En ce moment, je joue à GTA V et Rayman Legends. Résultat : il m'arrive de sauter des sessions de GTA parce que je suis trop occupé à jouer à Rayman.
Rayman Origins avait déjà placé la barre très haut avec son level design aux petits oignons, sa difficulté assez corsée pour un platformer grand public et sa patte graphique toute rigolote. Rayman Legends, c'est Rayman Origins au carré, le tout mis au cube. Hormis la difficulté car dans l'ensemble, Legends est plus simple à terminer à 100% que ne l'était Origins avec ses horribles Coffres à Pattes et ses récompenses contre-la-montre très techniques.
Ce jeu est beau à pleurer .L'Ubi Framework fait des merveilles de décors en 2D, fourmillant de détails sans nuit à la construction d'ensemble des niveaux. Et la bande-son de Christophe Héral surpasse encore un peu plus celle du précédent opus, notamment à travers certains remixes de titres connus absolument jubilatoires (y compris en 8-bits)
Mais c'est surtout en terme de level design que Legends place la barre très haut. Je me suis fait la remarque qu'au fond, ce Rayman est un mix idéal entre Mario et Sonic, entre le souci de faire le bon geste au bon moment et la tentation frénétique de parcourir le niveau le plus vite possible. Sauf que Legends est par moments particulièrement retors en vous poussant à la faute, à sprinter trop loin, à faire un saut trop long, à faire une charge trop périlleuse, avant de vous rappeler à l'ordre. En réalité, Rayman Legends est un jeu pour esthètes de la plate-forme, pour ceux qui aiment faire des enchaînements de sauts qui dépotent et atteindre le point d'arrivée non seulement rapidement, mais avec le plus de classe possible, en collectant le plus de Lums, ou en trouvant les zones cachées les plus retorses. Legends impose parfois un apprentissage par la frustration, mais la progression s'y avère au final beaucoup plus fluide et gratifiante que dans son prédécesseur. Son gameplay est une merveille d'équilibre, qui contentera aussi bien le joueur occasionnel que le hardcore gamer.
Son gameplay, enfin devrais-je dire ses gameplays. Car là où Rayman Origins introduisait déjà quelques phases originales à dos de moustique, Legends multiplie les expériences de déclinaison de son genre initial. Tour à tour pur plateformer, jeu de course, jeu de rythme, puzzle-game, voire jeu de sport (le désopilant Kung-Foot, un régal en multi!), il inclut également d'excellents niveau non-linéaires et d'autres réjouissances qui font qu'il est impossible de s'ennuyer devant ce jeu, qui ne cesse de se renouveler à chaque niveau.
Le contenu est proprement mirobolant avec près d'une centaine de niveaux (y compris des reprises de niveaux créés pour Origins), des défis quotidiens assez nombreux et addictifs et une foule de petits bonus sympathiques comme les tickets à gratter et les petites créatures "farmeuses" de Lums.
Mention spéciale évidemment aux niveaux musicaux, de véritables bonheurs ludiques qui exploitent à merveille la synesthésie de l'image et du son. Même finis à 100%, difficile de résister à l'envie de reprendre un tour d'honneur sur un Grannies World Tour 8-bits absolument délirant, où l'image se pixellise, s'inverse ou devient kaléidoscopique.
Alors oui, au niveau de la trame narrative, Rayman Legends est un peu léger et on voit arriver la fin du jeu un peu plus vite que ce à quoi on pouvait s'attendre (au terme d'un dernier niveau néanmoins redoutable, où le boss est loin d'être le passage le plus délicat d'ailleurs). Et les séquences avec Murphy, au demeurant très sympathiques, souffrent parfois d'un manque de réactivité de l'IA, qui n'actionne pas la trappe ou le levier que l'on souhaite. Mais l'inventivité folle de son gameplay, la douce folie comique de son univers et le soin particulier qu'a apporté l'équipe de Michel Ancel à la finition de son jeu balayent aisément les menus reproches qu'on peut faire à ce jeu.