Resident Evil: Revelations
6.8
Resident Evil: Revelations

Jeu de Capcom (2012Nintendo 3DS)

Comme tout gamer suivant l'actualité vidéoludique, je subis régulièrement le matraquage marketing des prochains Resident Evil. D'un côté, Capcom vient de sortir le relooking du portage HD du remake NGC du premier opus de la série ; de l'autre, la firme peaufine la suite de Resident Evil Revelations. On sent que Capcom veut renouer avec les fans de la série après le four que fut l'épisode 6. Il n'est pas nécessaire de revenir sur Resident Evil HD, sur lequel tout a déjà été dit. Cependant, il est intéressant de se pencher sur la branche "survival horror" de la série, c'est à dire "Revelations".


Après tout, RER est une tentative de faire revenir les fans de la première heure. Cet opus se démarque beaucoup de RE6, qui est très similaire à RE5 en terme de level design, que les amateurs d'action apprécient. Et encore je suis très gentil. Et ce n'est pas un hasard si RER et RE6 sont sortis la même année (avec 10 mois de différence, certes), Capcom voulant satisfaire les deux camps et garder les deux publics. On sait tous ce qu'a donné le 6 (haha), mais beaucoup moins pour RER. Penchons-nous donc sur son cas.


Sorti début 2012, RER est dirigé par Koushi Nakanishi, producer des derniers spin-off de la série RE que l'on a déjà oublié, à savoir Mercenaries et Darkside Chronicles. Il a également travaillé à différents postes pour les Dino Crisis, le premier Onimusha, le remake NGC de RE, RE3, RE4 et RE5. Autant dire qu'il a du background. Il est épaulé par Masachika Kawata et Takayuki Hama, qui ont eux aussi travaillé sur les mêmes RE. Une équipe qui, sur le papier, a l'air de savoir bien faire les choses. Ensemble, et avec le reste de l'équipe, ils prennent le pari de lier l'horreur et l'action en un seul jeu, tout en essayant de se démarquer, du moins en partie, du travail supervisé par Mikami sur RE4. Il faut bien admettre que passer après Mikami, c'est pas chose facile, comme en témoignent les producers de RE5 et RE6 (Jun Takeuchi et Hiroyuki Kobayashi). Mais on va voir qu'ils s'en sortent bien mieux que leurs compatriotes capcomiens. Scénaristiquement, on suit deux aventures parallèles qui finiront par se rejoindre. On a d'un côté Jill Valentine et Parker et de l'autre, Chris Redfield et Jessica. La seconde équipe ne donne plus signe de vie au BSAA, du coup la première équipe est envoyée en mission pour les retrouver dans un navire abandonné. Pénétrez dans l'horreur et bonne chance.


Dès les premières secondes, on sent l'influence de RE4 dans la maniabilité et l'ambiance déjà pesante des premiers RE. Le navire tangue, il pleut, une faible lumière, première porte, première salle, on est déjà dedans. Un flashback comme tuto, on revient juste après dans le jeu. On retrouve les couloirs longs et fins, les salles dont les éléments de décors dessinent un chemin étroit et la faible liberté de mouvement . On se sent comme dans un manoir. Le bateau a une architecture tentaculaire sans pour autant devenir un labyrinthe. Et en plus on retrouve rapidement le système de clé, de quoi contenter les fans de la première heure. De l'autre côté, nos compères sont armés comme il se doit, récupérant des munitions, grenades et nouvelles armes au fur et à mesure de leur avancée dans le bateau. Ne pouvant en transporter que trois à la fois, les armes ramassées au cours du jeu sont directement stockées dans des coffres situés dans certaines salles de sauvegarde. Pas de marchand ni de système d'achat, on utilise des pièces d'armes récupérées sur le navire et que l'on associe à l'arme de son choix pour améliorer une des caractéristiques. Une idée pensée pour garder un juste milieu entre l'obtention d'un arsenal conséquent sur les jeux d'action et la contrainte balistique des survival. Bien que cet équilibrage reste efficace en soi, il est par contre en déphasage avec le level design.


L'armement du joueur est démesuré par rapport au nombre d'ennemis que l'on peut rencontrer. En effet, bien qu'il y ait un nombre d'ennemis conséquents à certains moments du jeu, cela ne justifie cependant pas la puissance aberrante de l'arsenal disponible. Dans les phases d'exploration, le joueur tombe en général nez à nez avec au maximum trois ennemis. Autant dire qu'arrivé à la moitié du jeu, armée d'une mitraillette et d'un fusil à pompe, l'ambiance pesante fonctionne moins bien . Du coup, le joueur pourrait se trouver dans une situation frustrante, quelque soit ses attentes : l'un se retrouve dépourvu de sensation d'angoisse en contrôlant un Rambo qui détruit tout sur son passage, l'autre à posséder un arsenal puissant alors qu'il ne rencontre que trois ennemies toutes les 5 minutes.


On notera la petite déception au sujet du bestiaire qui n'a pas réellement de sens et sur lequel Capcom ne donne pas d'explications. On a pour habitude de toujours avoir des mémos qui traînent un peu partout dans le jeu, expliquant la création des monstres. Oublions aussi vite les boss sans saveur et qui ne marqueront pas une seconde l'esprit des joueurs. Ils auront seulement le mérite de vous faire décharger vos armes, exception faite quand le jeu vous en fourni juste avant l'affrontement. Et terminons avec l'élément de gameplay qui pète tout le jeu : l'esquive. Vous pouvez quasiment tout esquiver, ce qui rend le jeu extrêmement facile.


Si techniquement le gameplay et le level design ont du mal à se rejoindre, l'atmosphère claustrophobique, combinant la peur de l'eau et l'environnement clos coupé du monde, fonctionne et crée un bon sentiment de malaise par moment. Il est soutenu par une qualité graphique détaillée et somptueuse au niveau des décors et des personnages. On sera ébloui devant certaines salles prouvant que la 3DS en a sous le capot. Le tout est régi par une sound design de qualité, avec des thèmes marquants se fondant bien avec l'ambiance.


Loin derrière les piliers de la série, RE Revelations ne doit pas non plus rougir de sa prestation osée. Certes, il ne satisfera pas tout le monde à cause de la symbiose technique entre gameplay et level design. Le sujet est intéressant mais mal maitrisé, malgré les efforts que Capcom a mis en œuvre pour produire un jeu correct. L'expérience est à tenter, bien qu'elle ne propose rien de réellement incroyable.

Foorb
6
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le 20 févr. 2015

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