Le check-point de non-retour
La beauté tragique de Red Dead Redemption réside en partie dans son architecture : l'ouverture sur les tâches quotidiennes d'un rancher, la longue errance du héros en quête de rédemption, la concrétisation de son rêve enfin. Ce qui était promis a lieu. De manière audacieuse, et magistrale, toute pression retombe alors, une dimension familiale inattendue apparaît même. On retrouve le quotidien de la Frontière, dans un mouvement qui rappelle Shenmue et les jobs de Ryo, et donne au personnage principal le même ancrage dans le réel, la même consistance. Là où un autre studio serait vraisemblablement tombé dans le piège de la conclusion rapide, Rockstar San Diego nous laisse vivre ce pour quoi nous avons lutté pendant plusieurs heures, et la véritable conclusion n'en a que plus de poids.
L'autre tour de force du jeu, c'est de nous faire incarner un homme à la charnière de deux époques. La seconde pointe déjà son nez et son moteur à explosion, elles cohabitent pour quelques temps encore. L'issue du combat à venir ne fait hélas aucun doute, et John Marston n'est pas du bon côté de la barrière. Tout n'est pas perdu : il y gagne là son droit d'accès à l'éternité de la légende.