mise. Nous ne nous reverrons peut-être jamais, mais tu resteras dans un coin de ma mémoire, comme beaucoup de ces jeux qui ne me marqueront pas, mais que je remercie malgré tout d’exister.
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