La saga Resident Evil a de nouveau le vent en poupe, depuis 2017 et ce septième épisode novateur dans la franchise, qui mettait de côté l’action (du moins, sur sa première moitié) pour se concentrer sur l’horreur, en première personne. S’en suivirent les remakes du deuxième et troisième épisode, encensés tant par la critique que par le public, et qui remettent au goût du jour des épisodes techniquement datés, mais ayant marqué le médium. Ces deux volets successifs se basent justement sur le tournant action, caméra à l’épaule, opéré par la franchise en 2005 à la sortie du quatrième opus, dont le remake nous intéresse aujourd’hui.
Et si je n’ai que brièvement mis mes mains sur l’épisode original, son aura est telle que la foultitude de jeux que j’ai pu arpenter ces dix-huit dernières années était clairement ses descendants spirituels. La caméra à l’épaule donc, mais aussi l’avènement des QTE, et du sidekick à gérer. Et si on a toujours une notion de survival, avec un inventaire à gérer, des munitions limitées, et des séquences extrêmement tendues (le village, la villa…), la part belle est laissée à l’action. Un savant mélange de tension et de défouraillage, où le rythme est maîtrisé, alternant escarmouches, exploration et boss dantesques. Voilà le lourd héritage du titre qui a fait entrer la franchise dans l’ère moderne du TPS en en définissant la majorité des règles. C’est aussi l’opus qui ancre définitivement la franchise dans le nanar assumé, où l’on fait fi de la crédibilité du scénario au profit de la réussite d’une ambiance. Nombreuses étaient donc les personnes dubitatives quant au bien fondé d’un remake.
Mais Capcom l’a déjà démontré, ils ne sont pas manchots et sont parfaitement capables de pondre une revisite d’un titre aimé, jouant habilement le numéro d’équilibriste entre fidélité et renouvellement. Et le RE4 2023 ne déroge pas à cette nouvelle ligne directrice du studio nippon. Hormis l’utilisation du RE Engine, déjà bluffant dans les derniers jeux, et ici sublimé par une direction artistique aux oignons, c’est aussi l’écriture et la mise en scène qui ont pris un coup de polish. On a ainsi effacé des répliques datées, instillé du dynamisme en retravaillant certaines séquences de gameplay, et apporté quelques retouches à l’arsenal de Leon. L’ajout principal étant évidemment la parade, rendant le couteau indispensable et sacrément dévastateur, tout en contrebalançant cet atout par une jauge de durabilité qui, ancre à nouveau le jeu dans le survival. La lame est fragile, et si elle semble être l’arme ultime, son utilisation doit être réfléchie. Cela représente parfaitement la philosophie de ce remake, en recherche d’optimisation entre nostalgie et modernité.
Comme pour les opus précédents, l’aventurier est invité à parcourir le jeu de nombreuses fois. Invitation formulée par le désormais classique menu des défis, demandant au joueur de passer certains niveaux de difficulté, de le finir avec certains handicaps (pas de soins, couteau et flingue uniquement…), et permettant de débloquer de nouveaux outils. Ainsi, si la première traversée de RE4 prend une quinzaine d’heures, on ira aisément plafonner dans la quarantaine d’heures suite aux runs successives (compter 3-4 heures pour un speedrun pas bien compliqué). Et donc, si comme à l’accoutumée certains se contenteront d’une unique incursion dans le village espagnol, et pourront trouver la durée de vie assez courte, ils passeront à côté de ce qui fait l’essence même de la formule Resident Evil. Car si je m’amuse rarement à refaire mes jeux dans la foulée, la licence de Capcom a un goût de reviens-y très prononcé, poussant à jouer différemment et à se dépasser.
Je ne rentrerais pas plus en détail dans les mécaniques au coeur de la saga rebootée, ayant déjà fait l’abattage dans mes critiques des deux précédents remakes ici et ici. Je concluerais donc juste en disant que ce RE4 est au moins aussi maîtrisé et plaisant que le second volet de 2019. Amateurs, foncez!