La formule Rockstar n’évolue pas ! Voilà bien la raison principale pour laquelle ce "Red Dead 2" m'a laissé de marbre. Alors, oui, c’est clair, « Red Dead Redemption 2 » offre le monde ouvert le plus bluffant techniquement et graphiquement. Et après ? On retrouve un scénario poussif et peu inspiré (dont l'introduction donne immédiatement le ton). Il ne suffit pas de quelques références, d’une ambiance bien plantée et de milliers de lignes de dialogues pour remplir le contrat. Cela dit, l’appréciation d’une histoire est très subjective, j'en conviens.
Par contre, je ne comprends pas les joueurs qui refusent de voir les défauts du jeu en mode « ouais mais tu vois, t’as bien compris à la philosophie de Rockstar ». Non, non ! C’est votre adoration absurde à leur égard qui vous aveugle. Car le gameplay est daté. Entre les déplacements lourdingues, les mécaniques datées (sérieusement, tapoter sur la croix ou maintenir le bouton pour les déplacements, en 2018, ce n’est juste plus possible), la physique aléatoire, l’interface aux fraises (la lourdeur de l’inventaire : quelle misère), l’imbroglio de touches (3 approches différentes juste pour fouiller, selon le contexte !), le système de visée assistée mal branlé ou encore le système de couverture qui donne lieu à des centaines de situations incongrues, on a tout simplement l’impression de jouer au premier Red Dead relifté. Pour rappel, il est tout de même sorti en 2010…
En parlant du manque d’ergonomie, les mecs n’ont pas pensé qu’un mode cinéma pour les déplacements ne servait à rien si le joueur est contraint, préalablement, même lors des missions où le point jaune apparaît sur la carte, de placer lui-même un point de repère pour que son cheval ne s’arrête pas dès qu’il n’appuie plus sur une touche ? Ce n’est qu’un détail, me direz-vous. Mais il est fastidieux et, surtout, c’est un détail fastidieux de plus.
Tiens ! Fastidieux, c’est le mot qui résume bien ce « Red Dead 2 » !
Les missions, pour l’essentiel, se résument au même schéma fastidieux : aller d’un point A vers un point B en écoutant des dialogues (et, le plus souvent, en étant obligé de suivre un partenaire qui avance comme un escargot : qu’on s’éclate !), tirer sur tout ce qui bouge (en mode bourrin hein, c’est pas comme si la furtivité et le système de couverture étaient au point). Et … ben basta ! C’est tout ! On a droit à la même mayonnaise dans tous les jeux Rockstar depuis des lustres. Zéro prise de risque mais tout le monde applaudit, certains allant même jusqu’à lui donner un 21/20, ruinant au passage le peu de crédibilité qui leur restait. L’une des rares missions qui cassent cette routine est celle qui prend place de nuit dans le saloon de Valentine. Bon, elle casse la routine mais elle est loin d’être fun pour la cause, cela dit.
Bref, sincèrement, je m'ennuie à enchaîner ses missions sans âme. Quant aux activités annexes, elles ne sont guère plus réjouissantes.
Quant au réalisme, je n’ai rien contre, sauf quand il s’impose au détriment du fun. Or, le moteur physique est d’une rigidité exaspérante. Dans la mission où il est question de conduire un chariot de la prison, je l'ai échouée parce que le chariot a été détruit en touchant une souche d’arbres. Sans déconner ! Dans le même registre, autant ne pas évoquer les chutes aléatoires : une fois le cheval saute au-dessus du rocher, la fois suivante il se bouffe le rocher et c’est parti pour l’embardée. Ce même cheval qui, régulièrement, n’est plus accessible, parce qu’il est trop loin… ou qu’il est simplement tombé dans un ravin en tentant de vous rejoindre. Ce réalisme-là, personnellement, je n’en veux pas. Il en va de même pour les animations. Dépecer une bête ou fouiller un mec, c’est amusant les premières fois. Après, c’est juste chiant. Ce n’était tout de même pas compliqué de permettre aux joueurs qui le souhaitaient de passer ces animations. D'autant qu'il suffit de passer sur un corps pour récupérer des balles. Cherchez l'erreur.
Je pourrais aussi évoquer l’impossibilité bien pénible de courir dans le camp (qui, franchement, est une mécanique très mal exploitée, au point qu’on s’en désintéresse très vite) ou dans les intérieurs, ou encore tous ces moments où nous sommes obligés de suivre au pas un PNJ qui raconte sa vie en 20 lignes alors que 5 mots auraient suffi, mais je pense que vous avez compris que, pour moi, « Red Dead 2 » n’est pas la bombe annoncée.
J’y reviens toutefois, souvent pour de courtes sessions de jeu, parce que, oui, définitivement, son ambiance et sa réalisation graphique sont exceptionnelles. Cela dit, c’est un peu triste de parcourir un jeu dont le principal plaisir reste ses charmes graphiques.