QUBE (pour Quick Understanding of Block Extraction) est un jeu étrange. Lorsqu'on en gratte la surface, il n'est pas vraiment possible d'éviter Portal: puzzle-game à la première personne, univers aseptisé tout en nuances de gris... La ressemblance s'arrête pourtant là. On se retrouve au commandes d'un avatar dont on ne verra que les mains et les avant-bras, recouvertes d'un gant pouvant commander à des blocks de couleurs.
Dans les murs, sur le sol ou le plafond se trouvent régulièrement des blocs aux couleurs flashy qui contrastent très nettement avec les dalles blanches ou grises qui constituent les parois des salles où l'on évolue. En les visant, on les fait sortir d'un clic, et on les rentre d'un autre. Sous ce système apparemment simpliste se cache une grande richesse d'exécution: les blocs de différentes couleurs se comportent différemment, permettant de très nombreuses (et souvent ingénieuses) combinaisons d'énigmes.
Avec ces blocs, on va créer des plateforme et des tremplins, faire pivoter un mur pour rendre l'escalier accessible avant de le refaire pivoter vers la sortie, à moins que l'on ne se trouve face à un corridor où il va s'agir d'orienter une balle pour lui faire suivre le bon itinéraire, ou orienter des blocs par des jeux d'aimants ou de lumière... Bref, les défis posés par les différentes salles restent de nature très diverses tout au long du jeu, et les jeux avec les ombres et l'éclairage, la forme des pièces renouvellent agréablement l'atmosphère tout en restant fidèle à l'ambiance d'origine et en évitant d'avoir l'impression de toujours faire la même chose. Les différentes mécaniques sont introduites avec suffisamment de doigté pour que le joueur en comprenne le fonctionnement avant d'avoir à faire des manipulations complexes avec, et ces phases d'apprentissage tout au long du jeu sont d'autant plus appréciables; le gameplay sera toujours mis en place de façon à ce que la nouveauté suscite la curiosité, et que cette curiosité permette de comprendre les mécanismes.
Les quatre premières séries de salles se font très rapidement, et constituent plutôt une introduction progressive et bien fichue aux mécaniques du jeu, permettant d'appréhender des énigmes plus complexes avec sérénité. C'est dans les zones cinq à sept que les challenges les plus corsés vont se faire jour, et en une ou deux occasion pour de mauvaises raisons. En dehors d'une plateforme rudimentaire, QUBE fait très peu appel à la gravité, et pour cause: le moteur physique approximatif du jeu va rendre quelques défis délicats (un en particulier) et frustrant justement à cause d'une physique approximative qui fera rater er recommencer nos manœuvres plus que de raison.
Rien d'insurmontables ni de rédhibitoire, mais ça reste vraiment en travers de la gorge et du flux d'analyse de salle très zen en vérité qui se dégage de l'expérience de jeu. La comparaison avec Portal a été faite tout à l'heure, mais elle se voit aussi dans l'absence totale d'histoire, ou même d'univers réellement dépeint: un monde de cubes et de parois toutes en dalles cubiques qui à l'occasion bougent devant nous sans raison apparente: le couloir que l'on a devant soi se ferme et le mur pivote vers un autre accès, le sol se soulève en escalier, rendant soudain accessible telle plateforme, et tout ça n'est qu'une mise en bouche de ce décors qui ondule sous nos pas.
Cela rajoute une touche d'étrange, de familier mais d'incompréhensible à ce jeu. Il n'est pas très long, ni particulièrement difficile dès que l'on fait fonctionner ses méninges et que l'on essaie de comprendre comment fonctionne une salle avant d'actionner els blocs n'importe comment, mais l'énigme particulière plombée par la physique du jeu se réussit elle aussi sans trop de mal avec un peu de calme et de persévérance.
Il en ressort un puzzle game au challenge raisonnable, pas indispensable ni pierre blanche dans l'histoire du jeu vidéo, mais très bien fichu pour ce qu'il est censé être, au design soigné, à l'ambiance atypique et ma foi fort sympathique.