A propos de mon expérience Resident Evil:
J'ai (dans l'ordre auquel j'y ai joué) fini les jeux suivants : RE5, RE1 (remaster), RE7, RE2 Remake, RE3 Remake
Totalement conquis par RE2 l'année dernière, c'était de pied ferme que j'attendais ce nouvel opus, et le recevoir plus d'une semaine avant la sortie officielle dans ma boîte aux lettres m'a clairement fait plaisir. Le jeu ayant été développé en simultané de RE2, les comparaisons vont évidemment fuser dans cette critique.
Commençons d'abord par ce qui rapproche les deux jeux dès le premier coup d’œil : les graphismes sont toujours aussi beau, le RE Engine fait vraiment des merveilles, notamment sur tout ce qui est effets de lumière et d'humidité. Ca en jette vraiment. Par contre, le moteur était plus poussé en terme de destruction des ennemis dans RE2, et c'en est clairement décevant ici : plus de membres arrachés, plus de destruction partiale des têtes de zombies, nada, on a fait un gros pas en arrière et ça enlève clairement de la jouissance tant le tir de magnum faisant sauter une partie du crâne d'un flic mort-vivant faisait partie intégrante de la réussite du gamefeel de RE2. Ici, c'est assez lambda, et c'est vraiment dommage.
Côté scénario on est dans du RE, c'est à dire que c'est du nanar décomplexé avec des punchlines plus ou moins senties et des réactions très peu crédibles des personnages. Mais c'est un peu ça qui fait le charme de la série de toute façon. Par contre on appréciera les parallèles avec RE2, l'histoire se déroulant dans une même fenêtre temporelle .
et notamment ce petit passage au commissariat dans lequel on verra l'origine de certaines scènes macabres que l'on a vu l'année dernière
RE3 est également beaucoup plus orienté action que son prédécesseur, et je dois avouer que sur ma première run, ça m'a pas mal dérangé tant on ne faisait qu'enchaîner les différentes zones sans jamais vraiment se les approprier comme on avait pu le faire avec le commissariat. On passe son temps à courir et on a plus vraiment ce dilemme du "Est-ce que je nettoie cette zone dans laquelle je suis amené à revenir ou bien est-ce que j'économise mes balles?". De une, car on a peu de chance de repasser dans le coin (à part la zone de la démo qui demande un petit peu de backtracking), et de deux car on est jamais vraiment en dèche de munitions non plus, notamment dans les runs suivantes où l'on aura tôt fait de débloquer la M16 avec munitions infinies.
Qui dit action dit également abandon de toutes les énigmes chères à la série, ici rien à se mettre sous la dent, on ira d'un point A à un point B en passant par C pour récupérer la clé, et basta.
On regrettera aussi notre cher Mr. X dont la présence en tant que frein vivant de l'exploration était vraiment bien plus anxiogène que celle de Némésis, qui ne consiste finalement qu'en un enchaînement de phases de poursuite scriptées et de phases de boss. Pas vraiment la menace qui guette derrière une porte sans qu'on ne le sache, ni le bruit sourd de pas résonnant dans un couloir adjacent.
Par ailleurs, cette orientation action non-stop a forcément un impact sur la durée de vie du jeu. Ainsi, j'ai pu boucler ma première run en Hardcore en 6h30 en prenant bien mon temps et en admirant les décors. En soi, c'est pas bien dérangeant, d'autant plus que le rythme est parfaitement géré pour la durée proposée. C'est juste que vu que l'on a pas de run A et B comme dans le second opus, on se dit qu'en terme de rejouabilité c'est foutu.
C'est donc en condensant tout ce que je viens de dire que j'étais parti sur un 7 sec, pour un jeu honnête mais peinant à suivre les traces de son illustre aîné auquel j'avais octroyé un 9 + cœur (et une critique également plus travaillée). Une suite sans grande envergure et qui me rendait légèrement déçu de Capcom.
Et puis j'ai quand même relancé une seconde run, en mode assisté avec objectif de finir en moins de 2 heures, sans soins, et sans caisse d'inventaire. 1h45 plus tard, je me suis dit qu'en fait le format du jeu se prêtait très bien à ce genre de défi, où il n'y a pas vraiment de RNG mais plus un apprentissage des coins à éviter, des comportements de Némésis dans ses différentes phases, ainsi que des différents monstres que l'on croisera. Mais bon, après c'était du mode assisté, c'est pas non plus bien dur.
J'ai donc lancé une troisième run en mode Nightmare, et là, miracle! La rejouabilité est bien là! Il y a un grand bouleversement au niveau du placement des ennemis et des objets, et on se retrouve à nouveau en terrain anxiogène. Run de 5 heures donc (au chrono, dans les fait il y a bien 1h30 passée juste sur le boss final), avec des moments clairement difficiles tant on est submergé par les hordes d'ennemis qui te tuent en un ou deux coups. Aïe.
Et je ne parle même pas du boss de fin, cette dernière forme de Némésis qui te one shot avec n'importe lequel de ses coups grâce à un stunlock qu'il t'inflige - conseil, débloquez les pièces de défense dans le magasin, ça vous laissera une petite marge d'erreur - et te demandera de jouer totalement différemment de tout le reste du jeu. Ici, il faut enchaîner les roulades à la frame près en mémorisant par cœur les patterns arythmiques du boss. On est dans Dark Souls.
Enfin, je me suis lancé dans une dernière run, une run en Inferno (= one shot par le plus banal des zombies) avec objectif rang S (5 saves max, 0 morts, moins de 2 heures). Les placements sont les mêmes qu'en Nightmare, ça tape juste encore plus fort, certains points de sauvegarde n'existent plus, et j'ai l'impression que les pas beaux sont encore plus agressifs. J'en ai bavé, mais j'ai réussi, à grand renforts d'objets débloqués dans le shop, et j'ai réalisé l'étendue du jeu. Ca m'a presque donner envie de faire du speedrun dessus. Presque, parce que vu la galère que cette dernière run fut, je me dis que je ne suis pas assez maso pour ça. Mais le jeu en a clairement le potentiel, et la rejouabilité est en réalité véritable, pour peu que l'on veuille se dépasser et qu'on ait envie d'en découdre avec les épreuves les plus retorses que les devs ont à nous proposer. D'où la montée de ma note à 8 avec cœur.
Bref, j'ai aimé ce RE3 d'une façon différente de celle de RE2, mais somme toute assez complémentaire. Je recommande donc largement le jeu, étant initialement déçu de l'avoir fini en 6h30, pour aujourd'hui y avoir plus de 20 heures. J'y retournerais également pour faire les collectables une fois les guides en ligne, histoire de choper les derniers trophées. Et puis, à noter que pour le prix d'achat initial, vous avez également RE Resistance fourni. Je ne sais pas encore vraiment ce qu'il vaut, les serveurs étant ouverts mais assez désert (je n'ai réussi à faire qu'une partie dans laquelle j'étais un peu paumé, donc on verra).