Portal 2
8.4
Portal 2

Jeu de Valve et Electronic Arts (2011PC)

Fly me to the Moon, let me play among the stars

En 2007 sortait l'Orange Box, une compilation incontournable remplie de jeux qui ne l'étaient pas moins. En plus des indispensables déjà bien identifiés il y avait une petite surprise, un bonus aux qualités insoupçonnées, ce "petit jeu" c'était Portal, titre astucieux mêlant plateforme, vue subjective et humour décalé. La renommée du titre n'est plus à faire et le soutient médiatique (couveture de magazines, vrai faux-site internet, avalanche de trailers, le pack Potato, annonces à l'E3, etc...) de Valve pour cette suite prouve que les choses ont changées : Portal 2 est un blockbuster, il est attendu, il est espéré, il génère autant d'espoirs que de craintes. Quatre ans après la bonne surprise, Portal réussit-il à frapper aussi fort ?

Les bases du gampelay restent inchangées avec ce pistolet permettant de contrôler et déplacer les entrées et sorties de portails que l'on crée dans le décor, sur certaines surfaces. On fait ainsi naître notre chemin dans les niveaux pour trouver des issus ou pour déplacer des objets afin d'activer des mécanismes. Mais en bonne séquelle qui se respecte Portal 2 apporte son lot de nouveauté. Pas dans la maniabilité à proprement dit (Portal Gun identique, saut, marche, straff, free look) mais dans les mécanismes rencontrés. On trouvera donc des barrières artificielles, des tunnels mouvant dont on peut changer le sens de progression et surtout un système de gel assez fun.
Il y a 3 sortes de gel : un pour sauter plus haut (dépendant de la hauteur à laquelle on arrive dessus), un pour courir plus vite (dépendant de la longueur recouverte de gel) et un pour transformer un surface "neutre" en surface pouvant accueillir des portails. La combinaisons de ces trois éléments offre des puzzles bien marrant et qui renouvellent bien les possibilités. Répandre du "gel sautant" sur des tourelles ennemis pour les voir rebondir aux quatre coins de la pièce est d'une cocasserie intarissable.

Renouveler le gameplay sans le dénaturer, une mission délicate mais remplie avec brio.
Cependant la multiplication des mécanismes a un petit effet pervers, à savoir qu'aucun n'est réellement exploité à fond.
Si Portal ne proposait, grosso modo, que les portails, il avait le mérite d'en explorer toutes les facettes. Ainsi le jeu proposait certaines salles exigeantes d'un point de vue timing et réflexe donnant à certaines situations un côté critique lors de l'execution.
Ici, rien de tout ça. Même avec 2 de tension on peut s'en sortir facilement. Si certains mécanismes sont plus durs que d'autres à trouver (dans le sens : où son-ils ?), cela ne dure jamais longtemps. Une fois le chemin révélé l'exécution, elle, ne requiert que peu d'adresse (fini les ouvertures en cascade de portails en plein saut par exemple), la grande majorité des salles étant faite pour être recommencées "vierges", au cas où.
Un manque de challenge vraiment dommage pour une licence qui souffrait déjà d'une trop grande facile. Outre le gamer qui ne sera pas vraiment taquiner sur son skill, le vrai problème est qu'une fois terminé, le jeu n'a plus d'intérêt. Les salles étant bien trop petites pour poser longtemps le problème du souvenir du cheminement.

Cependant Portal 2 arrive à offrir son lot de moments mémorables, à l'image d'un final vraiment excellent même si, là encore, un poil trop facile. Car s'il y a bien un défaut que Portal 2 n'a pas hérité de son aîné, c'est sa durée de vie. En effet Portal laisse la désagréable sensation de s'arrêter pile quand l'histoire décolle vraiment, laissant un réel sentiment de frustration planer lors de l'excellent générique de fin.
Les développeurs semble en avoir bien conscience puisque les 5 premiers chapitres (sur 9) de portal 2 reprennent la structure de Portal 1. Sauf qu'après un rebondissement parodiant (de belle manière) le final de Portal 1, le jeu continue et nous emmène plus loin, dans le coeur et le fonctionnement d'Aperture Science (le laboratoire qui retient notre avatar prisonnier et qui lui fait subir des tests).
L'occasion pour le jeu de varier ses décors et d'approfondir l'univers, le tout d'une façon naturelle et fluide. Les ambiances sont toujours aussi soignée et le moteur source, même s'il accuse son âge sur les texture, a encore de très beaux restes. Il faut dire que la direction artistique est d'une solidité sans faille, esthétiquement difficile de ne pas être intrigué par cet univers froid et vertigineux.

L'occasion aussi de rencontrer de nouveaux personnages. Glados ne sera plus notre unique interlocutrice puisque nous pourront faire la connaissance de Whitley et de Cave Johnson.
Le premier est un ordinateur pas très malin dont le fort accent anglais lui donne un aspect timoré attachant. Un personnage fort sympathique qui s'intègre plutôt bien dans l'univers de Portal et qui bénéficie des meilleurs dialogues du jeu.
Cave Johnson, lui, est moins réussi. On sent poindre une volonté de parodier Bioshock sous cet autoritaire capitaine d'industrie mais la sauce ne prend pas vraiment. Ses dialogues sont trop évidents, trop forcé, trop encombrant pour offrir l'effet escompté. Les chapitres 6 et 7 étant principalement concentré sur lui, ils passent du coup plus difficilement que le reste du jeu.
Glados, quand à elle, est le personnage qui jouit du plus grand approfondissement mais pas forcément toujours pour le meilleur.
Si le personnage fonctionnait si bien dans Portal c'était parce qu'il était complètement détaché des considérations humaines, elle avait un regard froid et distant sur ce qui se passait, sur ce qui pouvait nous arriver. Désormais la figure robotique s'humanise et convainc moins. Elle convainc d'autant moins que Whitley remplit déjà parfaitement le rôle du robot à réaction humaine. Glados essaye par exemple de faire des blagues et si elles tombent à plat exprès, le fait qu'elles tombent à plat... tombe à plat (compliqué, hein ?).
L'envie, le besoin même, de placer de l'humour coûte que coûte se fait sentir.
D'une manière générale l'humour se fait d'ailleurs moins subtil. L'humour noir et grinçant fait place à la farce frontale et parfois pachydermique. Bien sûr il reste toujours de grands moments d'écriture drolatique (comme ce fabuleux scanner de test pour les tourelles ! Moment de pure absurdité délectable) mais ils sont un peu dilués dans des vannes un peu poussives.

Que l'on ne s'y trompe pas, Portal 2 est un bon jeu avec un univers fascinant, des mécaniques de jeu bien trouvée et une belle finition. Pour le puceau de la licence cet épisode risque d'être une sorte de révélation car il a su garder l'ingéniosité et la personnalité du concept. Le contenu est là, le mode coop offre de grands moments d'hilarité (propulser son partenaire dans une presse géante parce qu'on a mal évaluer les timing est incroyablement fendard !), l'aventure nous offre son lot de révélations, il y a des passages destinés à être culte, on le finit d'une traite... bref Portal 2 est un bon jeu, un jeu très réussi même. Cependant difficile de ne pas être un peu déçu par les régressions du titre par rapport à son aîné (l'écriture plus flottante) ou par rapport à son potentiel (l'absence de challenge, mode coop compris). Une frustration qui est sans doute la rançon d'un titre qui chatouille les sommets sans réussir à les atteindre complètement.

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le 28 avr. 2011

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