Rayman
7.5
Rayman

Jeu de Ubisoft Montpellier, Michel Ancel et Ubisoft (1995PlayStation)

Rayman. Un titre qui ne laisse pas indifférent. Un nom qui à lui seul peut évoquer des dizaines de souvenirs à tous joueurs français. Car si le titre a bien été distribué mondialement, c’est sur le vieux continent, et particulièrement dans son pays natal, qu’il marquera les esprits. Le bonhomme a fière allure et, s’il en était doté, nous pourrions sans aucun doute dire qu’il a les épaules pour concourir au même niveau qu’un Mario ou un Sonic. Quoi de mieux alors, pour mieux situer cet atypique personnage, que de revenir sur ses origines ? Car vous allez le voir, non content de s’attaquer à nos zygomatiques, c’est également nos nerfs qu’Ubisoft met à rude épreuve dans ce singulier jeu de plates-formes.


SALTIMBANQUES AUX COMMANDES

Ubisoft est donc l’éditeur, mais c’est plus particulièrement du côté d’un drôle de montpelliérain répondant au nom de Michel Ancel qu’il faudra se tourner pour voir le vrai père du projet. Une franche métaphore pour ce gaillard d’une vingtaine d’années qui, au début des années 1990, se retrouve littéralement propulsé à la tête d’une super production. Car des évolutions, le petit Rayman en aura vécu au cours de son développement : initialement prévu sur Super Nintendo, le projet passe sur support CD avec l’annonce du projet Play Station, se rabat sur Jaguar suite à l’annulation de ce dernier pour finalement être adapté sur la première console de Sony par une autre équipe basée à Paris ! Avec tout cela, et un budget de 15 millions de francs, mieux vaut rester soudé pour garder l’âme du jeu initialement pensée, ce qui tombe à merveille puisque le sieur Ancel s’est bien entouré. C’est avec une poignée de talentueux artistes qu’ils finiront la conception du titre en maillots de bain dans la bergerie d’un ami, sous la chaleur de l’été 1994(1). Une ambiance jubilatoire et loufoque pour un jeu qui ne le sera pas moins !

LA FORÊT DES SONGES

Que vous y ayez joué sur Jaguar, Saturn, PC ou encore sur Playstation, Rayman est sans conteste un titre qui vous aura marqué. D’aucuns se souviendront du pari pris d’opter pour de sublimes graphismes dessinés tout en 2D à une époque où la 3D était en vogue. Le dynamisme étant assuré notamment à l’aide du « ray tracing », un outil de rendu en synthèse d'images simulant la 3D sur des images 2D, qui aura également inspiré le nom du héros. Le soin accordé à l’animation, le souci du détail et cette grandiloquente fantaisie dans un monde paradoxalement si cohérent sont tant de choses qui marquent un joueur. Car Rayman n’est pas un produit. Rayman, c’est un projet personnel et c’est avant tout une vision du jeu vidéo. Un divertissement léger, accessible à tous. Une fenêtre vers le monde des chimères.

Pour autant, d’autres répondront avoir vécu avec ce jeu une véritable frustration face à sa difficulté à toute épreuve. S’il est bien une chose sur laquelle Rayman est classique c’est en effet sur la dose de piments et d’échardes qu’il réserve au joueur, digne des plus grands jeux traditionnels des années 80. Pourtant il faut souffrir pour mériter l’excellence, et seuls ceux qui savent habilement mêler amour et haine verront le fin mot de l’histoire.

SAUVER LE MONDE ? NO PROBLEM !

L’histoire ? Sauver le monde, ni plus ni moins. Afin de récupérer le grand Protoon qui maintient l’équilibre et l’harmonie du monde dérobé par l’horrible Mr. Dark, Rayman va devoir traverser 6 mondes et 18 niveaux pour libérer les pauvres electoons emprisonnés. Comme vous pouvez le remarquer dans la terminologie utilisée, sa frénésie et son allure, Rayman les doit aussi aux cartoons de la grande époque. Une inspiration pour la moins bienvenue et qui vous permet aisément de vous représenter cet univers

Afin de mener à bien sa quête, notre ami aux 5 membres sera aidé par la fée Bétilla qui nous crachera dessus pour nous confier différents pouvoirs au fil de l’aventure (poing télescopique, hélicoptère, course, etc.). Une aventure qui est donc découpé en différentes zones toutes plus chatoyantes et bigarrés les unes que les autres. Vous ferez fuir les forbans à coups de grimaces dans la forêt des songes, glisserez sur la glace au rythme des trompettes endiablées dans le ciel chromatique ou encore voltigerez à l’aide de votre blonde chevelure dans les montagnes bleues. Chaque stage se conclu par l’affrontement de boss tous plus loufoques les uns que les autres, qui nous offrent de drôles de scénettes. Pour ainsi dire, Rayman est un jeu inventif et très diversifié.

LE LUMS SUR LE SPACE CAKE

La direction artistique visuelle, nous l’avons dit, est vraiment au poil. Le jeu est vivant, dynamique, et on croirait jouer dans un dessin animé à force de se promener dans ces univers crayonnés hyperactifs. Quoi de plus normal alors pour un créateur accompli de prêter une attention tout aussi particulière à la musique qui nous accompagnera de nombreuses heures durant ? Si l’on doit féliciter Eric Pelatan pour les décors et Alexandra Steible pour l’animation des personnages, c’est Rémi Gazel qui s’est mis en devoir de régaler nos canaux auditifs. Jazz, blues, rock, la bande son de Rayman est une vraie musique live interprétée par des instruments (on sort tout juste de l’ère des 16 bits, rappelez-vous). Elle sera d’ailleurs récompensée par le Video Game Awards 1995 de la meilleure composition CD-ROM par le magazine Electronic Gaming Monthly (au côté du prix d’animation).



Mode d’emploi pour fabriquer une icône : créer une mascotte accessible et sympathique, puis la faire figurer dans un jeu de plates-formes à la fois léger et profond. Soignez bien l’emballage, ajoutez-y beaucoup de cœur et une pincée de poudre de perlimpinpin. Secouez-bien le tout, tournez trois fois sur vous-même et faites le poirier. Voilà sans doute la recette qu’ont dû suivre Michel Ancel et son équipe pour réaliser Rayman. Un titre qui se mérite, de par sa difficulté quasi sadique (ah devoir finir tous les niveaux à 100% pour accéder au dernier !), mais qui n’a pas pris une ride et fait montre d’une leçon de jeu de plates-formes !

(1) : Cf. Les grands noms du jeu vidéo #1 : Michel Ancel, de Daniel Ichbiah aux éditions Pix’n Love pour de plus ample informations et de nombreuses anecdotes.
Tétris
9
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le 29 juil. 2012

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