Alors j'ai longtemps hésité entre le 7 et le 8, finalement opté pour le 7, eu égard à la "dernière scène" que j'ai trouvée plutôt décevante, mais c'est pas super représentatif, car le jeu oscille véritablement entre les deux en fonction du déroulement de l'histoire.
Risen nous propose d'incarner un naufragé fraichement débarqué sur une île inconnue, sans nom et sans passé, dans la continuité du style des Gothic. Pas de création de personnage, pas d'introduction, on vous lâche cash dans la mouise et à vous de vous démerder. On aime ou on n'aime pas. Perso j'adore. Pas de fioritures inutiles, on est direct mis au parfum, c'est la sainte merde, et à nous de nous débrouiller pour ne pas finir au menu de la faune locale, fort peu sympathique au demeurant.
D'entrée, et bien que le jeu commence petit à petit à dater, on est bluffé par la beauté des décors. Tout est criant de réalisme, l'impression de touffeur moite nous prend aux tripes, on se croirait vraiment paumé au beau milieu de la jungle des tropiques. Sans être révolutionnaire, on a grosso-modo le sentiment d'évoluer dans un paysage méditerranéen, l'identité visuelle de Risen est cependant très forte, tout au long de l'aventure on se surprend à admirer l'île, toute en vallées, montagnes, mers, forêts et marécages. Le bestiaire soigné (on ne rencontrera pas que les monstres habituels mais également une faune plus classique: loups, sangliers, piafs...), et leur IA particulièrement bien réglée, tout participe à l'immersion. Les quelques zones habitées ne sont d'ailleurs pas en reste, on vous laisse à découvrir une ville portuaire pleine de charme, un monastère à flanc de montagne de toute beauté, et un camp perdu dans les marécages à l'ambiance plus que convaincante. Bref, vous l'aurez compris, c'est beau, vraiment beau, et le cycle jour/nuit + système de météo ne sont pas en reste là-dessus.
La trame est divisée en quatre chapitres, les deux premiers laissant la part belle à l'exploration et aux quêtes secondaires, et les deux derniers centrés sur la quête principale (logiquement, vous aurez tout écumé ou presque dans la première partie du jeu, donc...). Le scénario sans être ultra original, disons-le même plutôt classique, est bien écrit, vous aurez à choisir entre 3 factions: les rebelles (guerrier/voleur), les inquisiteurs, et les moines (ces deux derniers étant donc un genre de sous division de la classe mage), l'une des particularités de la série (je rattache évidemment la bebête aux Gothic) étant de lier les classes aux factions, les interactions et les choix réalisés durant le scénario déterminant les aptitudes de votre personnage. On est loin de s'ennuyer, d'autant plus que la trame principale et les quêtes secondaires s'entremêlent avec brio, et on s'attache très vite à notre inconnu, tant l'implication dans la vie de l'île et l'évolution du monsieur nous intéressent. Petit bémol, le doublage français est franchement inégal, et va du très bon au très mauvais, ça casse un peu l'ambiance des fois mais bon ça reste supportable. De même, les dialogues ne sont absolument pas interactifs, on se contente de cliquer sur toutes les propositions jusqu'à épuisement, mais ça reste globalement accrocheur malgré tout.
***risque de léger SPOILER***
Bon vu comme ça, tout a l'air enchanteur, hélas, Risen n'est pas exempt d'un certain nombre de (parfois gros) défauts. En effet, si les deux premiers chapitres sont parfaits du point de vue rôliste, la deuxième partie se révèle beaucoup plus décevante, en gros c'est de la baston jusqu'à la fin, sans écriture particulière autre que les étapes pour aller jusqu'au boss final. Je passerai sur le fait qu'on passe aussi beaucoup de temps sous terre, ca peut être frustrant au vu de la magnificence des extérieurs, mais on s'y fait cependant, les temples souterrains ayant eux aussi un certain cachet.
*** *** ***
Et c'est là que j'en viens à ce qui est selon moins le véritable point noir du jeu, la gestion des combats (note: j'ai joué un guerrier, donc pas d'avis sur la version mage du héros). C'est franchement, mais FRANCHEMENT mal foutu, et si au début on s'en sort cahin caha, la suite (principalement constituée d'homme-lézards, un effort sur le bestiaire fantastique n'aurait pas été du luxe) devient vraiment relou, notamment du fait d'une parade super mal gérée, avec une seconde de retard à chaque fois, laissant l'opportunité pour l'attaquant de faire pleuvoir les coups sans que l'on puisse se défendre. Je vous ferai grâce de mes innombrables [recharge rapide], ponctuées d'hectolitres de potions de vie, à tel point qu'au milieu du troisième chapitre je suis passée en mode facile, tellement ça me gonflait. La difficulté des combats est appréciable en soi, mais la mauvaise gestion de notre avatar, ses aspects poussifs, tandis que la horde hurlante d'en face réagit au quart de tour, ça m'a bien reloutée, d'autant plus que pour un RPG c'est pas forcément la partie la plus passionnante à mon goût. (M'enfin j'avoue que j'ai un faible pour les RPG à gestion de groupe style Baldur's gate, l'aspect stratégique me branchant plus que la bête réactivité à la souris et au clavier...)
***SPOILER à propos de la fin***
Je passerai sur le boss final version arcade, franchement minable, torché en 5mn et qui nous laisse plus que sur notre faim, d'autant plus que le jeu s'arrête là après une (très) courte cinématique, sans possibilité de retourner dans le jeu. (d'un côté a priori on n'a plus rien à y faire donc...).
*** *** ***
Au final, Risen a l'étoffe d'un grand RPG, une réalisation superbe, une écriture remarquable au moins pour la première partie, malheureusement, la fin laisse plus que désirer, on passe en mode hack'n'slash et c'est fort dommage. On a quelque peu l'impression d'un potentiel gaspillé, bien que la durée de vie annoncée, entre 30 et 50h, soit plus que correcte (pour ma part je l'ai fini en une quarantaine d'heures).
Mais dans tous les cas, il reste un excellent jeu, et ca serait franchement dommage de passer à côté, car malgré ses défauts la balance reste plus que positive, et il se place clairement au dessus de la majorité de la production video-ludique actuelle du genre. Sans être un chef d'oeuvre, je le place malgré tout dans la catégorie des incontournables, d'autant plus que les perles y sont (hélas) plus que rares.
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