Autant être franc, je suis du genre peureux, et en exagérant un peu je pourrais dire que je me sens légèrement mal à l'aise dans les maisons de Boo dans Mario. Et pourtant j'ai voulu jouer à Resident Evil Rebirth. J'avais déjà joué au 4è, et ce n'était pas si terrible après tout, tout au plus dérangeant à cause des décors forts glauques par moment.
Et de façon assez étonnante, Resident Evil 1 n'est pas glauque (ou très peu), et la peur qu'il génère est bien plus subtile...
Tout d'abord, les angles de caméra : fixes, ils ne permettent pas vraiment de savoir où l'on se dirige et laissent énormément de zones d'ombres, d'où peut alors sortir le danger, sans qu'on ne s'y attende. Oui, parce que pour préserver ce sentiment de crainte, Resident Evil préfère souvent suggérer le danger au lieu de l'exposer. On pense qu'il pourrait y avoir un ennemi, on se met limite en position de tir, et finalement ... rien. Dans une pièce, puis dans une autre, puis dans une troisième, pour que le joueur ne soit plus sur ses gardes dans la 4è salle et que les ennemis puissent ainsi le prendre d'autant plus au dépourvu. Subtil.
Ensuite, il y a le manque de munitions. Non, ne mentons pas, on trouve des chargeurs de pistolet tous les 10m, mais pour les autres armes c'est bien plus délicat, et quand on sait que le pistolet n'est efficace que contre les zombies et chiens, on commence à économiser ses balles, mieux, à fuir quand on le peut. Et si possible, on ne tue que les ennemis placés dans les couloirs importants,et on finit par étudier la carte par coeur pour connaitre les zones "safe".
Il y aussi les rubans encreurs, formidable système s'il en est, puisqu'on ne peut pas sauvegarder autant qu'on le souhaite. On est alors souvent en proie à des sales dilemmes du genre "Mmmh, cela fait 20 min que je joue, je devrais peut-être sauvegarder pour ne pas devoir tout recommencer si je perds, ou bien je garde mes rubans, car il ne m'en reste que trois..." Pour finalement ne pas sauvegarder et mourir bêtement dans un piège 2 minutes plus tard. Rageant, mais excellent moyen de générer du stress chez le joueur.
Et puis il y a les Crimson Head, ces sympathiques zombies qui se relèvent aléatoirement après avoir été abattus, devenant plus forts et plus rapides. Mais pas de souci, on peut brûler leurs corps tant qu'ils sont au sol, pour ne pas les voir se relever. Seulement l'essence est limitée et on est souvent en proie à un autre dilemme : brûler l'ennemi pour rendre une zone sûre, ou bien rester stressé chaque fois qu'on reviendra dans la pièce ? Le jeu aime aussi proposer des événements pour briser la routine, avec des ennemis qui frappent aux portes, les ouvrent ou même les défoncent. Sympa.
Mais Resident Evil n'est pas intéressant que pour la peur/le stress qu'il génère. C'est aussi un jeu avec une ambiance très travaillée, grâce aux graphismes à la limite du photoréaliste et aux très bonnes musiques d'ambiance, toujours remarquablement placées. C'est aussi un jeu très varié dans ses séquences, avec de nombreux ennemis, décors ou situations. C'est aussi un jeu avec un scénario intrigant (même s'il est loin d'être exceptionnel, soyons honnête), regorgeant de détails que le joueur patient pourra découvrir en fouillant de fond en comble le manoir et en lisant tous les documents laissés. Enfin, c'est aussi un jeu qui dispose de très bonnes énigmes, vraiment ingénieuses et très variées dans leurs idées.
J'ai tellement adoré que ce jeu que je pourrais lui donner mon tout premier 10/10, mais sa maniabilité ultra rigide est trop souvent exaspérante pour pouvoir être pardonnée. Ce sera donc un 9/10, et j'espère vraiment qu'un jour Capcom recommencera à produire ce genre de jeu.
