Ça fait plaisir de voir une nouvelle production de Lexis Numérique. Oui, je fais mon chauvin mais c'est difficile de ne pas être subjectif après avoir discuté avec Eric Viennot dans le cadre d'une table ronde sur les œuvres transmédiatiques et avoir pu être témoin de sa pédagogie et de son enthousiasme. Mais bref, c'en est fini avec la lèche mais je tenais à être transparent dès le départ.
Red Johnson's Chronicles, comme l'indique mon titre (si si, il l'indique :o), est un jeu qui se rapproche du gameplay des Prof. Layton mais dans une ambiance plus sombre et adulte s'inspirant clairement des films noirs et des policiers "classiques". Et cette ambiance est plutôt réussie. Effectivement, le doublage de Red n'est pas des plus entraînants avec sa voix un peu monotone mais on s'y fait et ce n'est pas si dérangeant. Les personnages sont conformes aux stéréotypes attendus : le détective privé blasé, le gangster sans pitié, la veuve amère et le policier ridicule. Heureusement, l'histoire (et donc l'enquête) relève un peu la dose d'originalité avec une affaire à plusieurs niveaux permettant de la rendre plus intéressante au niveau du suivi de l'histoire et surtout de la déduction de l'enquête.
La jouabilité est donc un mélange de point and click et de puzzles plus ou moins difficiles mais aussi des phases d'interrogatoires et d'interrogations personnelles. Chaque lieu a un certain nombre d'objets et une ou plusieurs personnes à interroger. Les objets sont en général associés à des puzzles. Ils varient de la simple vanne à ouvrir à des puzzles vraiment compliqués comme le dernier qui mettra en jeu tous vos neurones si vous souhaitez le résoudre en moins de 20 mouvements pour avoir le trophée optionnel. Il y a plusieurs bonnes idées dans ces puzzles, je pense notamment au fait de devoir bouger le puzzle (modélisé en 3D évidemment comme tout le jeu) pour trouver les indices de sa résolution directement dedans (je pense au puzzle du distributeur de journaux ou à celui des toilettes), d'autres sont plus classiques avec l'éternel transvasement d'eau (déjà vu dans Layton ou même dans le film Die Hard 3) et certains sont très malins comme le coffre-fort d'Eddy ou celui de Carlos !
Des QTE impliquant un peu d'action avec un personnage parsèment également l'aventure. Ils ne sont pas difficiles mais leur vitesse s'accélère à mesure qu'on avance dans le jeu. Ces QTE sont en général suivi d'une phase d'interrogatoire de l'individu en question. Et il faudra avoir bien fait attention aux indices et documents récupérés car le bon déroulement de la conversation en dépendra. Il en est de même pour les interrogations personnelles de Red. Plusieurs fois durant le jeu, Red fera un récapitulatif de l'enquête et il faudra bien se souvenir de tout sinon, c'est un le "fail" assuré. Ça ne porte pas trop à conséquence puisqu'on aura la possibilité de recommencer après avoir relu les documents, sauf pour les chasseurs de trophées (mais j'y reviendrai à la fin). Le seul problème que j'ai eu avec ces récapitulatifs est que parfois, le document sur lequel il porte n'est pas entièrement visible et l'interrogation débute sans qu'on ait eu la possibilité de voir tout le document et donc d'avoir toutes les réponses.
J'ai aussi eu du mal avec les animations qui sont bien lentes. Certes, ce n'est pas un jeu d'action mais certaines scènes sont tellement lentes que ça ne devient plus naturel. C'est difficile à définir mais j'ai trouvé que ça donnait une certaine lourdeur au jeu et nuisait à l'ambiance. Dans le même registre, l'interface est parfois trop lente à réagir aux ordres de la manette.
Graphiquement, la 3D est dans la norme des jeux en dématérialisé à petit prix. La technique n'a rien d'exceptionnel mais fait son travail et est par contre rattrapée par l'esthétique et le design qui ont leur patte visuelle bien à eux. Les dessins sont à l'image de la ville au cœur de laquelle on évolue : sombre, décrépie et corrompue. Les musiques accompagnent l'action sans jamais venir s'imposer (façon gentille de dire qu'elles sont sympa mais pas inoubliables) sauf si le gameplay le demande (avec le puzzle de la boîte à musique) et l'ambiance sonore et les bruitages sont à l'avenant.
Au final, Lexis Numérique a engendré une nouvelle IP qui surfe sur la vague des Layton tout en apportant sa propre identité visuelle et un gameplay suffisamment différent pour proposé de la nouveauté aux fans des Layton comme moi qui ont déjà joué à la plupart des épisodes du professeur et de ses clones (si vous êtes en manque, voici ma liste : http://www.senscritique.com/sseb22/liste/71638/petits-clones-de-layton-entre-amis/ ). La durée de vie est honorable pour un « petit » jeu dématérialisé puisqu'il m'a tenu en haleine pendant 6h en prenant mon temps et 2h supplémentaires pour obtenir tous les trophées. L'alchimie entre les différents ingrédients de ce jeu (ambiance, histoire, puzzles, personnages,...) fait en tout cas que j'ai bien envie de connaître la suite !
Et les trophées, alors ???
Pour avoir le 100%, il faut faire le jeu deux fois. Mon conseil : faîtes le 1er run sans vous soucier des trophées, sauf pour celui vous demandant de rater tous les QTE une fois (et il s'agit de chaque petite manipulation dans les QTE) et celui à la fin avec le puzzle de Carlos en moins de 20 mouvements. Les autres trophées s'obtiendront durant le 2ème run qui nécessite de finir le jeu rapidement (moins de 2 heures apparemment) en réussissant tous les QTE et tous les puzzles du premier coup. N'oubliez pas de sauvegarder avant les puzzles et les QTE. Si vous ratez, n'attendez pas l'écran récapitulatif et faites tout de suite start pour revenir au menu principal avant qu'il ne sauvegarde automatiquement et recommencez. Tout cela devrait prendre environ 8 heures et n'est pas difficile avec un bon guide.
