Qu’il m’en aura fallu du temps pour terminer ce jeu. Débuté une première fois peu de temps après sa sortie, je me suis arrêté à la moitié du jeu. Recommencé il y a 3 ans, je suis arrivé jusqu’à l’avant-dernier chapitre. Et enfin, aujourd’hui, j’en ai vu le bout. Le fait d’avoir dû le retenter aussi souvent aurait dû être un signe de ne pas insister, mais les critiques m’ont à chaque fois persuadé du contraire. Salopards de critiques.


Runaway : A Road Adventure marque en 2003 le retour du jeu d’aventure à la Monkey Island. J’ai déjà évoqué dans une précédente critique comment la famine vidéoludique peut rendre moins exigeant. J’ai l’impression que c’est typiquement ce genre de cas avec Runaway. Après tout, ce n’est pas forcément un mal si cela permet de repopulariser un genre qui tendait à disparaître. Alors soyons reconnaissants envers Pendulo Studios pour ça et fustigeons-les pour le reste.


Du côté des points positifs, notons les graphismes très agréables et un casting de choix pour le doublage de la version française. Bien, voilà qui est fait. Allez, n’exagérons rien, certains chapitres sont sympathiques et se parcourent sans trop se forcer.


Pour le reste, le problème majeur c’est le classicisme dont fait preuve Runaway. Prendre une formule existante est une chose mais s’appuyer lourdement dessus jusqu’à l’étouffer en est une autre. Les différents personnages, les lieux, les actions à réaliser, tout est orienté pour faire de Runaway un jeu drôle. Malheureusement, ça passe tellement souvent à côté que cela en devient déprimant. Et pénible surtout. En plus de l’écriture assez moyenne, le rythme même du jeu y est pour beaucoup. Attendre 3 secondes avant d’avoir la réplique de l’interlocuteur ou même son attention est extrêmement désagréable et empêche de s’immerger dans l’histoire. Le doublage, bien que bon, n’évite malheureusement pas cet aspect de Runaway et on se retrouve assez rapidement à cliquer pour enchaîner les répliques de peur de mourir d’ennui.


Ce problème de rythme se retrouve aussi dans le gameplay. L’impossibilité de ramasser un objet que l’on sait utile pour la suite des opérations (ils le sont tous de toute façon) tant que le héros n’a pas compris qu’il allait en avoir besoin est un bon exemple. Pire, il faut régulièrement revenir fouiller des sacs ou placards pour pouvoir récupérer de nouveaux objets nécessaires à la progression. On se retrouve à faire des aller-retours avec un personnage se déplaçant à la vitesse d’une tortue arthritique. Je crois bien que c’est ça qui à chaque fois m’a empêché d’avancer plus loin dans le jeu.


L’histoire du jeu de Pendulo Studios ne brille pas particulièrement. Déjà parce que Brian, le héros, est un peu agaçant. Surtout parce que, malgré quelques twists, elle n’est pas fameuse. Les concepteurs ont voulu faire un scénario très hollywoodien mais la vitesse du jeu ne s’y prête pas. Quand bien même, l’enchaînement des événements ressemble à un pot-pourri de toutes les idées déjà utilisées dans le cinéma mais en s’asseyant sur la cohérence de l’univers établi par le jeu. Du coup, on peine à s’intéresser à ce qui se passe et on soupire (ou rigole) très fort devant les explications données pour justifier l’évolution de la trame scénaristique.


Les puzzles, l’essence même des jeux d’aventure, sont de qualité très variable. La première moitié du jeu étant bien meilleure que la seconde. Le troisième chapitre est d’ailleurs certainement le plus chouette. Il y a plein de petites choses à mettre en place pour résoudre un gros problème. C’est plutôt bien fait et assez surprenant par rapport au reste du titre. Par contre les deux derniers segments de Runaway sont lamentables. Il n’y a quasiment rien à faire à part des aller-retours entre les différents personnages pour faire avancer la situation. Bordel, que c’était chiant.


On sent que les développeurs avaient à cœur de faire revivre le jeu d’aventure. Et le pire, c’est qu’ils ont en partie réussi puisque le genre connaît un regain de popularité ces dernières années. Mais Runaway ne laissera pas un souvenir impérissable. Plombé par un rythme haché et une histoire qui peine à intéresser, il est maintenant difficile de conseiller ce jeu tant il y a mieux ailleurs. La famine je vous disais, la famine.

Pitrobot
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le 27 avr. 2014

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