Resident Evil 4 HD
8.3
Resident Evil 4 HD

Jeu de Capcom (2014PlayStation 4)

Partageant généralement une opinion similaire à l’avis général envers les célèbres produits culturels, certaines exceptions me laissent d’autant plus perplexes, qu’elles soient jugées positivement (The Walking Dead de Telltale, …) ou négativement (Dead Space 3, …). Auréolé par de nombreux amateurs comme l’un des meilleurs opus de la saga, Resident Evil 4 fait très clairement partie de ces cas-là. Il comporte à mes yeux bien trop de défauts pour mériter un tel titre. Je ne critiquerai pas ici l’orientation action adoptée puisque le sixième épisode figure parmi mes favoris.

C’est sans doute le contraste entre la réputation de RE4 et 6 qui m’étonne le plus à ce sujet. Que des développeurs décident de réorienter le style de jeu ne me pose pas de problème, à condition que le gameplay soit remodelé et adapté en conséquence. Là où RE6 propose esquive et déplacement tout en visant, RE4 conserve la rigidité de ses aînés à laquelle s’additionne une visée qui cumule lenteur et lourdeur. Le maniement « tank » des opus PS1 ne posait pas de réelles difficultés puisqu’il suffisait de pivoter le personnage sur lui-même en direction d’un adversaire et de tirer sans viser, le nombre de monstres présents restant relativement limités dans un même lieu. La visée se montre tout aussi capricieuse avec une fâcheuse tendance à s’orienter vers le haut ou l’impossibilité de changer la caméra d’épaule. La pénibilité de la maniabilité se ressent d’autant plus que le jeu fait se succéder des vagues d’ennemis à n’en plus finir. Ce qui amène à un autre point noir du titre : la répétitivité des situations proposées. Les arènes laissent place à des couloirs qui laissent eux-mêmes place à des arènes, etc. Quelques situations originales ponctuent l’aventure, plus particulièrement dans la seconde moitié du jeu, mais elles demeurent trop rares pour casser la monotonie qui s’installe bien vite. Cette répétitivité se ressent également dans les lieux visités : couloirs forestiers, couloirs bétonnés, couloirs en bois, … La cohérence des environnements laisse franchement à désirer. Contrairement au manoir Arklay ou Raccoon City dans lesquels on pouvait discerner un semblant de vie avant la tournure dramatique des évènements, des salles d’un vide abyssal collées les unes aux autres ne sont ici que prétexte à parcourir des kilomètres d’un point A à un point B sans véritable logique architecturale.


Le scénario, quant à lui, reste dans les standards du nanar propres à la série. Toutefois, un aspect tout particulièrement kitch découle des environnements avec son village perdu de cul-terreux et son château digne d’un Dracula des années 1970, sans oublier les antagonistes ridicules avec un nabot et un grand méchant qui redoublent d’effort dans leurs rires de vilains pas beaux ou un soldat qui a raté son casting de Metal Gear Solid (c’est sans doute lui qui a donné son codec à Leon). Le succès de la franchise incite à la multiplication de références placées au forceps, remplissant avec assiduité le cahier des charges dans la dernière ligne droite de l’aventure. A l’image de ses situations, le scénario s’avère donc bien prévisible.
Le marchand reste l’une des (rares) bonnes idées du jeu, bien qu’il ne vende pas de munitions alors que certains de ses stands en sont parsemés. Il est possible d’acquérir de nouvelles armes et de les améliorer contre de l’argent récolté tout au long des couloirs visités, l’équipement restant conservable d’une partie à l’autre grâce à un new game + bienvenu. Une autre qualité du titre réside dans les interactions avec les ennemis qui réagissent différemment en fonction de la partie du corps visée ou du lieu où ils se situent. Le bestiaire parvient lui aussi à se renouveler, malgré la faible diversité des modèles 3D disponibles, avec des infectés qui acquièrent au fur et à mesure de nouvelles capacités.

Resident Evil 4 est donc un jeu perclus de défauts majeurs qui ne sont pas inhérents à son âge et à d’éventuelles limitations techniques propres aux machines de l’époque. En 2006, année de la conversion du titre sur PC, sortait FEAR, un FPS horrifique d’une efficacité redoutable développé par un studio bien plus modeste que Capcom. Certes, la comparaison n’est pas des plus pertinentes car ils n'appartiennent pas réellement au même genre, mais donne une idée de ce que pouvait proposer un titre d’action horrifique à la même période. Il fait peut-être partie de ces jeux qui jouissent de la caution « nostalgie » et tendent à faire oublier leurs tares les plus évidentes à un public d’anciens adolescents qui n’y ont plus touché depuis.

RickDeckard
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le 27 juil. 2022

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