À poêle !
Il faut énormément se méfier des jeux à la mode. Ils peuvent être extrêmement bons comme terriblement décevants, et en général ils penchent plutôt sur le mauvais côté de la balance. De son ignoble...
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le 21 août 2017
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Rarement vu un jeu faire aussi polémique. Malgré un chiffre de vente record à travers le monde avoisinant les 50 millions d'exemplaires et les centaines de milliers de vidéos publiées par autant de joueurs sur toutes les plateformes célèbres (créant ainsi un véritable phénomène de mode, pour ne pas dire un raz-de-marée), Player Unknow's Battlegrounds demeure un jeu moyen à la très mauvaise réputation. A son crédit, il est vrai que PUBG a démocratisé le genre du battle royal en poursuivant avec brio le travail d'H1Z1 dont il s'inspire très largement. Cependant il est clair que le rachat par le studio coréen et l'ivresse du succès n'ont pas aidé à la finalisation du jeu. Cela ne m'a pas empêché pour autant de succomber à la dynamique et d'acheter le jeu pour tenter quelques parties avec des amis.
Première chose qui me vient à l'esprit : quoiqu'on en pense, PUBG est un jeu fun à plusieurs et incroyablement addictif. Un succès planétaire comme ce fut le cas n'arrive jamais complètement par hasard, faut pas déconner. La frustration reste le moteur principal du jeu. Disons qu'on reste toujours sur sa faim, c'est très habile. Dès qu'une partie s'achève, on veut à tout prix retenter pour mieux faire. La frustration de faire peu voire pas de kill renforce cet aspect comme jamais. Je me suis surpris après plusieurs mauvaises parties de PUBG de lancer CS.GO pour buter des gens parce que j'en étais incapable sur PUBG. Ah oui, c'est limite médical là ! Bref, vous l'aurez compris le jeu rend accro en jouant sur les ressentis du joueur et les promesses d'une meilleure partie. Graphiquement, c'est correct sans être transcendant non plus. Beaucoup de copier-coller dans les décors, des intérieurs (maisons, bâtiments) peu inspirés, aucune interaction avec l'environnement si ce n'est les portes et les véhicules. Il faut vraiment se contenter du minimum syndical. La maniabilité est convenable malgré la pléthore de touches à paramétrer. Je revendique que jouer à la troisième personne est absolument immonde puisque, de fait, ça oblitère complètement le principe d'un jeu de shoot dans des décors réalistes. Si on peut voir quelqu'un au détour d'un couloir ou à l'extérieur d'un bâtiment simplement en bougeant la caméra, à quoi bon se faire chier à créer une map de cette taille là. Les gars, jouer à Quake 3 Arena, ça ira plus vite ! Personne ne se planque, tout le monde au lance-roquettes et en avant Guingamp ! C'est subjectif, je sais, mais clairement je ne supporte pas de jouer dans ces conditions. Heureusement, vous avez la possibilité de joueur en vue FPS avec des joueurs ayant pris les mêmes dispositions. Après il ne faut pas être allergique à la campouze. Il vaut mieux prévenir que guérir, les amateurs d'action et shoot à la Doom, vous n'êtes pas les bienvenus ici. Dans beaucoup de cas, une partie de PUBG se résume à un simulateur de randonnée qui s'interrompt brutalement par un tir venu d'on ne sait où et qui vous oneshot. Vous la sentez la frustration là ? On aime ou pas, à vous de voir.
Le plus gros problème de PUBG reste son développement chaotique. Honnêtement, l'équipe de développeurs de chez Bluehole (les coréens qui ont racheté PUBG Corporation) sont les pires mercenaires de l'histoire du jeu vidéo. Une équipe constituée d'incapables dont les moindres choix sont contestables par la logique la plus élémentaire. Ils n'ont aucune pudeur, aucune décence vis-à-vis de l'immense communauté bâtie autour du jeu. Leur seul et unique objectif : faire du fric, engranger des dividendes et saigner le jeune con-sommateur avec des caisses d'armement merdiques. Parce que PUBG, considéré par beaucoup comme le roi auto-consacré du battle royal, est aussi le roi auto-proclamé des bugs, de l'optimisation médiévale à coup de hallebarde, des mises à jour de 16 gigas tous les trois jours pour corriger trois merdes qu'aucun des 1 million de joueurs quotidien n'est capable de détecter in game ou encore du net code honteux et des serveurs à la latence et stabilité qui ferait passer la Russie pour l'El Dorado. Et ça veut devenir E-Sport ? Inutile de rentrer dans les détails concernant tous les problèmes, il y en a trop. J'ai jamais vu ça de toute ma vie. Les mecs te sortent une maj quasi quotidiennement mais c'est toujours pour promouvoir leurs caisses de merde avec son lot de clés à 2€50, des parachutes à 5€ ou des événements minables et sans intérêt. Il y a tous les jours des centaines et des centaines de messages de la part de la communauté Steam demandant au développeurs de corriger la tonne de bugs et d'approximations qui entachent réellement le gameplay ou tout simplement d'améliorer les performances du jeu qui a le culot d'être à la fois moche et gourmand mais non les gars te sortent sans sourciller des événements pourris, des cartes pour s'entraîner (mais qui a demandé ça ???) ou de nouvelles caisses. Le jeu coûte 30 € (multipliez ce chiffre par plusieurs dizaines de millions s'il vous plaît), ils vendent des saloperies en masse tous les jours mais pas foutu de payer trois développeurs compétents pour optimiser dans des délais raisonnables le jeu. On appelle cela du foutage de gueule. Résultat, PUBG est passé en six mois de près de 3 millions de joueurs quotidien à 1 million voir 900 000 par jour avec une appréciation des plus déplorables. Et ne compter pas sur moi pour les plaindre, ils ont ce qu'ils méritent. Bluehole porte bien son nom : un gouffre à pognon sans fin.
Enfin je terminerai par quelque chose qui m'a vraiment choqué, c'est lorsque les développeurs ont supprimé la possibilité de choisir sa carte afin d'obliger les joueurs à jouer sur Miramar (le désert). Vous savez la carte de 16 km² que personne ne joue tellement elle est immense et inintéressante ? Bah rien que pour te faire chier, Bluehole te force donc à la jouer en t'empêchant de sélectionner la carte au moment de lancer la partie. Bien entendu tout cela aux dépens des joueurs qui de toute façon n'ont pas leur mot à dire et peuvent bien aller se faire enc***. Je vous le dis, un tel mépris, un cynisme d'un tel niveau ça en devient presque de l'art.
PUBG c'est un peu comme l'art contemporain : on te vend un concept soit disant génial et révolutionnaire mais doté d'une réalisation à chier. Et ça fait du fric à plus savoir quoi en foutre. Belle allégorie de la modernité, n'est-ce pas ? Nous vivons une époque formidable où l'industrie du jeu vidéo n'a jamais eu autant de fric pour réaliser des productions de qualité mais où la grande majorité des jeux sont médiocres voire minables. La technique et l'argent ne font pas tout quand on les met entre les mains d'imbéciles cupides et arrivistes. Oui, c'était mieux avant. Gardez-vos trente euros et aller vous payer un livre, sur votre lit de mort, au moment de faire le bilan de votre vie passée, vous me remercierez pour ce précieux conseil.
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Créée
le 30 août 2018
Critique lue 368 fois
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