Si la crise devient mondiale je quitte le pays !

Road 96 est un jeu narratif en vue à la première personne. Une partie complète consiste à incarner consécutivement 7 adolescents qui cherchent à atteindre la frontière pour fuir le pays fictif-et-largement-dictatorial de Petria.

Le contexte est le suivant : de nouvelles élections approchent, dans un climat insurrectionnel (et par corollaire sécuritaire) qui succèdent à celles, 10 ans plus tôt, marquées par un attentat raté contre le dictateur-président-à-vie Tyrak.


D'un point de vue technique la représentation cartoon est assez inégale, avec des choses parfois convaincantes et d'autres nettement moins et surtout, du moins en ce qui me concerne, la capacité de susciter la nausée en quelques minutes, comme un authentique FPS de 96 !

Une légère maladresse : les propositions d'actions / dialogues flottent autour des objets concernés et j'ai souvent sélectionné une ligne par erreur en dialoguant avec un personnage en train de se déplacer.


Le jeu met en avant la génération procédurale de chaque run. N'ayant joué qu'une partie et demi ça pourrait aussi bien être scripté pour ce que j'en ai vu... et surtout le jeu ne m'a donné ni l'impression qu'une nouvelle partie serait radicalement différente ni l'envie de le rejouer. Je comprends l'idée mais en l'état je pense qu'il serait problement meilleur en étant scripté.

En particulier il en résulte que chaque rencontre semble indépendante et, les quelques fois où j'ai rencontré à deux reprises le même protagoniste dans un run, il n'avait clairement pas souvenir de la première rencontre. De même une rencontre ne m'a jamais ouvert un choix pertinent dans une rencontre ultérieure eut égard à ce que je pouvais avoir appris. Je parle évidemment de situations où j'incarnais un même fugeur. C'est assez décevant de ce point de vue.


L'écriture par elle-même repose sur une galerie de personnages récurrents, stéréotypés et outranciers, et la découverte des relations qu'ils entretiennent avec l'histoire. C'est assez drôle mais le dispositif montre ses limites quand il s'agit de passer aux choses sérieuses.

Malgré le fond politique Road 96 apparaît très (trop) superficiel. Petria reste un décor et le jeu ne nous en dévoile pas grand chose, quitte à nous laisser avec des éléments assez contradictoires en apparence sur la nature réelle du régime.


J'ai apprécié le côté road-trip et le fait de jouer l'aventure en plusieurs séquences, et pris plaisir à attribuer une personnalité à chacun(e) de mes fugueurs. Mais le jeu donne l'impression d'avoir tout dit après une unique boucle et le gameplay comme la narration manquent de profondeur.

Pour considérer un titre qui me semble assez similaire par certains aspects (une narration qui repose sur des rencontres de hasard) j'ai nettement préféré la finesse d'écriture d'un Night Call, pour comparer avec un autre jeu français sorti à peu près à la même époque, et qui a pourtant lui aussi ses lacunes ludiques et narratives.


bunnypookah
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le 19 juil. 2022

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bunnypookah

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