Resident Evil par TouchMyTralala
L'opus original, sorti en 1996, fut une de mes premières expériences vidéo-ludiques de façon indirecte : étant vraiment trop jeune pour y jouer, je me contentais de regarder mon grand frère déambuler dans le manoir, résoudre les énigmes, éclater des têtes de zombie à coups de pieds et souvent se faire dévorer. J'ai été très tôt fasciné par cette licence, ces jeux à l'ambiance particulièrement horrifique, nullement rebuté par un gameplay relativement peu pratique et, si les 2e et 4e opus ont ma préférence grâce à Leon, j'adore aussi Resident Evil premier du nom. Cependant, j'ai grandi sur les consoles de salon du Sony et n'ai découvert l'existence d'un remake du premier opus qu'il y a un an ou deux, lorsque j'ai cherché à combler mon manque de culture dans le domaine des jeux vidéo. L'achat d'une Wii / GC devenait alors urgent et j'ai finalement eu Rebirth au Noel dernier, avec son rival Silent Hill 2
J'ai pu faire plusieurs constats dès les premières minutes de jeu : tout d'abord, la cinématique d'introduction. Même si, personnellement, j'ai toujours apprécié le film noir et blanc du jeu d'origine (ainsi que la petite séquence qui précédait l'écran-titre), il était nécessaire pour ce remake de proposer quelque chose de moins kitch et plus sérieux. La nouvelle cinématique annonce la couleur : on va avoir peur, on va pas voir que des belles créatures et on va en prendre plein les yeux niveau graphismes.
Confirmation dès l'entrée dans le hall du manoir : même en 2013 (déjà 10 ans!), Rebirth est tout simplement splendide, le manoir garde son style d'origine mais gagne en détails, en finesse, en beauté (beauté relative, car la demeure des Spencer n'en devient que plus glauque, inquiétante). Chaque angle de vue est une vraie fresque qui fait rêver, particulièrement de la part d'un jeu de la gen 128 bits, et on reste bouche bée devant les effets de lumière en temps réel, la modélisation des zombies, des personnages et de leurs visage. Capcom a beau être une firme qui aime les arnaques (particulièrement sur cette gen), ils signent ici un remake graphiquement exemplaire et inégalé.
Si le jeu a été intégralement retouché graphiquement, le manoir en lui-même n'a pas réellement changé d'architecture. On y trouve bien sûr quelques ajouts, comme ce couloir sous l'escalier du hall, où l'on peut entendre des bruits qui n'augurent rien de bon, ou encore le cimetière et la cabane (moment de stress bonjour), mais c'est surtout le contenu des pièces et le déroulement du jeu qui changent : si le principe reste le même (trouver les clés, ouvrir la porte de la cour, visiter la résidence, retour au manoir, direction le labo ET BOUM TYRAN), ce sont de toutes nouvelles énigmes qui font leur apparition, les monstres n'apparaissent pas forcément au même endroit (un seul chien au lieu de 2 dans le couloir de l'aile Est, ce qui m'a bien fait stresser à chaque fois que j'y passais), les zombies s'amusent désormais à vous foutre les boules en tapant au carreau et en défonçant les fenêtres pour rentrer dans le manoir, et comble du bonheur ces mêmes zombies ne meurent pas forcément quand vous pensez les avoir tué. Remercions Capcom pour cette bonne idée qui rajoute une dose de stress : c'est un réel plaisir de voir un cadavre se relever et se jeter sur vous à toute vitesse pour vous griffer quand vous vous y attendez le moins. Autre bonne idée : Lisa Trevor, personnage macabre au possible, avec ses cris, ses bruits de chaîne dont j'ai parlé plus haut, son destin tragique révélé au fur et à mesure du jeu
Le gameplay, quand à lui, gagne toutes les améliorations des épisodes ayant suivi le premier RE: visée automatique, rotation à 180 degrés, pas de cinématique super chiante pour les escaliers (on garde cependant les cinématiques des portes, mais perso ça m'a fait plaisir). Ayant fait le jeu avec Jill en mode randonnée (je sais, sous-joueur), j'ai quand même ressenti une certaine difficulté dans la première partie du jeu : munitions réellement restreintes, MOTHERFUCKING CRIMSON HEAD et fort heureusement des herbes en quantités suffisantes. Pour la seconde partie du jeu, je me suis retrouvé pendant un temps armé jusqu'aux dents mais le stock est vite redescendu au niveau du laboratoire, par contre mon coffre déborde d'herbes et de sprays à ne plus savoir quoi en faire. Globalement le jeu reste quand même assez corsé car il s'agit vraiment de ne pas gaspiller une seule balle et de brûler un maximum de cadavres pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Peut-être pas assez de Hunters, j'ai l'impression qu'ils étaient beaucoup plus nombreux dans le jeu d'origine.
Pour finir, l'ambiance, qui est digne d'un RE et d'un vrai survival horror. On est vraiment plongé dans un monde horrifique du début à la fin du jeu et ce ne sont pas les monstres (je suis arachnophobe, imaginez ma joie en découvrant des araignées géantes saisissantes de réalisme), les musiques, la nuit et l'orage qui peuvent rassurer à un seul moment le joueur (hormis peut-être dans la pharmacie du manoir). A propos de musique, et parce que je ne peux pas faire une critique digne de ce nom sans parler d'un point négatif : les musiques du jeu d'origine m'ont manqué. Non pas que celles de Rebirth soient mauvaises, mais ce n'est pas la même expérience sans des couloirs silencieux, sans le léger thème au violon que l'on pouvait parfois entendre, bref il manque quelque chose. Oui, je chipote, car le jeu reste quand même excellent, le manoir reste un exemple de level-design, mais c'est peut-être ce petit détail qui m'a fait pencher pour un 9 et non un 10.
En conclusion, je dirais qu'avec Rebirth j'en ai eu pour mon argent. On m'avait vanté un des meilleurs survival horror et une perle graphique, et bien c'est exactement ce qu'est ce Resident Evil version GC.Un véritable cadeau aux fans de la première heure, un exemple en matière de remake, et un requiem pour une licence qui a depuis longtemps changé d'orientation.