Resident Evil 6, dixit le « Mal-aimé », sorti en 2013, est le dernier épisode de la franchise dans sa fameuse phase TPS regroupant le célèbre Resident Evil 4 (qui a fait l’objet d’un somptueux remake en 2023) et Resident Evil 5 (un titre que j’ai personnellement beaucoup apprécié mais qui n’a pas fait l’unanimité non plus). Resident Evil 6 nous met cette fois-ci dans la peau de plusieurs personnages dont Chris et Leon, deux protagonistes majeurs de la licence de Capcom. Vous incarnerez également deux autres personnages, Ada et un personnage secondaire Sherry Birkin. Chaque personnage s’incarne dans une campagne qui lui est propre jouable en coopération avec un binôme pour un total de huit personnages jouables. Les quatre campagnes proposées sont autant d’angles de vue sur la même histoire. Il sera nécessaire de parcourir l’ensemble des campagnes pour comprendre toutes les ficelles d’un scénario plutôt explosif et nerveux mais qui réserve néanmoins son lot de surprises. La durée de vie de ce Resident Evil 6 est plutôt généreuse, surtout pour la licence, car il vous faudra environ 20 à 25 heures pour en voir le bout en difficile. En plus du mode campagne, divers modes de jeu classiques permettent de varier les plaisirs dont le très populaire mode Mercenaires.
Rentrons rapidement dans le vif du sujet, oui j’ai mis une bonne note pour ce titre décrié et non je ne suis pas aveugle ou idiot. Pour moi c’est une évidence. Le jeu est très sympathique malgré sa composante « action » poussée à l’extrême. En fait, c’est un épisode qui a fait le choix de laisser de côté l’aspect « survival horror » qui n’a jamais été le fort de la franchise Resident Evil. A part, le premier épisode (et encore, je parle du remake sur Gamecube), éventuellement le deuxième opus puis désormais le septième, la quasi-totalité de la saga Resident Evil repose sur une composante « action » bien bourrine depuis toujours. Dans tous les jeux de cette immense saga, vous avez systématiquement la phase où vous avez plus d’armes et de munitions qu’il n’y a de zombies et vous finissez par détruire tout ce qui bouge avec le lance-grenades ou le magnum. Oui, c’est ça Resident Evil. Ce n’est pas et ça n’a jamais été Silent Hill. Cessons l’hypocrisie trois minutes ! Donc dans cet épisode, Capcom s’est dit qu’il était de bon ton d’y aller en mode feu d’artifice et de proposer un jeu survitaminé, bourré d’actions improbables, de scènes culte avec une ambiance de fin du monde pour une fois réussie. Alors qu’on soit bien clair, ce n’est pas le meilleur épisode de la série, il faut tempérer l’enthousiasme mais je me suis bien amusé malgré tous les avis négatifs qu’on peut lire à droite et à gauche sur la toile et qui m’ont mis sur mes gardes au début de l’aventure. Voici, selon moi, les points positifs et négatifs de Resident Evil 6 :
Points positifs :
- Quatre campagnes et modes annexes entièrement jouables en coopération
- Le chassé-croisé entre les divers protagonistes mis en lumière au fur et à mesure des campagnes
- Pas ou peu de temps mort, l’action et le suspense sont non-stop jusqu’au dénouement final
- Une très belle réalisation technique même en 2024
- On voyage beaucoup dans cet épisode, des ambiances très différentes en fonction des lieux ou de la campagne en cours
- Un gameplay moins rigide, plus dynamique que ce dont nous a habitué la licence : possibilité de tirer en se déplaçant, possibilité de plonger, faire des roulades latérales, de se battre au corps à corps. Bref, une maniabilité dépoussiérée des « codes » si caractéristique de la licence
- Un jeu décomplexé (donc japonais) avec des scènes d’actions totalement invraisemblables : on frôle la rupture d’anévrisme
- Une bonne variété d’armes
- Une bonne variété des situations : conduite de véhicules, exploration, zones ouvertes ou couloirs à suivre, cinématiques avec des QTE, boss, phases de coopération ou phases solo (chacun de son côté) …
- Le système de gestion des passifs à équiper avant de lancer une mission, déblocable en échange de points glanés au cours de l’aventure
Points négatifs :
- Gameplay innovant et dynamique mais qui peut paraître brouillon même après 20h de jeu, prise en main difficile des nouvelles possibilités de déplacement de nos protagonistes
- La capacité de certains boss à ne jamais crever finit par lasser
- Qualité des campagnes inégales : les deux premières sont excellentes, les deux autres sont un cran en dessous
- En coopération, le second joueur qui accompagne le scénario avec Ada n’existe pas réellement puisqu’Ada est une louve solitaire dans cette aventure (et de manière générale) créant de fait des incohérences. Du coup, pas mal de téléportations/disparitions du personnage militaire incarné par le second joueur pendant les cinématiques voire même les phases de gameplay. Bref, cette campagne n’est pas faite pour être joué à deux.
- Les menus et la gestion de l’inventaire sont à chier. On s’y fait très vite, là n’est pas le souci mais c’est mauvais. Ceci est justifié par le fait que les développeurs avaient l’impératif de ne pas mettre en pause le jeu puisqu’il est taillé pour la coopération locale ou en ligne. Cependant Resident Evil nous a habitué à bien mieux en termes de gestion d’inventaires.
- Pas de possibilité de personnaliser ces armes, pas d’amélioration de celles-ci car pas de marchand.
- Bestiaire peu varié
- Scènes d’actions outrancières ?
En conclusion, je suis bien conscient d’un certain nombre de choses qui ne vont pas dans cet épisode mais malgré tout, à la fin de l’aventure, à l’heure du bilan, je me suis bien amusé. Est-ce le fait de l’avoir intégralement parcouru en coopération ? Peut-être. Dans tous les cas, manette en main, on s’amuse car cela reste fondamentalement du Resident Evil. Si vous avez apprécié un temps soit peu le gameplay du 4 ou du 5, celui-ci ne change pas radicalement la donne. Doté d’un peu plus de dynamisme, il permet aux développeurs d’accroître l’intensité des combats. Il y a bien plus d’ennemis simultanés dans Resident Evil 6 que dans n’importe quel autre opus de la franchise. Alors bien évidemment, le scénario, les scènes d’actions outrancières où tout explose, le côté Bayonetta, je peux comprendre qu’il s’agit d’une affaire de goût : on aime ou on n’aime pas. Mais l’absence de la composante « survival horror » ne m’a pas dérangé finalement alors que j’avais de sérieux doutes en lançant le jeu pour la première fois. Et je ne considère pas que cet épisode décrédibilise la franchise en lui ôtant un supposé côté sérieux. Resident Evil, depuis le premier épisode sorti en 1996 sur Playstation, était plus ou moins pensé comme un colossal nanard décomplexé où l’on finit l’aventure doté d’un lance-roquette. Certes, il ménageait le suspense et la peur grâce à des déplacements limités et des angles de vue pernicieux, certes un inventaire exigeant et limité tout comme la résolution d’énigmes parfois difficiles renforçaient l’aspect « survival horror » mais cela n’en faisait pas moins un jeu dont la composante « action » était primordiale surtout dans la seconde partie de l’aventure. Bref, Resident Evil 6 se débarrasse volontiers de tous ces aspects pour livrer ici une aventure dopée aux hormones. Cet ultime épisode de la séquence TPS de la franchise sonne comme un chant du cygne. Les développeurs se lâchent et nous livrent une aventure surprenante qui sonnera comme une dissonance grave chez une grande partie du public. Dommage.