Déjà pas un fan absolu de Risen premier du nom, je devais quand même lui concéder certains atouts. Du coup... bah Risen 2. On aurait pu espérer qu'ils corrigent les principaux défauts de Risen pour fournir un beau RPG... mais non.
Suite directe de Risen premier du nom, Dark Waters nous fait suivre le héros du premier épisode, qui est devenu un agent de l'Inquisition afin de combattre les fameux Titans réveillés suite aux événements du premier opus. Il va devoir en particulier s'attaquer à Mara, une déesse ou chai pas quoi qui fout le bordel parce qu'elle aime ça la salope. Et il va du coup s'associer au pirate Steelbeard et à sa fille, Patty, qu'il a déjà croisé dans Risen...
Donc on se retrouve propulsés dans l'univers de la piraterie PARCE QUE. Parce que c'est drôle, et puis c'est tout. D'ailleurs oui, le jeu est parfois très drôle, il faut bien le reconnaitre, notamment en ce qui concerne le personnage de Jaffar ou encore les possessions vaudou.
Mais à part ça, et le monde ouvert assez conséquent... y a pas grand chose à sauver, et c'est bien triste. Parce qu'il ne tenait pas à grand chose que Risen 2 soit un excellent jeu.
Une bonne illustration du souci, c'est les succès du jeu. Parce que oui, comme il est désormais habituel, le jeu se dote de succès, sur Steam mais aussi directement intégrés dans le jeu. Et une grande partie d'entre eux sont buggés. Par exemple, prenons le succès qui consiste à vaincre 10 crabes géants. En principe, ça devrait aller assez vite, ce sont les ennemis qu'on trouve sur toutes les plages du jeu, y en a partout. Ben vous vous rendrez compte que ça fonctionne pas. En farfouillant sur internet, j'ai découvert qu'en réalité il y avait un bug dans le comptage des succès, ainsi le compteur se remet à zéro chaque fois que l'on quitte le jeu. Il faut donc par exemple tuer 10 crabes géants en une session pour avoir le succès. Bon ça à la limite c'est faisable, le jeu est clairement pas fait pour ça (les monstres mettent très longtemps à réapparaitre) mais on peut se débrouiller... le truc c'est que ça le fait aussi pour des succès type "tuez 500 monstres". Tout de suite c'est plus problématique. Ces succès peuvent être obtenus en trichant (via des cheat codes pour faire apparaitre des monstres à la chaine par exemple)... mais certains succès étaient à cause de bugs tout bonnement impossibles à obtenir. Qu'a fait le studio ? Patché le jeu, me direz-vous ? Que nenni : les succès techniquement impossibles à obtenir ont purement et simplement été supprimés (alors que ceux accessibles via codes ont été laissés). Cela illustre bien l'esprit dans lequel a été pensé le projet... Mal fini, et on s'en fout. Je sais pas si le souci vient des développeurs, de l'éditeur ou que sais-je encore... mais on voit clairement que le confort du joueur est une donnée inintéressante.
Dans le même ordre d'idée, niveau optimisation, le jeu est calamiteux. Avec mon précédent ordinateur, assez décent au moment de la sortie de Risen 2, j'atteignais péniblement les 20 fps en réglant les paramètres vidéo au minimum et en faisant surchauffer mon pc. Pour un résultat affreux et injouable. Avec mon ordinateur actuel, je peux monter jusqu'à 40 fps en ultra, mais à nouveau ça surchauffe, ça ralentit par moments, et le résultat est très loin d'être fameux. Qu'un jeu de 2012 (moche pour l'époque de sa sortie) fasse surchauffer un pc de 2016, c'est un peu interpelant. Clairement, les développeurs n'ont pas essayé d'optimiser leur bébé. Notons d'ailleurs que Risen 2 utilise le même moteur et la même base de programmation que son grand-frère... qui était déjà pas top.
Du coup, le fonctionnement du combat n'a pas fort changé, si ce n'est qu'on peut désormais utiliser une touche d'arme secondaire au combat, qui peut être une arme à feu, un jet de sable, une noix de coco, un perroquet... le tout réuni sous l'arbre de compétences "tour pendable" (sauf les armes à feu qui ont leur propre set de skills). Autant dire que vous allez de nouveau vous exaspérer devant la raideur des affrontements. Mais c'est limite pire qu'avant, parce que dans Risen premier du nom, les mécanismes rigides de combat permettaient des affrontements tendus et requérant réflexes et discipline. Dans Risen 2, tout est brouillon dans les combats. La plupart du temps on vous demandera juste de bourrer dans le tas en espérant que ça passe, exit donc la courbe de progression tendue de son ainé. Cette raideur et cette maladresse se retrouvent dans les déplacements... mention spéciale aux corniches que vous pouvez escalader pour gravir des falaises. Certains endroits sont tellement mal faits que ça passe pas, et à moins que j'aie loupé quelque chose, c'est la foire aux os cassés de vouloir les redescendre.
Peu d'innovations donc, avec toujours le même système moyenâgeux de devoir acheter les compétences auprès de "maitres" dans les villes avec votre argent durement gagné. Les arbres de compétence sont très mal gérés : vous investissez votre "gloire" (points d'expérience) dans chacun de ceux proposés, ce qui augmente de 10 chaque sous-compétence de l'arbre (oui parce qu'on va pas vous laisser répartir vous-mêmes vos points, malheureux !), mais surtout permet d'acquérir les fameuses "techniques" dans les villes contre espèces sonnantes et trébuchantes... Mais la plupart n'ont qu'un impact négligeable sur le jeu. Ainsi il vous faut être au niveau 6 de "Lames" pour pouvoir acheter la capacité de forger des épées. Sauf que ça sert quasi à rien, il y a quelque chose comme trois épées "légendaires", dont une seule est suffisamment forte pour que ça vaille la peine. Pour le reste, vous pourrez forger et vendre des armes ordinaires, mais c'est pas non plus un bénéfice immense d'après ce que j'ai calculé, vu le peu de matières premières disponibles (notamment les soies des épées, je n'en ai trouvé que 11 dans la nature, le reste est à acheter, et les marchands ne sont pas non plus extrêmement fournis en la matière). Paradoxe, vu qu'a contrario vous récupérerez par dizaine d'autres ingrédients nécessaires à ces épées, comme par exemple les différentes pierres précieuses (oui, dans ce jeu on forge des épées de combat avec de l'or, des rubis ou des émeraudes, problem?).
Cette surabondance de matières précieuses est due à la quantité ridicule de coffres à déverrouiller que l'on trouve dans le jeu. Non pas que ça soit un problème, des coffres au trésor... mais la y en a n'importe où, tout le temps, pour rien, posés au coin d'une rue, au beau milieu de nulle part dans la forêt... mais à la limite ça on s'en fout. Mais le mini-jeu d'ouverture des coffres... god. Aussi inintéressant que pénible. Et vous ferez ça tout le temps, vu le nombre de coffres. Je suis sérieux, toutes les 5 minutes ou quelque chose comme ça, vous ouvrez un coffre. Et vous vous retapez ce mini-jeu chiant et désagréable.
Et que dire de ce combat final proprement navrant ? De ces quêtes buggées ?
Dommage, très dommage, parce que le jeu accumule plein de bonnes idées : de nouveau, un embranchement permet de choisir une spécialisation pour le personnage (vaudou ou fusil à baïonnettes) et certaines quêtes sont très drôles et bien suivies (la quête du conseil par exemple est assez inhabituelle et bien tapée). C'est le manque de finition qui tue ce jeu, à croire qu'il n'a pas été testé. Ou plutôt, à croire qu'il a été testé mais que l'on n'a appliqué que le minimum possible de correction, de manière à ce que le jeu soit finissable, point barre.
Une grosse déception, qui tient à un mépris évident du joueur, et c'est bien triste.