[Jeu&Joueur] Crise d'ado : the Video Game

Dans votre famille, vous avez souvent les mêmes personnes. Vous, bien évidemment, qui vous vous considérez comme la seule personne sensée de votre dynastie. La Maman Valve, qui est pour vous la meilleure cuisinière au monde et la personne qui vous sera toujours le plus fidèle. Le père Activision, qui essaye de vous faire plaisir, en échouant toujours dans sa ringardise résistante. La soeur Ubisoft, qui était sympa quand vous étiez petit, mais qui désormais vous casse un peu les couilles malgré quelques efforts non négligeable pour vous montrer qu'elle ne fait que vous taquiner.

Et puis il y a votre frère, Running with Scissors. Il porte un tee-shirt des Sex Pistols, envoie chier le monde dans un rayon de dix mètres, semble mâcher le même chewing-gum depuis ses quatorze ans et ne louperai au rien au monde un épisode d'American Dad.

Et bien, figurez vous que votre frère à fait un jeu, avec les moyens du bord.

Le héros est comme lui, mais avec une copine et des flingues. Le Postal Dude, comme il l'a nommé, batifole dans une ville en open-world où il doit s'acquitter de tâche banales. Mais votre frangin, il a pas prévu que des shotguns et des pelles pour dézinguer du civil innocent à tout va. Bidons d'essences, ciseaux de lancer et surtout chat-silencieux (entre autres) sont de la partie pour qu'il assouvisse enfin ses fantasmes et ceux des "gens comme lui". Lui qui vous disait au moins une fois par semaine qu'il "pissait sur la police", vous savez qu'il peut le faire en toute sécurité.

Il se trouve qu'un jour, vous jouez à ce jeu après invitation de votre frère, qui vous demande quelque chose pour la première fois depuis au moins six mois. Il vous demande de dire franchement et sans hypocrisie ce que vous en pensez.

Dans la tête vous vient alors un tas de critiques: Moche, Vide, Lassant, Assez Limité, Sans Réelle Âme. Putassier

Mais vous sentez le piège. Si vous dites tout cela assez sèchement, il ne va pas l'accepter comme une réponse objective. Il vous faut donc des termes à la fois encourageants et critiques.

Alors vous vous retournez vers lui et lui dites :

"Le jeu, c'est toi. Ya des choses que j'aime, d'autres que je n'aime pas. Mais c'est ton jeu, et c'est ça qu'est bien. Ptet que tu te demandera dans quelques années pourquoi tu as pondu une merde pareille, que tu le trouvera peut-être d'une maturité naïve. Mais c'est ton jeu, et c'est avant tout un gros délire fait par toi, pour toi. "

Et ça, vous le pensez vraiment. Bref, même si vous n'êtes souvent pas d'accord avec lui, vous aimez votre frère parce que c'est votre frère, en sachant que ceux qui ne l'aiment pas vous le reprocheront. Ce qui compte pour vous, c'est que votre frère vous a donné le plus beau des cadeaux : un jeu dans lequel vous pouvez rentrer dans sa tête.