Resident Evil 4 est devenu un classique pour moi. Il fait partie de mon top 20 des meilleurs jeux de tous les temps tant il m’a marqué à sa sortie et tant il a apporté aux jeux vidéo en 2005. Ce n’était pas qu’un simple Resident Evil, le quatrième en l’occurrence, car Capcom avait réussi à insuffler une nouvelle manière d’appréhender les jeux d’horreur en les teintant d’une composante action. La formule sera très rapidement reprise (Dead Space, Lost Planet pour ne citer que les plus proches chronologiquement). Ainsi, ils rendaient la saga plus « grand public » en gommant l’horreur pure tout en corrigeant la rigidité cadavérique des précédents épisodes. Le choix de la caméra à l’épaule est un coup de génie, marqueur de cet opus, elle permet d’inscrire le joueur dans une tension permanente en limitant la vue à 360° au champs de vision de votre personnage incarné à la troisième personne. L’angoisse, la surprise et la tension inhérente à ce choix de game design n’abolissait pas totalement l’aspect horrifique traditionnel de la licence. Si Léon Kennedy gagnait en agilité, il n’était pas non plus un foudre de guerre, loin s’en faut. Déjà il n’était pas permis de tirer en se déplaçant. Tirer devient donc un choix déterminant et une prise de risque puisque vous décidez de vous immobiliser face aux ennemis. Cet aspect fait partie de l’ADN de Resident Evil depuis ses tout débuts. Des actions contextuelles font néanmoins leur apparition, c’était clairement la mode à l’époque (2005-2010). Des QTE sont présents pendants les combats, notamment au corps à corps pour se débarrasser d’ennemis étourdis mais aussi lors de phases d’actions telles que fuir un rocher roulant à vos trousses, couper une corde, s’accrocher à une corniche et la grimper etc. Resident Evil 4 assume complètement sa mutation et inaugure une nouvelle ère. Capcom prolongera la formule sur deux épisodes canoniques Resident Evil 5 et 6 dont le succès d’estime fut moindre, jusqu’à une nouvelle transformation du gameplay avec le septième opus mais ceci est une autre histoire...
Dans les grandes nouveautés apportées par ce Resident Evil 4, on peut également citer le passage à la 3D. Fini les décors précalculés des épisodes antérieurs, dans cet opus vous parcourez un monde, linéaire certes, mais de belle facture pour l’époque et offrant une grande variété d’environnements. Je me rappelle très bien la claque graphique offerte par ce titre sur Gamecube. Les magazines n’en revenaient pas et le jeu était omniprésent dans les conversations à la récréation de mon lycée. De la forêt en passant par le château pour finir sur l’île constituée d’un camp militaire et d’un laboratoire lugubre, Resident Evil 4 est un voyage permanent pendant près de 15h. L’alternance d’unités de lieux, nouvel apport de ce titre dans la licence, n’est pas anodine. En effet, elle permet d’offrir une grande variété de situations. Resident Evil 4 s’apparente à une montagne russe savamment dosée, on ne s’ennuie pas et l’intérêt du joueur est suscité grâce une succession de mises en scène, de boss et de nouveaux ennemis captivants notre attention. L’introduction d’un marchand nous permettant d’augmenter le potentiel des armes, petit élément RPG assez saugrenu pour la licence, donne un véritable intérêt à la progression et permet de ressentir une véritable montée en puissance. Doté d’une grande rejouabilité, taillé pour le speed run, le chef d’œuvre de Capcom se parcours à nouveau avec plaisir pour les amateurs d’armes dévastatrices et de tenues supplémentaires. Une durée de vie qui croît d’autant plus si vous ajoutez divers bonus comme la mission annexe d’Ada ou le mode bonus Mercenaires particulièrement addictif et novateur pour l’époque.
Que vaut Resident Evil 4 en 2023 ? Il reste toujours le chef d’œuvre qu’il fut mais la maniabilité sur PC au clavier et à la souris est vraiment difficile. Je recommande l’usage de la manette. La licence horrifique de Capcom a toujours été taillée pour les consoles (ergonomie, maniabilité, modes de jeu etc.). Avec la sortie du remake il y a deux semaines, on pourrait penser qu’il est désormais obsolète, un peu comme la sortie de Resident Evil « Rebirth » sur Gamecube qui a rendu suranné le jeu d’origine sur PlayStation. Détrompez-vous pour Resident Evil 4, je crois qu’il a toujours un intérêt intrinsèque. Déjà parce qu’il n’est pas horrible visuellement, le titre a bien vieilli et parce qu’il offre des passages mémorables absents du remake. Il y a un intérêt à parcourir l’œuvre originale et je vous encourage fortement à le faire si vous vous intéressez au remake qui a marqué l'actualité ces dernières semaines.
En conclusion, je ne passerai pas par quatre chemins. Jouez à Resident Evil 4 ! Il a révolutionné le jeu vidéo en 2005 en apportant une formule solide à cheval entre action et horreur grâce à un gameplay dynamique pour l’époque, une caméra très cinématographique située sur les épaules du protagoniste et par une technique impressionnante au milieu des années 2000. Il est objectivement un très bon jeu, riche et varié, parfois nanaresque, parfois agaçant (Ashley) mais ses défauts sont pardonnés devant tant d’inventivité et de générosité. Qu’attendez-vous messieurs ?