Prodeus (2022), mais quel plaisir ! Quel plaisir ! Développé par Bounding Box Software, Prodeus est un jeu de tir « néo-rétro » reprenant tous les codes des Doom like des années 90 tout en lui donnant un aspect visuel moderne. J’ai terminé la campagne solo (en difficile) en une douzaine d’heures environ et honnêtement, j’ai pris beaucoup de plaisir à parcourir les différents niveaux proposés. Vous incarnez une sorte de Doom Guy anonyme sur une planète extraterrestre et l’objectif est d’avancer tout droit vers la fin du niveau en détruisant tous les aliens sur votre chemin. Voilà, c’est pas compliqué. Il y a bien une histoire mais celle-ci est anecdotique. En revanche côté gameplay et level design on frôle la perfection pour le genre. Pour la partie maniabilité, « dynamique » est l’adjectif qui colle le mieux à la situation même si au départ vous ne serez pas en mesure d’aller où vous voulez provoquant une frustration nécessaire chez le joueur et l’incitant à la rejouabilité.
Prodeus est bourrin, très bourrin, comme l’exige le genre : on pose le cerveau, on avance lance-grenades en main et on détruit du mutant. Les armes sont nombreuses (près d’une quinzaine) et jouissives à l’utilisation notamment grâce à la possibilité de viser au clique droit (plutôt original pour un Doom like) ou de bénéficier d’un deuxième mode de tir changeant radicalement le gameplay. Par exemple le fusil à plasma sur son clique droit vous permet d’accrocher un fil électrique entre votre arme et votre cible ainsi vous ne pouvez plus rater la cible même si vous êtes imprécis, les balles suivront ce fil jusqu’au monstre.
Vous aurez la possibilité au cours de la partie d’améliorer les capacités de votre personnage notamment en lui permettant de faire des doubles sauts ou de faire une ruée en avant. Il sera également possible d’augmenter sa capacité de stockage des munitions ou de débloquer tout simplement de nouvelles armes en dépensant des runes à la boutique (c’est une boutique en jeu, rien de putassier messieurs). Comme tous les jeux à l’ancienne type Doom ou Quake, les niveaux parcourus sont truffés de secrets à découvrir : armes cachées, armure et bonus divers, runes (les fameuses permettant d’acheter des objets à la boutique), carte complète du niveau en cours etc. Certains secrets sont très difficiles à trouver et convoqueront vos neurones ou feront appel à votre persévérance. Comme évoqué un peu plus haut, vous aurez ainsi tout le loisir de refaire les niveaux déjà explorés afin d’obtenir, si le cœur vous en dit, tous les bonus inaccessibles et obtenir le Saint-Graal du joueur : le 100%. D’ailleurs, à ce sujet, je recommande à mes lecteurs d’acheter dès que possible le double saut, ne faites pas comme moi l’erreur de dépenser vos premières runes dans une arme dès le départ. A cause de cela, j’ai débloqué le double saut tardivement. Combien de fois suis-je passé devant des bonus inaccessibles à cause de cela…
Mais selon moi, le plus réussi encore, reste l’aspect visuel. En effet, Prodeus est de toute beauté. Oui ça pixellise mais que c’est stylé ! Le rendu 3D à l’ancienne des niveaux couplés à la 2D des ennemis et/ou objets à ramasser rend merveilleusement bien. J’adore ce côté « néo-rétro » n’empêchant en rien d’afficher de superbes effets de lumières tout à fait contemporains, des effets d’éclaboussure de sang ou de lave du plus bel effet, un rendu des textures agréable à l’œil… bref, Prodeus est beau malgré son côté « old-school » assumé. Les développeurs sont parvenus à rendre parfaitement hommage aux jeux de l’époque en réussissant le tour de force d’être novateur tout en respectant l’esprit des jeux d’origine. Par ailleurs, il est possible de personnaliser l’expérience Prodeus dans les options en choisissant par exemple de passer des ennemis en 2D (par défaut) en 3D. Les animations ne sont pas en reste et reflètent également cet état d’esprit en particulier les mains de notre personnage et son armement visible en bas à droite de l’écran. Les animations sont légèrement saccadées renforçant l’aspect rétro mais offrent un très beau rendu de la puissance des armes, le tout souligné par des effets de lumière particulièrement réussi (je pense au fusil sniper).
Enfin le level design des niveaux complètement dans l’esprit des jeux d’antan, c’est-à-dire un savant mélange d’arènes de combat, de phases linéaires ou de plateformes, de puzzles (oui oui) et d’exploration. J’ai trouvé la progression dans les niveaux très satisfaisante, trouver un bonus ou un secret se vit comme une récompense pour ceux qui auront la patience de chercher. Sur le plan visuel, les niveaux oscillent entre base spatiale futuriste, décor apocalyptique de lave ou radioactif, zone naturelle désertique rien de très original qu’on n’est pas déjà vu. Puis vers la fin, les environnements changent radicalement et la direction artistique prend une tournure sympathique rappelant un certain DeadCore (2014). Je n’en dis pas plus pour garder la surprise.
En conclusion, ce Prodeus est une véritable pépite pour tous les amateurs de FPS à l’ancienne. Si vous aimez les premiers Doom (et même les derniers épisodes sortis en 2016 et 2020), si vous appréciez Quake, ou Wolfenstein clairement Prodeus est un jeu à faire. Il est un hommage magnifique aux premiers FPS de l’histoire du jeu vidéo oscillant entre respect de l’esprit d’époque et modernité visuelle ou mécanique (grâce aux doubles fonctions des armes et à la possibilité de viser). Par ailleurs, quel plaisir de parcourir un jeu linéaire, relativement court dans sa campagne (je n’ai pas parlé du multijoueurs ou du créateur de niveaux en ligne) qui va à l’essentiel et nous contraint pas à 40 heures d’errement et de répétitions infinies. Définitivement un coup de cœur pour moi cette année. Un plaisir coupable à servir saignant, voire bleu.