Mais, mais, mais, diantre...! Quoi, que fait donc ce vaniteux 10, flottant ainsi que l'auréole biblique au-dessus de ce bouquin, sympathique s'il en est, mais légendaire assurément pas. Coup de coeur, coup de tête? Certainement.
Croc-blanc est tout d'abord une invite au voyage, il commence dans la froidure immaculée de l'Alaska, pour nous mener jusqu'au soleil aveuglant de Californie. Une découverte des forêts silencieuses, pour mieux s'échouer dans la boue citadine. Un aller avec retour oscillant entre les ténèbres des bas-fonds et la pureté neigeuse. Un point de vue canin sur l'âme humaine, dénué de malice, réduit en premier lieu à un seul objectif: la survie quel qu'en soit le prix.
Sous ses dehors enchanteurs, il donne bien vite le ton: une mort pour une vie, ici le droit de respirer s'acquiert dans la lutte et le sang, page après page, et même les défunts ne méritent pas le repos sans l'avoir dûment arraché à ce "wild" terrible, dont la beauté n'a d'égale que l'inflexibilité.
Croc-blanc c'est aussi la peur, une plongée enivrante mais dangereuse dans l'inconnu, à travers les yeux neufs d'un louveteau sans défense, à travers les yeux de jack aussi, une rencontre entre la toute puissante nature et l'arrogance humaine, violente mais magnifique.
Et puis c'est ce mélange indéfinissable de naïveté et de cynisme que j'apprécie dans les bouquins de London, ce choc sans concession du blanc et du noir, ce mélange rugueux de cruauté grinçante et d'espoir enfantin. Cet apprentissage animal de l'amour, qui débute pourtant dans la haine.
J'aime ce livre pour les immensités sauvages qu'il nous donne à parcourir, pour le silence à peine troublé par la course des loups, pour la beauté simple de son propos. Et puis parce que j'aime bien les histoires de chiot, mea culpa. Un trésor.
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