Puisque mon CD de Resident Evil REmake n'a pas voulu coopérer, je conclus donc ce marathon Resident Evil rétro avec une petite revisite de RE2. Au programme : un policier pas très chanceux, l'espionne qu'il aimait et un papa un peu trop proche de sa fille.



Léon de Raccon



En sortant de Resident Evil 1, que ce soit l'original ou le remake, la première chose qui choque avec cette suite c'est bien la grosse emphase mise sur le scénario. Outre un gros boost du budget en ce qui concerne les CGI (RIP les phases en live-action, on ne vous oubliera jamais), les dialogues sont bien mieux joués (mention spéciale à Marvin et Irons, deux rôles mineurs mais ô combien réussis chacun dans leur domaine) et il y a beaucoup plus de cinématiques et de lore dévoilé au cours de celles-ci.
Du coup, le jeu comporte son lot de révélations bien fichues. Avant de me lancer dedans, je ne m'étais pas renseigné plus que ça, du coup j'ai vraiment été surpris en apprenant certains éléments du scénario, comme l'identité du monstre qui traque nos héros ou le background absolument immonde d'Irons.


La galerie des personnages est d'ailleurs un bon point de ce Resident Evil. Oh, ceux du 1 n'ont pas à rougir devant, ils sont très bons aussi, mais c'est vraiment un plaisir d'essayer de faire échapper Claire, Leon et leurs protégées de ce commissariat rongé par le mal. Le plus grand nombre de dialogues comparé à l'épisode précédent permet de rendre les interactions entre eux plus concrètes. Et leurs inévitables séparations plus stressantes. Et la galerie d'antagonistes est inoubliable, même si les suites les ont relégués au second plan et ont beaucoup plus mis Wesker en avant.
La relation Claire-Sherry est sûrement la meilleure de toutes. Adorable et crédible, on se prend d'affection pour cette gamine délaissée par ses parents dans cette ville où tout tombe en ruine, et qui trouve refuge auprès d'une jeune fille désespérément à la recherche de son frère. Côte-à-côte, elles forment une très chouette famille de substitution.
Dommage que la relation Leon-Ada vienne un peu troubler ce tableau. Beaucoup moins crédible (Leon se fait manipuler de bout en bout), on a pourtant l'impression que les scénaristes de la série l'ont adorée puisqu'elle sera resservie quasiment telle quelle dans 2 jeux et 1 film futurs...


Autrement, pour revenir sur les graphismes, si les CGI ont connu de belles améliorations, les graphismes in-game ne sont pas en reste. Comparé au volet précédent, les personnages et les ennemis sont plus détaillés, les environnements sont plus riches en détail, ils sont aussi un peu plus variés... Quand on pense que les décors ont été intégralement refaits à l'arrache parce que Kamiya trouvait le commissariat trop quelconque, ça relève du miracle ou du génie, mais en tout cas le joueur n'aura pas de quoi se plaindre de ce côté-là.
Mais peut-être sera-t-il moins emballé par la progression du jeu.



ABBA



Resident Evil 1 avait un côté Metroidvania, en particulier lorsque l'on jouait avec Jill. De nombreuses zones de jeu étaient disponibles dés le départ, les clés que l'on trouvait au fil de la progression permettaient d'ouvrir de nombreuses portes, etc. Lâchez dix joueurs d'un niveau équivalent dans le Manoir Spencer et revenez les voir au bout d'une heure de jeu, il y a fort à parier qu'ils seront tous dans une pièce différente avec un inventaire différent.
Resident Evil 2 est un peu une douche froide pour moi qui avait apprécié cet aspect du titre originel. Si le commissariat paraît immense, on y progresse de façon beaucoup plus restreinte : chaque clé n'ouvre qu'une ou deux portes, elles sont obtenues de manière linéaire et le backtracking est peu encouragé. Et c'est encore pire une fois que l'on quitte le commissariat, puisque le joueur passera son temps à visiter des couloirs sans jamais être invité à revenir en arrière. Le labo à la toute fin du jeu offre un léger sursaut au niveau de l'ouverture de l'aire de jeu, mais c'est timide.
Pour être honnête, la deuxième moitié de RE1 était assez linéaire aussi, mais la revisite du manoir ou la quête annexe pour libérer Chris/Jill offraient un peu de variété entre deux couloirs.
On peut aussi noter un gros nerf des énigmes. Il y en a beaucoup moins que dans l'original, elles sont inexistantes une fois qu'on quitte le commissariat, et surtout elles sont d'une simplicité insultante. Pousser un bloc, faire une addition et savoir que 11, 12 et 13 correspondent à valet, dame et roi dans un jeu de carte, c'est à peu près tout ce que vous rencontrerez. RE1 n'est pas forcément très recherché dans ses énigmes, mais bon. Les tableaux ou le code secret du laboratoire, ça avait quand même plus de gueule.


Même si c'est décevant, il serait de mauvaise foi de ne pas reconnaître d'autres qualités à ce RE2. Il est par exemple extrêmement riche en contenu, jugez plutôt : 2 personnages jouables proposant chacun un scénario différent, lui-même déclinable en deux variations, 6 modes de difficulté (je déconseille les modes "arrangés" pour une première partie, mais ils peuvent être amusants pour découvrir le scénario de la seconde partie sans se fouler), deux personnages bonus avec leur propre scénario...
Bref, les joueurs de 1998 en avaient pour leur argent, et ils avaient largement de quoi tenir en attendant RE3.


Et puis comment ne pas parler de l'OST ? J'aime énormément la musique du premier jeu, très atmosphérique et dérangeante, ça colle parfaitement à l'ambiance...
Du coup RE2 part dans une toute autre direction. Plus rythmée pour coller au côté "horde de zombies", elle fait en outre un usage très intelligent d'un leitmotiv pour marquer la progression du joueur. 3 simples notes qu'on entendra du premier tableau (peut-être ma musique préférée de la série) jusqu'au boss final, en passant par le hall du commissariat et quelques thèmes de cinématiques.
Elle a un côté très film hollywoodien que je ne saurais expliquer. En tout cas, c'est ma bande-son préférée de la série, rien que le thème des salles de sauvegarde qui mêle astucieusement des sonorités relaxantes et menaçantes met en PLS tous les autres.



La clef du mystère



Même si je trouve dommage que Resident Evil 2 abandonne en partie le système de progression du premier épisode au profit d'un peu plus d'action, il est indéniable que le pari lancé par Kamiya et son équipe a été relevé haut la main.
Tout à fait cohérent, avec une histoire très sympa à suivre, Resident Evil 2 est un indispensable. Quel malheur qu'il ne soit en vente sur aucune console moderne et que seul son remake (sans doute très bon) soit disponible. C'est malheureux pour ceux qui voudraient vivre cette aventure dans son jus d'époque...

Sonicvic
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le 6 nov. 2020

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