C'est un sacré morceau à digérer, imparfait mais consistant, qui témoigne comme nul autre du paradoxe entre jeu vidéo et cinéma : RDR2 se rêve d'être un film en cherchant constamment le réalisme sans forcément l'atteindre, sa nature vidéoludique venant vite interrompre la magie de ce spectacle hybride par des lacunes de gameplay et nombreux petits bugs qui semblent presque inévitables finalement. Le prix à payer d'une ambition risquée : devenir le monde ouvert ultime de la génération. Pari quasi réussi, RDR2 trône désormais dans le genre à côté de Zelda Breath of the wild. Ces deux jeux proposent chacun leur vision de l'openworld. Deux écoles incontournables.
Celle de RDR2 ne plaira pas à tout le monde mais elle séduira à coup sur les âmes de cowboy solitaire, car en plus de l'histoire principale - véritable film interactif et jeu vidéo linéaire au possible - il y a cette possibilité de se perdre dans ce décor incroyable, de vivre une autre vie que celle racontée par Dan Houser et ses scénaristes. Il est d'ailleurs épatant de constater à quel point les missions s'enchainent sans qu'on ait l'impression d'avoir été attendu, comme si l'on pouvait avancer de façon cohérente dans l'histoire malgré le temps pris par nos nombreux à-côtés. On a la réelle sensation d'être imbriqué dans quelque chose d'organique et c'est sûrement l'une des grandes forces du titre avec la liberté d'approche du monde proposé.
Aussi, il ne faut pas l'oublier mais ce blockbuster massif est un véritable jeu d'auteur : RDR2 s'apparente comme une véritable critique du monde moderne comme Rockstar aime en faire mais surtout il dresse le portrait d'une transition entre deux époques inconciliables, en proposant des personnages forts et mémorables, ainsi que de véritables morceaux de bravoure et d'émotion. Le tout accentué par le côté irréversible du sort de notre héros, le charismatique Arthur Morgan (quelle gueule et quelle voix) qui figure déjà parmi les meilleurs héros du jeu vidéo. Et si RDR2 a bien appris par coeur les codes du western, il les récite un peu trop parfois.
Tout est beau mais tout n'est pas parfait. Notamment la jouabilité, qui peut néanmoins être grandement améliorée par les réglages possibles dans les paramètres. Même s'il offre des sensations, ce n'est pas le shooter du siècle. Des choses agacent, comme ces phases en intérieur qui peuvent rendre maboules et ces menus pas forcément très évident, le mapping des touches en sort d'ailleurs un peu confus. Et pourtant il est dur de lâcher la manette même après une centaine d'heures de jeu pour ma part, il sait proposer de bonnes sensations et le plaisir de contempler un monstre technique pareil contentera la majorité des joueurs pour un premier run. C'est un jeu vidéo assez exceptionnelle par son envergure, tellement qu'on a l'impression d'être dans un voyage constant et luxueux. Une entreprise colossale.
L'épopée d'Arthur Morgan et sa bande est une proposition de jeu vidéo impressionnante et qui donne la sensation véritable de vivre SON propre western. La digne suite du premier.