Un véritable chef-d'oeuvre, un jeu à nul autre pareil

Attention chef-d’œuvre ! Soyez prévenus.

Pyre n’a rien à voir avec tout ce que vous avez pu faire jusque-là. Dire qu’il est original n’est pas suffisant. Supergiant Games a eu l’audace démentielle de lier un jeu narratif, centré sur les personnages et les dialogues, avec un jeu de sport. Et le pire, c’est qu’ils ont formidablement réussi.

Un jeu comme vous n’en avez jamais vu

Pyre vous emmène dans un univers comme seuls Supergiant Games peut en créer. Un univers plein de mystère, unique en son genre, un univers qui se dévoile au fur et à mesure et laisse votre imagination faire le reste. Vous voyagez avec les autres membres de votre caravane à travers les Bas-Fonds, lieu mystique où atterrissent tous les bannis de la société et, en suivant les étoiles, irez d’un lieu à un autre pour disputer les fameux Rites, sortes de compétitions sportives permettant aux bannis d’avoir une chance de retrouver leur liberté. Le jeu se présente sous la forme de dialogues avec les différents personnages pendant vos trajets, puis se transforme en jeu de sport lors de la dispute des Rites. On ne peut que saluer l’énorme prise de risque des développeurs, d’avoir osé mixer deux genres que tout oppose. Mais s’il faut bien admettre une chose, c’est que les deux pans du jeu sont tous deux très réussis.

Deux gameplays que tout oppose, et pourtant…

Les phases en caravane sont très agréables à jouer parce qu’elles nous permettent de mieux connaître les différents personnages qui nous accompagnent et de faire d’autres menues choses, (lecture du livre des Rites, gestion d’équipement pour les Rites...). J’imagine que, dit comme cela, vous ne comprenez pas en quoi c’est si bien que ça. Mais Pyre est un monument construit par la réussite de chacune de ses briques prises séparément. Et tous les aspects du jeu, dont je parle un peu plus bas, participent à la réussite du jeu. On ressent un véritable plaisir à suivre ces personnages auxquels on s'attache, voyager dans les Bas-Fonds au milieu de ces paysages mystiques tout en écoutant la formidable musique du jeu.

L’autre phase de jeu, les Rites, vous permettent de contrôler une équipe de 3 personnages qui vont avoir pour objectif de jeter l’orbe dans le brasier adverse jusqu’à le réduire à néant. En gros, on reprend le principe de base des jeux de ballon que l’on connaît. Ces phases de jeu sont dynamiques et très intéressantes à jouer. Chaque personnage dispose d’une maniabilité et de compétences propres et vous devrez tenter d’utiliser à bon escient les subtilités de chacun pour vaincre vos adversaires. Chaque Rite est assez rapide puisqu’il se dispute en quelques minutes (comptez 5 à 10 minutes en fonction de la difficulté). Je ne suis pas spécialement intéressé par les jeux de sport, mais j’ai vraiment adoré disputer les Rites. C’est stratégique, c’est très prenant et particulièrement addictif. Ils collent parfaitement à l’ambiance du jeu et revêtent un caractère sacré qui donne une toute autre ampleur à ce sport. Ce n’est donc pas simplement un mini jeu dans le jeu, comme le Blitzball de FF X. Même si ce dernier était également bien intégré dans le monde, c’était une activité secondaire et optionnelle la majeure partie du temps. Ici, c’est au cœur de l’univers et de l’histoire. Tout ce que vous ferez dans le jeu, ce sera en prévision des Rites, puisque vous pourrez libérer vos compagnons si vous réussissez. Comme je l'ai déjà dit, j’ai adoré ces phases de jeu alors que je ne suis pas fan de jeux de sport. Mais je pense qu’une personne qui n’aime pas du tout ce genre ne pourra pas apprécier de disputer les Rites. Si vous connaissez des exemples contraires, n’hésitez pas à m’en faire part.

Pyre est donc formé de ces deux gameplays que rien ne semble lier sur le papier. Les deux vous occuperont autant de temps dans une partie qui dure approximativement une quinzaine d’heures.

Mais il serait criminel de limiter Pyre à son simple gameplay

Si vous connaissez un peu Supergiant Games, vous savez de quoi je parle. On ne peut pas dissocier Pyre de sa musique, de son background ou de son design, tellement ils sont réussis et bien imbriqués les uns dans les autres.
La musique de Darren Korb est une totale réussite et glorifie Pyre dans tous les moments de jeu, que ce soit dans les Rites, dans les dialogues ou dans les autres phases de jeu. Les mélodies de guitare, de clavecin ou les titres chantés sont enchanteurs et forment l’une des plus belles BO qui je connaisse, sans aucun doute !

Le design du jeu que l’on doit à l’artiste de l’équipe, la très talentueuse Jen Zee, est là aussi une très grande réussite. Pyre est très coloré mais n’a rien de cartoon ou de caricatural. Les dessins sont justes et sont empreints d’un certain mysticisme tout en se permettant de temps en temps un certain côté décalé. Les dessins des personnages comme les environnements permettent d’appuyer le côté mystérieux, enchanteur mais aussi attachant que l’histoire et les dialogues revêtent déjà.
Les personnages, justement, sont tous extrêmement attachants et ont tous une histoire intéressante à raconter. Les liens entre eux se développent au fur et à mesure et certains, qui pourront vous paraître antipathiques ou inintéressants au premier abord vous montreront vite que vous aviez tort. C’est honnêtement un véritable plaisir de suivre ce qu’ils ont à se dire ou à vous dire. Sandra, Ti’Zo (ohhhhh le petit Ti’Zo !!!!), Oralech et bien d’autres, sont tous marquants, autant par leur dessin que par leur caractère ou leur histoire. J’ai aimé suivre ces personnages et ça a toujours été difficile de choisir de qui j’allais me séparer, car oui, le jeu vous oblige à vous séparer de vos compagnons les uns après les autres.

Quant à l’histoire et à l’écriture du jeu, ils réussissent à donner à Pyre un caractère unique, à créer un univers à nul autre pareil et à construire un monde à la fois riche, cohérent et parfaitement bien dosé en termes d’informations données au joueur.

D’aucuns peuvent penser que Pyre est répétitif et c’est tout à fait vrai dans une certaine mesure. Mais c’est une monotonie parfaitement maîtrisée, dans le sens où elle permet justement de créer des habitudes confortables, un rythme de jeu rassurant auquel on s’attache rapidement et qui, pour ma part, n’a à aucun moment été un défaut du jeu.

Comment conclure si ce n'est en disant que Pyre a été l'une de mes meilleures expériences vidéoludiques de ces dernières années ? Le jeu m'a envoûté dès les premières minutes comme peu de jeux l'ont fait et je ne m'en suis jamais lassé. Sa musique envoûtante, son esthétique unique et tellement réussie, ses personnages tellement attachants, son univers et son gameplay à nul autre pareil m'ont littéralement happé. C'est une expérience qui ne ressemble à aucune autre et un véritable tour de force de la part de Supergiant Games que je place désormais dans le panthéon des meilleurs développeurs du monde. Merci Supergiant Games, merci mille fois d'avoir créé ce monument du jeu vidéo.