Les légendes meurent souvent

Cinquième titre de la série phare d’Ubisoft, Rayman Legends avait la lourde tâche de suivre un Origins acclamé par la critique et par le public (du moins par ceux qu’ils l’ont essayé, les ventes s’étant montrées plutôt décevantes).
Dans ce dernier épisode en date, on retrouve donc notre héros…entrain de dormir ! Et oui, ses aventures précédentes l’ont épuisé, et Rayman a eu besoin d’une très longue sieste pour s’en remettre, pas loin d’un siècle ! Et pendant ce temps, le monde est resté sans protection et d’infâmes créatures cauchemardesques en ont profité pour l’envahir et enlever tous les Ptizètres !!
Voilà, vous l’aurez compris, pas la peine de chercher midi à quatorze heure, le scénario tient sur un confetti et l’intro nous rappelle d’ailleurs un peu les jeux de plate-forme d’il y a vingt ans par son côté expéditif et prétexte à nous plonger bien vite dans l’action. Peu importe, l’intérêt de Rayman Legends n’est pas là !

Nos premiers pas dans ce nouvel épisode sont enchanteurs, et pour cause : rarement on aura vu un soft aussi beau. C’est bien simple, à ce niveau là, on parle d’art, ni plus ni moins. Techniquement impressionnant tant les décors sont fins, les développeurs ont également fait preuve d’une belle imagination pour nous présenter des mondes variés mais toujours superbes. Et puis ça tombe bien puisque le début du jeu est d’une facilité déconcertante, ce qui vous permet d’apprécier le paysage...et par la même occasion de vous familiariser avec des commandes relativement simples, mais qui présentent tout de même quelques subtilités, notamment lorsqu’il s’agit de gérer Rayman et Murfy, l’espèce de grenouille qui vient vous donner un coup de main de temps à autre. Des passages plutôt bien pensés et un peu simplifiés sur PS3 comparé à la version Wii U où vous avez davantage de contrôle sur ce dernier personnage.

Si les premiers niveaux du jeu sont enfantins, c’est pour mieux vous faire souffrir ensuite car Rayman Legends, au bout de quelques heures, va finir par se montrer être un redoutable die & retry. Si un gamin de 5/6 ans pourra voir le bout des premiers tableaux, seuls les plus acharnés délivreront l’ensemble des mondes de leur cauchemar. Certains passages vous ramèneront à ces vieux jeux de plate-forme sur 8 ou 16 bits où vous risquiez à tout moment d’y laisser votre santé mentale. Certains y verront un vrai challenge à l’ancienne, d’autres critiqueront peut-être une difficulté excessive ou un déséquilibre entre le début et la fin du jeu. Mais au moins, vous n’en ferez pas le tour en deux heures ! Surtout que parfois, vous serez contraint de vous retaper certains niveaux pour choper les Ptizètres oubliés et dont l’accumulation est indispensable pour avancer.
En parlant de durée de vie, difficile d’en demander davantage à un jeu déjà bien consistant et proposant également divers challenges annexes off et online. On regrettera juste que le rigolo jeu de Kung-foot ne soit pas jouable en ligne. Vous aurez également l’occasion de débloquer certains tableaux de l'épisode Origins retravaillés pour l’occasion.
Notez enfin que Rayman a la possibilité de venir en aide à certains de ses amis. Une fois délivré, chaque personnage devient contrôlable et vous pouvez très bien décider de parcourir n’importe quel niveau du jeu avec ce nouveau personnage.
En clair, il y a de quoi faire !

On ne va pas s’étendre inutilement, Rayman Legends est une réussite quasi-intégrale sur le fond comme sur la forme. Enchanteur de par ses fantastiques graphismes et ses thèmes musicaux non moins réussis, bourré de bonnes idées, plein d’humour et proposant un challenge de haut vol, le jeu déçoit seulement un peu au niveau de sa narration, tant l’histoire, si tenté qu’il y en ait une, s’avère obscure. Si bien d’ailleurs qu’on ne comprend jamais de quoi il retourne durant les cinématiques, qui ont tout de même le mérite d’être bien réalisées et assez amusantes.
On ne s’arrêtera pas là-dessus car le reste touche de près la perfection. Rayman Legends est un des tous meilleurs jeux de plate-forme de ces 10 dernières années, haut la main !

[Test initialement publié sur France Retrogaming le 16 décembre 2014]