Ah ah ah ! Resident evil s'est transcendé, il est sorti de son cocon ! La vieille chenille toute moche et conne s'est dit que c'était bien gentil avant mais maintenant faut faire un effort et se donner la chance d'être vraiment fun !
RE c'était des flics de la mort qui avaient des flingues de dingue, des lance grenades et toute une panoplie de moyens pour nucléariser une ville, mais qui restaient tristement et étrangement coincés derrière une grille rouillée dans RE 3. C'était un gameplay royalement con, où on nous forçait à résoudre un puzzle exploitant avec finesse et délectation les limites techniques et les plans de caméra signés Uwe Boll, une rigidité voulue (à ce qu'il paraît) nous forçant à tirer parfois n'importe comment et une combinaison gagnante de scénario catastrophique et de setting pléthorique (et donc inutilement obscur). Et c'était, enfin, la joie des allers et retours interminables ponctués de rencontres ultra scriptées. Heureusement RE 4 est arrivé, a tout changé et depuis, chaque RE est un bonne tranche de rigolade.
Et là, plus encore que dans le 5. Autant ce dernier conservait la lourdeur physiologique inhérente aux précédents opus, autant là, on oublie la peur, l'angoisse et les portes en bois et on se concentre sur les gros flingues, les triples sauts périlleux entre un hélicoptère qui s'écrase et une moto qui décolle pour faire un double axel piqué avant de retomber sur le wagon d'un métro aérien en plein milieu de Shangai... Bah ouais, parce que c'est comme ça maintenant RE ! On s'en fout des monstres, anciens zombies et dobermans pourris, maintenant on a des trucs mutants énormes qui sont transportés en hélico, ou des mouches géantes qu'on défonce à coup de paratonnerre sur le sommet d'un immeuble !!! D'ailleurs on imagine avec aisance un board de "créatifs"/marketeux poudrés jusqu'aux yeux en train de balancer toutes les possibilités de streums en se tapant sur le ventre comme des collégiens débiles.
Alors quid de cet épisode ? Et bien là l'outrance glisse vers le mauvais gout, puis se ravise en essayant de faire sérieux mais repart vers du grand n'importe quoi. Au moins on s'assume chez Capcom, au moins on se dit que quitte à faire des zombies autant qu'ils soient contaminés par un virus propagé par un missile explosant au milieu d'une des plus grandes villes du monde. Qui peut le plus, peut le moins, donc on va s'amuser à faire le plus possible.
Donc des monstres de partout, des boss à chaque niveau, des poursuites en bagnole, en moto, en ski-doo, en hélico, en avion... Et pour que tout ça tienne en place, on est obligé de faire 4 campagnes tenant sur autant de temps que deux RE classiques ! Et ouais, parce qu'ils sont dingues chez Capcom ! La drogue et l'espoir de vendre par palettes leur titre les ont sans doute poussé à faire tout et n'importe quoi. Et ça en devient génial. Une sorte de mutation du jeu vidéo japonais qui aurait été contaminé par le virus du capitalisme à tout crin américain, une image de leur propre monstruosité jeté dans la console des joueurs du monde entier.
Par contre, pas de DLC... Tout d'un bloc, pas de chichi, on ne rigole plus, on ne prend plus trop l'acheteur pour un gogo : on lui en met plein la gueule du début à la fin, pas forcément intelligemment mais avec force et conviction, et on espère qu'il aura bien compris, le joueur, que maintenant Resident Evil c'est un jeu d'action avec un peu d'horreur digne d'un Gears of war et si on veut des énigmes à la con et une ambiance horrifique, on peut se tourner vers les Revelations.
Alors est ce que Resident Evil est mort ? Pas vraiment. Il est infecté. C'est comme ça qu'on dit quand ils courent comme des tarés vers l'humain de base qui ne sait pas quoi faire et qui hurle à la mort. Il est infecté par le virus du grand public, celui qui préfère une grosse scène d'action à une longue marche mystérieuse vers un destin horrible, celui qui préfère un gameplay flingues/zombies/poursuite avec un semblant de scénario. Et ça, Capcom le fait avec une maestria et une jubilation bienvenue.