115 heures à sentir les fleurs, à allumer des clopes regardant un orage gronder au loin. Je ne peux décemment pas dire que je suis déçu par le dernier Rockstar. Je vais en revanche m'évertuer de pointer pourquoi le plus est l'ennemi du bien et pourquoi Red dead redemption 2 échoue à seulement quelques pas du chef d'œuvre.
Le bon
Arthur Morgan est un homme touchant, effacé derrière son chef qu'il suit aveuglement depuis bien trop longtemps. Les trois premiers chapitres de l'histoire ne poussant pas vraiment de l'avant. Le jeu vous laisse le loisir d'incarner Arthur: de chasser et revendre les peaux, d'aller jouer un poker pour une poignée de dollars ou de devenir chasseur de primes pour quelques dollars de plus.
Ce récit passionnant sur la fin de de l’Amérique sauvage s'accélère à partir du Chapitre quatre dans une impitoyable course contre le temps. S'en suit plus d'épilogues que dans "le Retour du roi". Mais on les parcours encore une fois avec grand plaisir, tant le tout est mis en scène avec une maestria jamais vue dans un jeu en monde ouvert. L'histoire, le gameplay, les personnages merveilleusement écrits et interprétés forment un tout incroyablement cohérent.
Selon moi, c'est beaucoup plus réussi que dans le premier. John Marston prenait la moindre quête annexe alors qu'il passait son temps à chouiner pour sa femme et son fils retenus prisonniers.
Le brut
Malheureusement à trop vouloir en faire, tout n'est pas réussi. La pile de systèmes pas tous utiles, pas tous effectifs m'a parfois mené à l'indigestion. Il n'est pas normal de ne pas savoir comment sauvegarder une tenue sur son cheval au bout de 20 heures de jeux. Pourtant c'était le cas pour moi. Il est désagréable de préparer les armes qu'on souhaite emmener au casse-pipe pour voir ce cher Arthur les ranger dès qu'on lance sa monture au galop. Ces problèmes viennent en grande partie de l'interface arrivant à être confuse et trop épurée à la fois.
En ralentissant sciemment le personnage, il gagne en poids, en présence dans ce monde virtuel. C'est la première fois que je prends plaisir à marcher dans un jeu, à le parcourir à une vitesse réaliste.
En revanche ce poids crée une latence assez désagréable dans les mécaniques de tir, obligeant les développeurs à inclure de base une aide à la visée très présente et un peu monotone : Couverture, gâchette de gauche, petit coup de stick droit vers le haut pour aligner le tir, gâchette droite pour exploser le melon de l'adversaire lambda pas vraiment futfut, répéter ad noseum.
Aucune configuration avec ou sans assistance ne donnera un résultat probant aux séquences les plus tournées vers l'action.
Il y a ensuite les interactions sociales tant mises en avant lors de la promotion du jeu. On peut en effet saluer ou agresser verbalement et physiquement toutes personnes que l'on croise mais jamais plus. On est contraint lorsqu’un personnage propose plus qu'un bonjour d'assister à un dialogue pensé et choisi par les auteurs.
On peut se balader dans le camp de la bande et une fois encore assister à des interactions sociales sans jamais réellement avoir de prises sur celles-ci. Jamais nous n'avons le choix d'emmener ou non les membres du gang pour aller chasser et braquer un train sauf si le jeu le décide. J'ai parfois eu l'impression de faire un safari au far west et non d'y vivre.
Le brillant
Red dead n'est donc pas un jeu de rôle. C'est un jeu avec une narration haut de gamme dans lequel nos choix et tentatives d'interactions ont peu voir pas d'importance. Une fois cette déconvenue balayée de la main, on est face au plus beau monde ouvert jamais créer.
Dans chaque foret, chaque hameau, montagne ou bayou, on sent l'amour et le travail minutieux des équipes de Rockstar. Les montagnes enneigées rappellent "le grand silence", la boueuse Valentine "les porte du paradis".
Tout ici crie grand western classique et classieux dont la beauté graphique ne cesse d'époustoufler nos mirettes. Les lumières naturalistes, les effets climatiques (orages, pluie, neige, boue) et les animations ont encore une fois deux guerres d'avance sur les autres open-world du moment.
Ça peut sembler vide à ceux qui ne feront qu'aller d'une mission scénarisée à une autre. Mais dès qu'on s'y abandonne, La chasse, les rencontres aléatoires et le camping font de ce monde naturaliste quelque chose de foisonnant voir d'organique.
Red Dead Redemption 2 est encore une fois un grand jeu de la part de Rockstar: beau, touchant, introspectif. Il souffre malheureusement de quelques lourdeurs dans son gameplay et son interface, l'empêchant d'être plus marquant que son aîné, même si il lui est en tout point supérieur.