Redout
6.9
Redout

Jeu de 34BigThings, Nicalis et 505 Games (2016PC)

Vous voulez un peu de POD Racer dans votre F-Zero ? Je vous mets aussi un peu de WipeOut et de ...

En cuisine, mélanger des ingrédients ensemble peut donner un résultat excellent … tout comme un truc infâme qu’on jettera discrètement à la poubelle quand l’hôte aura le dos tourné.


Qui trouverait appétissant une morue à la fraise ? Gaston bien sûr, ou les Anglais mais ce ne sont pas vraiment des êtres humains (les Anglais).


On constate pourtant ces dernières années un engouement chez les développeurs à intégrer plusieurs genres à la fois. Ce mélange peut très bien marcher, comme dans Dungeon of the Endless. Plus que des genres, les développeurs évoquent parfois directement des jeux cultes pour cataloguer leurs futurs jeux : « Alors ce sera un zelda-like, avec des éléments de binding of isaac, minecraft, mais aussi de la survie, du craft et des zombies en post-apo, tout ça en early access sur steam dans une version déplorable pour seulement 30 euros. »


La citation de jeux est donc, la plupart du temps, un élément purement marketing visant à attirer un public précis, voire de niche. Le cas de Redout était particulièrement inquiétant puisque les développeurs revendiquaient fièrement que Redout « est un hommage aux mastodontes des jeux de course comme F-Zero, WipeOut, Rollcage et Star Wars Racer ». Oui, rien que ça.


Un « hommage » ou une repompe sans saveur et identité ? Un jeu codé à l’arrache et vendu le prix fort pour le vendre à des fans de jeux de courses futuristes qui n’ont, depuis une dizaine d’année maintenant, rien à se mettre sous la dent ?



Au-delà du mur du son, le royaume des jeux de course énervés.



J’ai joué de très nombreuses heures à Star Wars Racer et F-Zero X sur N64, assez peu à F-Zero GX et pas du tout à WipeOut, que je connais de vue uniquement. On sent une certaine influence de tous ces jeux, que ce soit dans le gameplay ou dans les graphismes du titre.


Le jeu est très propre et élégant : c’est beau, fluide (soixante images par seconde constantes, mais quelques légers ralentissements sur quelques sections de circuits) et bien optimisé. Que ce soit pour les vaisseaux, les décors, ou la forme des circuits, Redout s’inspire beaucoup des jeux cités ci-dessus : on retrouve un POD racer, un vaisseau triangulaire à la WipeOut ou encore des vaisseaux proches du design d’un F-Zero.


Redout propose quatre mondes différents (Egypte, Italie, Alaska et euh … un volcan) composés de cinq circuits chacun, tous sur Terre donc, choix intéressant. Mention spéciale aux décors du monde d’Abruzzo (Italie) qui mélange à la fois SF et paysage de la cote Franco-Italienne, ce qui donne une direction artistique unique et vraiment agréable.


Le level design est très bon en proposant des circuits plus ou moins difficiles mais jamais trop longs. Les développeurs ont en effet eu la décence de s’abstenir de faire des circuits de plus de trois minutes comme on pouvait en trouver dans Star Wars Racer.


Les circuits sont rythmés par une musique pas toujours au top malheureusement, qui manque un peu de tonus, un comble pour un jeu qui mise sur la vitesse.


En parlant de sensation de vitesse, le jeu est très rapide et demande des réflexes de pilote de chasse pour ne pas se manger certains murs dans la tronche. Dépasser le mur du son sera d’ailleurs un impératif pour dominer la course, ce qui diminue d’autant plus le temps de réaction nécessaire pour prendre les virages.



Un menu copieux.



Côté maniabilité, c’est excellent. Redout innove en permettant d’incliner son vaisseau dans toutes les directions, ce qui évite de racler la route lors d’une forte montée. Cette inclinaison est d’ailleurs indispensable pour prendre correctement les virages et les loopings, ce qui vous demandera un certain temps d’adaptation.


Le jeu propose seulement six vaisseaux différents, ce qui est assez peu. Toutefois, ils sont divisés en quatre classes différentes. Les classes correspondent grossièrement au niveau de difficulté (un peu comme les CC de Mario Kart), les stats et l’apparence des vaisseaux changent selon les classes.


Le titre comporte un défaut assez lourd puisque peu de vaisseaux sont réellement intéressants. Personnellement j’ai jonglé uniquement entre trois vaisseaux au cours du mode carrière, privilégiant dans 75% des épreuves le même vaisseau.


Un vaisseau en particulier est inutile en mode course puisque chaque collision avec un concurrent provoque une tête à queue. Choix curieux, pour ne pas dire stupide, de la part des développeurs.


Certes Redout est assez avare en nombre de vaisseaux, mais ces derniers possèdent une prise en main unique. Certains vaisseaux seront par exemple plus à l’aise dans des épreuves spécifiques.


Pour plus de complexité, le jeu ajoute des « powerup », un actif et un passif. En actif vous avez par exemple un super boost, un drone de réparation, un champ de force qui draine l’énergie de vos opposants, etc. En passif c’est plus classique : bonus de vitesse, de maniabilité, etc.


La combinaison des powerup et des vaisseaux différents ouvre donc la voie à un theorycrafting intéressant, qui permet de choisir son style de jeu avec précision. C’est également indispensable pour remporter les médailles d’or, voire de platine pour les plus acharnés d’entre vous. Il vous faudra alors réfléchir et tester les combinaisons les plus efficaces sur tel circuit.


Les développeurs ne se sont pas foutus de nous en terme de contenu. Au-delà des vingt circuits uniques et globalement tous intéressants (même si je n’ai pas trop aimé ceux en Alaska, qui manquent de lisibilité), le jeu comporte un nombre d’épreuves impressionnant. On retrouve les classiques : contre la montre, course simple, tournoi, élimination à chaque tour. Et des originaux : le mode chef par exemple, qui vous demande de parcourir à la chaine les cinq circuits d’un monde, sans aucune interruption à l’aide de portails vous menant directement au circuit suivant. Ou encore le mode survie, qui vous demande de passer en une minute le plus de points de passages possibles, vous octroyant quelques secondes supplémentaires … tout en esquivant les mines placées de manière vicieuse sur le circuit.



« Challenge accepted ! » Ah, vraiment ?



Pour faire passer tout ce contenu de manière cohérente, un mode carrière regroupant 76 épreuves vous attend et devrait vous occuper une vingtaine d’heures pour obtenir toutes les médailles d’or (si vous êtes bon, ce qui ne sera pas le cas, hein).


On arrive au principal défaut du titre : une courbe de difficulté trop raide au départ qui peut s’avérer décourageante. On a tendance à se cogner dans tous les murs et à jouer n’importe comment. Les premières épreuves ne sont pas trop punitives, arriver à la première place est facile mais cela ne procure aucune sensation : on joue mal et on gagne, ce qui est particulièrement frustrant. La maniabilité, bien qu’excellente, demande un temps d’adaptation de plusieurs heures pour faire quelque chose de cohérent (c’est-à-dire ne pas se planter dans tous les virages).


A peine habitué au gameplay, le jeu vous proposera des courses toujours plus difficiles avec une IA complètement tarée ultra agressive (imaginez une féministe du futur aux commandes d’un vaisseau de course) qui n’hésitera pas à vous balancer dans le décor tout en hurlant des insultes en allemand.


Et puis vient le moment de grâce, vers dix heures de jeu : on joue bien, on prend les virages d’une manière fluide, presque artistique. C’est à partir de ce moment-là que l’on peut apprécier à sa juste valeur Redout, quand on a appris à le connaître.


Petit bémol : une fois la bonne combinaison de powerup et la connaissance des circuits, l’IA sera un peu trop facile à battre. Le mode carrière peine à augmenter la difficulté du jeu vers la seconde moitié, pourtant le joueur progresse ce qui donne l’impression que le jeu devient plus facile.


Plus facile, si l’on exclut certaines épreuves où les développeurs ont littéralement pété un câble. C’est le cas du dernier mode survie, dont la médaille d’or est d’une difficulté inouïe à décrocher, vous demandant de connaître par cœur le tracé du circuit et de réessayer pendant de nombreuses heures cette épreuve.


N’espérez pas non plus obtenir facilement les médailles de platine, qui sont en fait les temps records des développeurs, demandant un sang-froid et une persévérance infinie. On sent que ces derniers sont des passionnés et eux-mêmes d’excellents joueurs de jeu de course.



Le digne successeur ou l’unique héritier ?



Que l’on soit bien clair, la note que j’attribue à Redout n’est pas influencée par le manque évident de jeu du genre. Le but n’est pas de se dire « oui bon le jeu a pas mal de défauts mais c’est le seul du genre depuis 10 ans donc 10/10 d’encouragement ». Non, le jeu est globalement excellent et pèche sur quelques points qui ne sont pas dramatiques. Impossible de revenir sur un Star Wars Racer après avoir testé Redout, tout semblera affreusement lent. Pour un habitué de ce genre de jeu, l’achat du jeu me semble indispensable et vaut largement les 30 euros demandés par ses développeurs. Vous avez aimé F-Zero ? achetez Redout les yeux fermés.
Mais pour un néophyte ? difficile à dire, c’est un type de jeu que l’on aime ou que l’on déteste, sans réel juste milieu. C’est exigeant, cela demande une certaine forme de patience et de dextérité. Je conseille donc à ceux qui hésitent de tester d’abord F-Zero GX sur émulateur Dolphine pour se faire une idée du style de jeu dont il est question.

Malakian
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le 12 oct. 2016

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