Puppeteer
6.9
Puppeteer

Jeu de SIE Japan Studio et Sony Interactive Entertainment (2013PlayStation 3)

L'originalité, la plateforme 2D, les univers colorés et la narration, ce sont des concepts qui me parlent. Bref, Puppeteer est un jeu que j'ai beaucoup attendu. D'abord un peu sceptique quant à l'intérêt ludique de la bestiole, je me suis laissé conquérir à coups de trailers, tous plus beaux les uns que les autres. Si je ne me le suis finalement pas procuré à sa sortie, les retours étaient globalement bons, et j'étais heureux qu'un jeu que je pensais aussi ambitieux soit réussi. Autant vous dire qu'en m'y lançant un an plus tard, le choc et la désillusion furent rude...

Puppeteer est très beau. Oh, il ne rivalise bien sûr avec aucun jeu UbiArt, mais à mon sens le fait que chaque niveau soit une scène de théâtre qui se plie et se déplie à l'arrivée et au départ est une petite prouesse technique. La direction artistique est top, la musique signée Patrick Doyle est réellement excellente, l'humour souvent drôle et pertinent, l'ambiance parfois plus sombre qu'attendue, et le gameplay relativement original. Mais alors, qu'est-ce qui pèche ?

C'est bien simple, pour chaque point positif précité Puppeteer s'en trimballe au moins deux négatifs : oui le jeu est beau, l'ambiance cool et la musique énorme, mais qu'est-ce que tout cela face à un rythme aussi haché, aussi raté ? Le narrateur et Pikarina parlent beaucoup, des fois un peu trop mais globalement ça ne m'a pas dérangé... quand c'est in game qu'ils blablatent ! Dès qu'on doit affronter une cinématique (environ toutes les 2min maximum), la lassitude pointe le bout de son nez. Et elle pointe vite, très vite. Dès le premier acte en fait.

Parallèlement, le gameplay se réduit à seulement DEUX mécaniques : celle qui permet de changer de tête et d'accumuler des cristaux pour gagner des vies, finalement inutile vu la facilité globale du jeu ; et l'utilisation des ciseaux magique, qui consistera grosso modo à bourriner Carré. Voilà voilà. Alors à la lassitude des cinématiques s'ajoute celle du gameplay, bien pire. De plus, le level design ne suit absolument pas, répétant de courtes portions de niveau à l'infini. Les tableaux seront soit trop courts, soit ils seront longs et se répèteront (même le narrateur s'en moque lorsqu'on chevauche le serpent géant, c'est dire). En résulte un rythme fait de courtes séquences de gameplay inintéressantes et de cinématiques trop longues aux enjeux trop bateaux pour qu'on s'y intéresse vraiment.

Alors oui, l'intérêt est de temps en temps relancé. On débloquera ainsi la possibilité d'utiliser un grappin ou une bombe, mais ça reste très basique. À côté de ça, les sauts sont imprécis et peuvent rendre les quelques phases de plateforme un peu frustrantes. Les différents mondes sont inspirés et c'est toujours un plaisir de les découvrir (mention spéciale à celui inspiré d'Alice, juste excellent, probablement mon préféré), mais le jeu semble quand même trop long. Il m'était impossible de faire plus de deux rideaux par session de jeu (il y a 7 actes de 3 rideaux chacun, chaque rideau durant entre 30 et 45 minutes) tant je finissais par tomber dans un terrible état léthargique.

Pourtant je voulais l'aimer ce Puppeteer, et je l'ai aimé, ponctuellement. Tous les moments où on ne joue pas sont vraiment bons, le problème est que Puppeteer reste un jeu vidéo, et un jeu vidéo très, très moyen. Je ne suis pas contre les jeux dont le gameplay est faible tant qu'ils me permettent de vivre une super expérience. À ce titre, j'ai adoré Heavy Rain et ai beaucoup aimé Beyond ou encore Dear Esther, malgré leurs défauts. Comme je le disais plus haut, j'aime l'aventure et le narratif tant qu'il y a un rythme, un enjeu. Le soucis, c'est que dans Puppeteer l'aventure peine à passionner. Oui, chaque nouveau monde est cool, mais on sait à chaque fois que Kutaro, notre héros, va battre le méchant, récupérer son fragment de pierre de lune et passer au monde suivant. Au final, au-delà de ses ambiances, le seul intérêt de l'aventure réside dans des dialogues des fois bien recherchés (j'ai adoré la divagation sur la destruction de la forêt par exemple) et un fond à double niveau de lecture (même si pas bien profond) sous couvert de narration enfantine.

Pour moi, Puppeteer restera quoiqu'il en soit une immense déception. Bloqué dans un gameplay basique qui n'arrive jamais à passionner, il démontre que la forme n'est rien sans le fond. Le fond peut être simple du moment qu'il est maîtrisé (The Walking Dead), mais il doit être présent. Ceux qui arriveront à passer outre profiteront d'une chouette séance théâtrale. Les autres, dont je fais tristement partie, pleureront un amer gâchis.

Mon gentil petit pantin de bois,
Apporte la joie autour de toi,
Fais rire aux éclats tous les enfants,
Fais sourire les parents.

Tu es joli,
Tu es sans voix.
Mais tes gestes sont trop maladroits.
Et je ne suis pas fier de toi,
Petit pantin de bois ...

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le 3 janv. 2015

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