Road 96 propose de réinventer le format Telltale de jeux à choix pour y intégrer des mécaniques de rogue-like. Le jeu se présente donc comme procédural, où chaque partie est unique, ce qui paraît alléchant.

A chacun de vos "runs", vous incarnez un adolescent qui tente de traverser la frontière pour quitter Petria, état dirigé par le président aux penchants dictatoriaux, Tyrak (caricature peu subtile des USA et de Trump).


Une des grosse faiblesse de Road 96 est la rigidité du jeu : pour chaque chapitre, des choix se présentent à vous et sont en général des faux-choix : impossible de désobéir.

Par exemple, on vous embauche pour filmer un ministre et influencer le vote en faveur de son parti. Vous vous occupez de la mission de la manière la plus médiocre possible, en le faisant huer, et on vous remercie quand même en vous donnant de l'argent à la fin de votre mission.

De plus, l'idée de génération procédurale est plus une tare qu'une qualité. En effet, les épisodes sont strictement les mêmes d'un joueur à l'autre mais se présentent dans un ordre aléatoire. Ceci oblige les personnages à se répéter à chaque épisode pour vous faire comprendre l'intrigue, puisque les développeurs ne savent pas d'avance par quel chapitre votre aventure commencera...Donc plutôt que d'avoir une histoire qui commence par une mise en contexte puis se développe progressivement, chaque épisode, chaque rencontre est une remise en contexte permanente et l'histoire stagne en surface.

Un autre souci : les personnages sont extrêmement caricaturaux et parfois énervants. Par exemple Alex, petit génie geek de 14 ans, Zoé adolescente rebelle, bohème en Dr. Martens...Tous les traits des personnages comme de la présentation politique de la situation sont simplifiés et grossis pour éradiquer toute nuance. C'est un parti pris qui peut-être intéressant lorsqu'il est bien réalisé, ici ce n'est pas le cas.

On regrettera aussi l'impact des choix vraiment minimes dans l'histoire à part quelques cinématiques de fin, ce qui ne motive pas à faire plusieurs run. J'ai quand même eu le courage d'en faire deux par curiosité mais j'ai été déçu.

Le jeu est malgré tout sauvé par une belle direction artistique low-poly aux couleurs automnales rappelant Firewatch, et par la découverte progressive de l'histoire.

En somme Road 96 est un jeu trop ambitieux qui aurait du faire preuve de sincérité plutôt que de prétendre être ce qu'il n'est pas.

emmanuelbyd
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le 26 août 2024

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emmanuelbyd

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