Il y a des titres comme ça, qui vous collent pendant un bon bout de temps. Vous entendez partout des gens hurler que Red Dead Redemption est une tuerie, une expérience des plus incroyables que le jeu vidéo nous ait offert, une claque, une pépite, un chef d’œuvre quoi.
Alors vous craquez, vous achetez le jeu, vous l’insérez dans votre console et vous dites « c’est mon tour de tenter l’expérience Red Dead Redemption » !
Qu’on le dise tout de suite, il y a quelque chose dans ce Red Dead Redemption qui laisse une empreinte indélébile dans la pensée du joueur. Comme si, même après avoir fini le jeu, une ombre vous suivait des semaines après. Pas une ombre menaçante, une ombre douce, qui vous rappel les bons moments passés sur votre cheval à gambader dans l’Ouest sauvage.
J’ai attendu Red Dead comme un GTA à la sauce Western, mais même s’il en garde la forme, un open world immense et dense, un nombre de possibilité ahurissant et une violence des plus funs (quoique, on est quand même dans un autre registre), c’est sur son fond que Red Dead trouve sa singularité. Red Dead n’est pas un défouloir jouissif où tuer des gens est votre quotidien pour ensuite aller passer un bon moment dans un bar à putes. Red Dead, c’est tout l’inverse. Ici il n’est plus question d’être un méchant gangster qui s’éclate, ici, on incarne un ancien hors-la-loi, John Marston, qui en ras-le-bol et qui décide de mener une vie tranquille de fermier.
Mais comme il n’y a pas marqué « Farm Simulator » sur la jaquette, il faut bien un moment où ce cher ex-criminel rempile sa tenue de cow-boy et aille défoncer des gens. Et tout de suite, dès la première fusillade, on comprend le décalage total entre ce jeu et un GTA classique. Vous voyez sur la gueule de votre personnage, qu’il n’aime pas tuer, que ça ne lui plaît pas. Si le jeu vous laisse le choix de commettre des crimes, la tentation sera bien moins grande que dans un GTA. Le but de votre quête, c’est de pouvoir marcher la tête haute dans la rue, de laisser derrière vous votre passé de connard et de devenir un homme modèle.
Et c’est ce que j’ai fait. J’ai joué le mec réglo. J’ai fait de la garde de nuit pour remplir mon portefeuille, j’ai chassé des criminels pour gagner leurs primes et j’ai rendu des services pour le bien de la communauté.
Mais au bout d’un moment, j’ai commencé à me lasser. C’est-à-dire qu’il fallait bien faire la quête principale à un moment. Il fallait bien que j’aille voir ce charlatan de West Dickens pour retrouver ce foutu Williamson que j’ai à abattre. Sauf que ce cher West Dickens me renvoyait à un certain Seth. Sauf que Seth, c’était un maboul qui parle à des cadavres, et que dans l’effet, il n’avait rien à me donner. Du coup, je suis allé voir l’Irlandais, et je me suis retrouvé face à un poivrot qui usait de ma situation pour rembourser ses dettes. Je me retrouvais au milieu de ces trois crevards qui n’en avaient rien à foutre de ma quête de rédemption, et j’ai clairement cru que ça n’amenait à rien ! J’étais malmené, je jouais les faux clients pour West Dickens, je déterrais des trésors pour Seth, je cognais d’autres poivrots pour l’Irlandais, mais rien en échange ? Mais… allez-vous faire foutre !
Et d’un coup, je me suis retrouvé au Mexique, et c’est à ce moment que ce jeu m’a accroché. C’est à ce moment où j’ai compris l’étendu des capacités du disque tournant indéfiniment dans ma console. Je chevauchais sur mon cheval (ça paraît logique), et tout à coup, une chanson tranquille accompagnait mon trajet, le tout m’avait vicieusement décroché de la réalité, et j’ai réellement cru, le temps de quatre minutes, que j’étais sur mon cheval en plein Mexique.
Et puis encore une fois, j’ai été malmené par des couillons. Entre De Santa sous le commandement d’un dictateur et Reyes un révolutionnaire quelque peu vantard sur les bords, j’avais ce terrible sentiment que… le cauchemar revenait. Cependant, il se passait quelque chose cette fois-ci. J’étais tiraillé entre aider de pauvres campagnards révolutionnaires, ou les exterminer sous les ordres d’un dictateur qui me promettait de retrouver mon cher Williamson (mon cul ouais, encore un qui me manipule). Ce tiraillement offrait de nombreuses réflexions sur la politique, et ça avait du sens.
Et plus j’avançais dans mon histoire, plus ça avait du sens. John Marston gagnait en charisme et devenait un personnage à part entière et pas juste un avatar que j’incarne. Marston devenait bien plus à mes yeux qu’un simple Mario ou Rayman, parce qu’il avait une réelle histoire à raconter, une quête, un objectif qui envahissait mes pensées.
Marston a beau faire de son mieux pour devenir un saint, il a beau remplir toutes les missions que lui donne l’Etat avec la promesse qu’on lui foute la paix, son passé lui traînera toujours au derrière. Marston est un être naïf, passif, plein de bonnes volontés, mais complètement à côté de la plaque. Et c’est sans doute ce qui le rend si attachant. Le seul homme qui tente de conserver un tant soit peu son humanité dans cette contré sauvage est écrasé dès la moindre occasion par la moindre personne.
Et puis il y a eu ce final, et bon sang quel final. Disons que dans l’industrie du jeu vidéo, il est rare de trouver une histoire aussi complexe offrant un final aussi marquant que Red Dead Redemption. A part The Last of Us, je ne trouve aucun jeu qui offre un final aussi grandiose, que dis-je, aussi virtuose et à la limite du parfait comme ce fût que le cas pour Red Dead Redemption. Cette dernière heure de jeu, c’est ce moment où tout prend son sens, où la vision du monde qu’offre le jeu nous arrive en pleine tronche pour nous dire sans vergogne et sans tourner autour du pot « nous vivons dans un monde de merde, l’homme est une crapule ».
Et lorsque le générique de fin apparaît, où cette douce musique accompagne les noms de tout ceux qui ont pondu ce jeu, on repense à notre partie. A ces vingt heures passées en compagnie de John Marston. Je suis loin d’avoir finit tout le jeu, je ne suis qu’à 70%, mais j’ai fini l’histoire, et c’était mon objectif. Et quelle histoire bon sang ! Des jeux avec un tel scénario, on en trouve pas partout.
Alors voilà, Red Dead Redemption est un jeu avec ses défauts, ses longueurs, ses bugs et ses limites, mais c’est une telle expérience qu’on lui pardonne bon nombre de ses défauts. Red Dead Redemption offre ce que peu de jeux offrent, une immersion des plus totales dans un univers, dans une histoire, et lorsqu’il est temps de ranger le disque pour la dernière fois, on se met à regretter le bon vieux temps. Je finis ma critique avec le therme que je dirai à chaque fois qu’on me demandera ce que j’ai pensé de Red Dead Redemption :
C’était une putain de tuerie.

Créée

le 11 févr. 2018

Critique lue 154 fois

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James-Betaman

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