Prince of Persia par Yilduz
Les critiques qui se sont levées à la sortie du jeu pour en dénoncer l'easy gaming ne m'avaient pas particulièrement convaincu : je ne voyais a priori aucun inconvénient à ce que les game over soient remplacés par de rapides retours au dernier checkpoint sans rompre le rythme du jeu. Sauf que concrètement, comme le principe est illimité et que les check points sont légions (chaque plate-forme stable), le procédé enlève toute pression sur le joueur. Dans la trilogie précédente, l'utilisation des sables du temps permettait de revenir sur une erreur commise sans se taper de game over lourdingue, mais l'astuce était limitée en nombre d'utilisations. Le problème n'est pas tellement qu'on soit frustré dans nos penchants masochistes, mais plutôt qu'on ne craigne jamais vraiment rien pour les personnages, et que disparaisse du coup tout sentiment de vertige, de fragilité ou de pression pendant les acrobaties qu'on effectue. Ce trop de confort est accentué par de trop nombreux indices visuels dans les décors sur la voie qu'on doit suivre, chaque paroi devant être empruntée étant par exemple striée de marques bien visibles, tronquant une partie de la magie et du plaisir de l'exploration.
Malgré tout il y a bien exploration, le monde est vaste, magnifique, varié, l'OST (que je viens d'acheter) fait son travail, et la liberté qu'on a de visiter les différentes parties du monde dans l'ordre que l'on souhaite, sans temps de chargement, sans cogner contre un quelconque mur invisible, procure un réel sentiment d'évasion. Le charme du jeu bénéficie aussi d'un couple de personnages principaux attachants, aux dialogues parfois bien vus, surtout en VO. L'écriture est séduisante dans tout un tas de moments sans importance où les personnages bavardent, se taquinent et apprennent à se connaître. En revanche tout ça devient particulièrement maladroit quand on rejoint l'intrigue principale, convenue, pauvre, et qui demandera de sacrées doses d'indulgence pour ne pas arracher des soupirs de consternation.
Mais je ne bouderai pas le plaisir que j'ai pris à arpenter ce jeu, à flâner dans ses beaux paysages, plaisir facile dans tous les sens du terme, dont la poudre aux yeux m'a enchanté quelques belles heures.