Un RE:R sur de bons rails
Paradoxe : l'un des premiers gros jeux inédits de la 3DS, qui ne soit ni un remake ni un portage, est également un incroyable catalyseur de nostalgie qui respire le "bon vieux temps".
Le bon vieux temps des Resident Evil Gamecube et de l'amour Nintendo-Capcom, notamment. Au début des années 2000, un magnifique remake du premier opus sort sur la console cubique, suivi d'un épisode inédit très fidèle à l'esprit, Zero, et la love story atteint son apogée avec l'annonce d'une exclusivité de Resident Evil 4 sur la machine (sur laquelle l'éditeur reviendra par la suite). Dix ans plus tard, avoir sous les yeux la boîte de Revelations, c'est presque comme si Resident Evil 5 n'avait pas existé, comme si l'idylle était toujours là, et comme si la 3DS se métamorphosait soudain en Gamecube portable, ce gros fantasme de fanboy Nintendo...
Le retour aux sources est bien là : comme le premier opus de la série, ce Resident Evil contient pèle-mèle une Jill Valentine, un (semblant de) manoir, des petites salles, des munitions vraiment limitées, du challenge, et surtout, un certain sentiment de peur. Fini, le superhéros qui botte des rochers : on a affaire à un survival ici, dans l'âme si ce n'est dans le coeur du gameplay.
Mais Revelations n'est pas un jeu réactionnaire pour autant, c'est la beauté de la chose. Il intègre les principales innovations de la série depuis sa création, il en prend le meilleur (l'ambiance in-game, l'architecture des intérieurs entre tubulures, machines et îlots de luxe, l'excellence graphique façon RE5, la prise de conscience tardive que TIRER EN MARCHANT, c'est parfois utile...) et une partie du moins bon (le scénario constamment débile et cliché, le côté série Z des années 1980, le chara-design un peu discutable, une certaine rigidité dans la jouabilité...). Et le paquebot, excellente idée, rappelle en un sens le train de Zero.
Malgré son apparence de spin-off, je pense qu'il mériterait d'avoir une place dans la numérotation principale - Revelations est un authentique "chaînon manquant". Pas d'effet God of War PSP : on est en présence ici de Resident Evil 4.5, voire du vrai Resident Evil 6, incognito dans une cartouche blanche de 4go.
Une vraie bonne surprise en tout cas. On critique souvent Capcom pour sa politique économique un peu limite (DLC à gogo, contenu amputé, Ace Attorney Investigations 2 non traduit ne serait-ce qu'en anglais...), mais à part peut-être du côté des scénaristes, il n'y a aucun de foutage de gueule ici. La campagne est longue, riche et rythmée, la réalisation respire le travail de qualité, les à-côtés sont sympathiques - globalement, on tient un grand jeu.