"Post Void" est un FPS bien singulier. Le joueur est plongé dans des niveaux constitués de couloirs interminables, tapissés de motifs psychédéliques aux couleurs criardes. Le concept est simple : votre vie ne cesse de s'écouler toute seule. Pour éviter de voir votre existence s'arrêter, vous devez traverser les niveaux le plus vite possible en éliminant au passage les ennemis, chaque meurtre rajoutant quelques secondes à votre escapade. Entre chaque niveau, une sélection de bonus ajoute un caractère singulier à votre run.
L'intérêt du jeu est peut-être ce stade atteint dans les derniers niveaux, où la vitesse est telle, les stimulations visuelles et sonores si nombreuses que le jeu finit par devenir à la fois grisant et insupportable. Tel un rêve fiévreux nous nous retrouvons comme en pilotage automatique, perdant complètement la capacité de réflexion. Notre être est réduit à un pur ensemble de réflexes animaliers.
Nous ne savons pas vraiment pourquoi mais pour peu que cela soit notre délire, on y retourne, on en redemande malgré la légère souffrance qui constitue l'expérience.
"Post Void" pourrait être pris comme une étrange métaphore de l'existence. Ceux pour qui le sentiment de la vie est bien difficile à acquérir peuvent choisir une existence intense, remplie de stimulations, où la machine semble être sans cesse relancée. Cela peut fonctionner jusqu'à un certain point, mais la vie doit-elle nécessairement se mesurer en termes d'intensité ? Il n'y a rien qui vient habiller la quête effrénée de "Post Void" : le scénario est incompréhensible. L'univers n'a aucun développement. Même les ennemis sont à peine identifiables. Cela rend l'objet encore plus vain, encore plus radical et intéressant.
Par son minimalisme réfléchi et la justesse de son propos, "Post Void" est une expérience réellement fascinante. Encore faut-il être sensible aux problématiques qu'elle aborde.