Il y a de quoi être un peu réticent au premier abord : l'univers paraît trop souvent grotesque là où il se voudrait satirique, la linéarité et le dirigisme de certains chapitres sont parfois frustrants tandis que ces différentes rencontres semblent trop souvent déconnectées entre elles (le joueur finissant rapidement par en apprendre bien plus sur le monde que les personnages rencontrés, sans jamais pouvoir leur communiquer véritablement toutes les informations à sa disposition). L'aspect aléatoire de la narration véhicule parfois ainsi une impression bizarre de retour à la case départ avec des protagonistes s'efforçant de répéter les mêmes problématiques qu'ils ont déjà communiqués au précédent fugueur, une heure auparavant.
Néanmoins, ce titre se révèle assez captivant sur le long terme, notamment dans la manière dont cette nation fictive évolue progressivement en fonction de nos décisions et des protagonistes que nous aurons croisés durant notre périple. La diversité des chapitres est à ce titre vraiment appréciable; chaque séquence parvenant à se démarquer, même de manière minime, des péripéties précédentes même lorsque le joueur croit avoir cerner les enjeux de la scène. Nul doute qu'avec une écriture un peu plus fine et une caricature moins grossière, ce titre aurait été capable de transcender ses thématiques politiques, pas toujours sublimées par une mise en scène un peu dépassée durant certaines séquences dramatiques. Il n'en reste pas moins un Walking Simulator atypique, davantage pour l'attachement qu'il parvient à susciter et l'implication indirecte du joueur dans les événements à grande échelle du jeu que sa narration fragmentée et procédurale assez perfectible.